C’est la nouvelle saillie conspirationniste du régime hongrois, qui a embrassé la théorie d’extrême-droite du « grand remplacement » comme aucun autre gouvernement dans le monde.

La nouvelle campagne de propagande du gouvernement de Viktor Orbán se déploie peu à peu en Hongrie. Sur les désormais traditionnelles affiches bleues, l’on peut voir le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, sous des traits fort peu avantageux, l’air mauvais et ricaneur. Légèrement en arrière-plan se trouve la bête noire du régime, le milliardaire philanthrope George Soros. « Vous aussi, vous avez le droit de connaître ce que prépare Bruxelles », proclame l’affiche, qui explicite : « Ils veulent imposer les quota de migrants. Ils veulent affaiblir le droit des États membres à défendre leurs frontières. Ils veulent faciliter l’immigration avec des visas pour les migrants ».
Pour les passants, qui ont déjà vu défiler ces dernières années nombre de slogans et d’images hostiles aux migrants, à l’Union européenne et à George Soros, le message est limpide : la Commission européenne est aux mains du milliardaire George Soros qui œuvre à inonder la Hongrie et l’Europe de migrants.
C’est sur sa page facebook que le Fidesz a lancé les hostilités cette semaine, en dévoilant sa nouvelle affiche accompagnée de ce message : « Tout le monde a le droit de connaître les propositions actuelles qui mettent fondamentalement en danger la sécurité de la Hongrie ».
La Commission réagit du tac-au-tac
« Fake news », « désinformation », s’est offusquée la Commission européenne, par la voix de sa porte-parole Natasha Bertaud. « Il est choquant qu’une théorie du complot aussi ridicule ait atteint cet échelon politique », a-t-elle déclaré. La Commission a répliqué sur le même mode : « Les Hongrois méritent des faits, pas de la fiction : Il n’y a pas de « ils », seulement l’Union européenne, avec la Hongrie à la table ; L’UE soutient la protection des frontières nationales, elle ne les affaiblit pas ; Il n’y a aucun plan pour des « visas humanitaires ». Les États membres décident à quel degré ils acceptent la migration légale. »
Plus surprenant encore est la réaction de Joseph Daul, le président du groupe du Parti Populaire européen, considéré comme l’ange gardien d’un Viktor Orbán de plus en plus décrié dans le grand parti de la droite européenne. Celui-ci a dénoncé « les attaques et les complots sans fondement de la part de la Hongrie » et « la diffamation du président » de la Commission européenne, qu’il a qualifié de « véritable démocrate-chrétien et de véritable dirigeant européen ».
I strongly denounce #Hungary‘s attacks & baseless conspiracies against President @JunckerEU, who is a true Christian Democrat & a real European leader. A leader, who fought for #European unity, solidarity & prosperity that all EU, including Hungary, greatly benefited from. 2/3
— Joseph Daul (@JosephDaul) 19 février 2019
Encore plus significatif, ces tweets de Joseph Daul ont été repris par Manfred Weber, le chef du PPE au parlement européen et candidat à la succession de Jean-Claude Juncker, avec le soutien de Viktor Orbán. « Le Fidesz n’a plus sa place au Parti populaire européen », aurait déclaré Jean-Claude Juncker, selon l’hebdomadaire « HVG ». Si le « Spitzenkandidat » fait preuve de cohérence, il sait donc ce qu’il lui reste à faire…