Dossier : Tous les chemins mènent aux Roms (4/4)

Le point de vue de la presse hongroise : Sarkozy et la stratégie Berlusconi

En Hongrie fin juillet, le journal HVG n’avait déja pas hésité à faire des mesures prises à l’encontre des Roms en France l’un des titres phare de son numéro, en les rapprochant de la politique anti-Roms suivie par Silvio Berlusconi depuis quelques années. En titrant “Sarkozy a craqué”, l’hebdomadaire sous-entendait que l’atout sécurité – communication du président français commençait à se transformer en faille. D’autant qu’en plus de l’affaire Woerth-Bettencourt, Nicolas Sarkozy devait faire face à une chute libre sans précédent pour un président de sa côte de popularité. Entre faire profil bas ou en rajouter, il a choisi la deuxième option, qui l’a certes bien aidé à faire parler de lui, mais qui l’a aussi discrédité sérieusement sur le plan international.

La comparaison faite par HVG avec Berlusconi n’était pas anodine, puisque ce dernier avait dû lever le pied de l’accélérateur à expulsions concernant les Roumains et les Bulgares. De nombreuses associations de défense des Droits de l’Homme s’étaient dressées contre lui à ce moment-là et avaient eu raison, dans une certaine mesure, de son coup de filet arbitraire. HVG a alors rapporté qu’en 2008, l’Italie relevait systématiquement les empreintes de tous les Roms… Depuis, ce ne sont que ceux qui n’ont pas de titre de séjour qui en font l’objet.

La danger de l’analogie, c’est qu’en Italie, aux alentours de villes comme Rome ou Naples, certains citoyens italiens ont eux-mêmes voulu résoudre le “problème rom”, comme l’ont fait certains extrémistes hongrois en 2008 – 2009. A Rome justement, le démantèlement de plus d’une centaine de camps de roms l’an dernier a déplacé plus de 6000 personnes autour de la ville. Amnesty International a immédiatement réagi, en entamant une procédure pour arreter l’exode urbaine, car cela n’aurait fait qu’augmenter leur precarité (au moins 1000 personnes seraient encore sans abris, et une grande partie d’entre eux ont bien entendu perdu leur travail légal). Depuis mai 2008, à Ponticelli (banlieue de Naples), plusieurs maisons et camps de roms ont fait l’objet d’agressions aux cocktails molotov car une fille de la communauté aurait tenté d’enlever un bébé, et parce qu’un tsigane de Roumanie avait commis un crime crapuleux.

Selon HVG enfin, la démesure de la politique du gouvernement Sarkozy (accessoirement gouvernement Fillon) suite au fait divers de Saint-Aignan aura au moins le mérite d’attirer un peu plus l’attention de l’UE sur le cas des Roms sur le continent et de la forcer à la création d’un programme commun.

Source :

Article d’HVG

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