Le pape François a finalement rencontré brièvement Viktor Orbán en marge du Congrès eucharistique, puis a prononcé une messe sur la Place des Héros, ne faisant qu’une allusion voilée à la politique xénophobe du gouvernement hongrois.

Le Congrès eucharistique international s’est achevé à Budapest ce dimanche, avec le départ du pape vers la Slovaquie, après une demi-journée passée en terre magyare.
L’avion de la compagnie Alitalia transportant le pape François s’est posé sur le tarmac de l’aéroport Ferenc Liszt aux alentours de 8 heures dimanche matin. L’archevêque catholique de 84 ans a été accueilli sur la piste par Zsolt Semjén, président du Parti populaire chrétien-démocrate (KDNP), puis par le cardinal Péter Erdő, chef de l’Église catholique hongroise.
Eduárd Habsburg, écrivain et scénariste germano-hongrois, et ambassadeur de Hongrie auprès du Saint-Siège au Vatican et de l’Ordre de Malte, a partagé sur les réseaux sociaux une blague que lui a adressé François à son arrivée. « Pourquoi parlerons-nous hongrois au paradis ? Parce qu’il faut une éternité pour apprendre ! »
Un long cortège s’est mis en route pour le Musée des Beaux-Arts, là où le pape a donné ses audiences, d’abord avec les représentants du gouvernement hongrois, puis avec les chefs religieux, et enfin avec l’épiscopat hongrois.
Que sait-on de la courte rencontre de trente minutes entre le souverain pontife et le premier ministre Viktor Orbán (accompagné du président János Áder) ? Bien peu de choses puisque les deux hommes, aux positions diamétralement opposées sur la question de la migration et des frontières, ne se sont rencontrés qu’à huis-clos.
La télévision publique a retransmis les rencontres du pape au musée des Beaux-Arts avec les chefs religieux, mais pas celle avec Viktor Orbán. Le huis-clos a vraisemblablement été imposé par le Vatican, le pape s’étant montré rétif à l’idée de s’afficher publiquement avec lui.
L’agence de presse hongroise MTI et l’agence AFP ont diffusé quelques photos.

Tout juste sait-on que, de Viktor Orban lui-même, que ce dernier lui a adressé ce message : « J’ai demandé au pape de ne pas laisser périr la Chrétienté hongroise ».
« Ne voyons pas un ennemi l’un dans l’autre, mais un frère. Les murs entre eux doivent être abattus », a adressé le pape aux chefs religieux. Il a également attiré l’attention sur les dangers de l’antisémitisme. « Nous devons travailler ensemble pour que les vagues de haine n’emportent pas les bonnes relations […] Je pense au danger de l’antisémitisme, qui guette encore ici en Europe et ailleurs ».
François a ensuite fait une descente de l’avenue Dózsa György et une montée de l’avenue Andrássy en papamobile, le cardinal hongrois Péter Erdő à l’arrière, acclamé par la foule massée le long du parcours.
La messe sur la Place des Héros baignée d’un soleil estival a duré près de deux heures. Toute éventuelle critique de la politique xénophobe du gouvernement hongrois était scrutée mais, comme le note l’hebdomadaire HVG, « le pape s’est montré gentil avec les catholiques hongrois ».
Le journal souligne que le pape François n’a pas fait de déclarations explicitement politiques, ni mentionné le sort des migrants, exilés et demandeurs d’asile et qu’il n’a adressé aux Hongrois « qu’un gentil message ».
Le pape François a toutefois souhaité que les Hongrois soient à la fois « ancrés et ouverts, enracinés et respectueux des autres ».
Toutefois, selon François, la différence n’est pas entre qui est religieux et qui ne l’est pas. « La différence cruciale est entre le vrai Dieu et le dieu de notre moi », note-t-il. « Combien celui qui règne en silence sur la croix est loin du faux dieu que nous voudrions voir régner par la force et réduire nos ennemis au silence », s’est exclamé le Pape