Le nombre de migrants qui tentent d’entrer dans l’Union européenne en empruntant la « Route des Balkans » est en constante augmentation ces dernières semaines.
Sur les trois jours du dernier week-end de l’année 2019, la police hongroise est intervenue contre plusieurs centaines de migrants qui tentaient ou étaient entrés illégalement en Hongrie, pour les expulser de l’autre côté de la clôture de barbelés, en Serbie. 39 personnes ont aussi été arrêtées le long des frontières roumaine et croate. Dans la seule journée du mercredi 1er janvier, la police du département méridional de Bács-Kiskun a annoncé avoir intercepté puis ramener de l’autre côté de la frontière hungaro-serbe 147 personnes.
Ces données confirment le regain d’activité observé au cours des dernières semaines aux frontières externes de l’Union européenne. La police hongroise a intercepté 1019 immigrants clandestins la semaine du 16 décembre et 884 la semaine du 23 décembre. (Source : police.hu) György Bakondi, le conseiller à la sécurité intérieure du Premier ministre Viktor Orbán, a déclaré lundi lors d’une conférence de presse que 15 573 personnes avaient tenté d’entrer illégalement en Hongrie sur l’ensemble de l’année 2019, contre 6 000 en 2018.
Les données de l’agence de protection des frontières européennes, Frontex, indiquent également un renforcement du flux migratoire en provenance du Moyen-Orient et d’Asie centrale via la Turquie et les Balkans. Les routes traditionnelles qui traversent la Méditerranée occidentale et centrale ont diminué en importance, remplacées par la route de la Méditerranée orientale qui traverse la Grèce et la Turquie. Frontex précise que les Afghans comptent pour la moitié des tentatives d’entrée clandestine dans l’Union européenne.
La Bosnie, un cul-de-sac
L’ONG « Médecins sans frontières » alerte sur la crise humanitaire qui pointe en Bosnie-Herzégovine, où plusieurs milliers de personnes se trouvent livrées à elles-mêmes dans les difficiles conditions hivernales des montagnes bosniennes. Coincés dans ce cul-de-sac, les migrants qui passent en Croatie subissent les expulsions violentes de la part de la police croate, rapportent MSF et les médias « Le Monde » et le « Le Courrier des Balkans ».
Cette situation humanitaire difficile dans les Balkans et les difficultés croissantes de pénétrer illégalement dans l’Union au niveau de la Croatie expliquent sans doute en partie la hausse des tentatives de passage par la Hongrie, malgré son dispositif sécuritaire dissuasif. Le bouclage de sa frontière « verte » le long de la Serbie au plus fort de la crise migratoire, le 15 septembre 2015, avait eu pour effet de dévier le flux plus au sud et les principales routes passent depuis par la région des Balkans.
2020 = 2015 ?
Les flux enregistrés dans le sud-est européen et jusqu’aux frontières hongroises sont toutefois sans commune mesure avec ceux de 2015, année où des centaines de milliers de personnes avaient rejoint l’Europe du Nord et occidentale. « Alors que le camp de la gauche libérale a passé la majeure partie de l’année à minimiser l’importance du défi migratoire, des signes suggèrent que 2020 pourrait devenir la prochaine 2015 », écrit toutefois sur son blog le porte-parole du gouvernement hongrois, Zoltán Kovács.
Viktor Orbán a également averti fin décembre sur la hausse de la pression migratoire et estimé que si la Hongrie n’avait pas construit sa barrière frontalière « le pays serait à nouveau inondé par des masses de migrants ». « Pendant ce temps, Bruxelles attaque constamment les règles de protection des frontières de la Hongrie et n’envoie pas un seul centime » pour contribuer aux coûts de la protection des frontières hongroises, a-t-il aussi affirmé. Signe que le Fidesz entend maintenir la question migratoire tout en haut de son agenda politique cette année.