L’ex-premier ministre centriste et président du Conseil européen a fait savoir aujourd’hui qu’il renonçait à défier le national-conservateur Andrzej Duda à l’élection présidentielle polonaise de mai 2020.
« Je soutiendrai fermement l’opposition, mais je ne me présenterai pas à l’élection présidentielle ». Donald Tusk a annoncé ce mardi qu’il renonçait à briguer l’investiture suprême dans son pays, la Pologne.
« Après mûre réflexion, j’ai décidé de ne pas me présenter (…). J’annonce cette décision aujourd’hui parce que le temps presse. Et je ne voudrais en aucun cas entraver l’opposition dans le processus de sélection des candidats », a précisé celui qui a longtemps été présenté comme l’homme providentiel de l’opposition pour défier le président sortant Andrzej Duda (Droit et justice, PiS) en mai 2020.
Face à des journalistes européens réunis à Bruxelles, le président du Conseil européen – dont le mandat s’achève le 1er décembre – a estimé que l’opposition polonaise « pouvait gagner l’élection présidentielle », malgré son échec retentissant aux dernières élections législatives. « Mais il faut pour cela un candidat qui ne soit pas accablé par des décisions difficiles et impopulaires », a-t-il analysé. « Me concernant, j’ai ce passif là depuis que j’ai été premier ministre », a rappelé celui qui a dirigé le gouvernement polonais entre 2007 et 2014.
Comme le confirme une enquête Ipsos publiée par OKO.Press, si la candidature de Donald Tusk était l’espoir naturel d’une coalition de centre-droit face au national-conservateur Andrzej Duda, le chemin menant l’ancien premier ministre au palais présidentiel aurait été très cahoteux. D’après les résultats dévoilés aujourd’hui, 44% de l’opinion publique polonaise a déclaré « être sûre de ne pas voter » pour M. Dusk en mai prochain.
« Il aurait été un excellent président de la République »
« En raison de son expérience et de ses contacts internationaux, il aurait été un excellent président de la République de Pologne », a tweeté la président du parti centriste Nowoczesna, Katarzyna Lubnauer. « Malheureusement, son bilan politique était polarisant, ce qui en faisait aussi le pire candidat », a-t-elle poursuivi.
Quant au président de la Plateforme civique (PO), dont est issu Donald Tusk, il avait déjà évoqué publiquement la possibilité d’un désistement de l’ex-premier ministre. « S’il décide de se présenter à la présidence, je ne pense pas qu’il y aura un candidat qui s’opposera à lui », avait ainsi déclaré Grzegorz Schetyna à Polsat News le 30 octobre dernier.
La clarification survenue aujourd’hui devrait déclencher un processus de primaires internes au parti, selon le quotidien Gazeta Wyborcza. Les noms de M. Schetyna et de Małgorzata Kidawa-Błońska sont régulièrement évoqués comme des candidats possibles à l’investiture.
Quant à Donald Tusk, il avait déjà fait savoir le 18 octobre dernier qu’il préparait activement son atterrissage à la présidence du Parti populaire européen (PPE), la grande formation conservatrice qui domine la vie politique européenne.
D’après la Constitution, le président de la République de Pologne est élu pour cinq ans au scrutin uninominal majoritaire à deux tours par les citoyens polonais. Il ne dispose pas de pouvoirs étendus, contrairement au président du Conseil des ministres. Le chef de l’État peut néanmoins s’opposer à une loi en imposant son droit de veto législatif qui ne peut être levé par la Chambre basse qu’à la majorité qualifiée des trois cinquièmes.