Dans les hôpitaux hongrois, les unités de soins intensifs arrivent à saturation

Plus de mille malades du Covid-19 se trouvent dans les services de réanimation en Hongrie. Frappés par une troisième « vague » plus violente que celle de l’automne, les hôpitaux hongrois sont mis à très rude épreuve.

Bravache, le Premier ministre Viktor Orbán a balayé l’idée de faire appel à l’aide d’autres pays européens pour prendre en charge le nombre de malades qui augmente en flèche dans les hôpitaux. Si aide il devait y avoir, c’est la Hongrie qui ira l’apporter à l’étranger, a-t-il flambé dimanche matin lors d’une émission diffusée par la radio Kossuth.

Pourtant, la Hongrie compte actuellement parmi les pays les plus durement touchés par l’épidémie de Covid-19 en Europe, aux côtés de la Tchéquie et de la Slovaquie. De dimanche à lundi, 7 706 des 27 472 tests effectués se sont avérés positifs, portant le nombre de malades actifs à 152 296, et 131 patients sont décédés, portant le nombre total de victimes du coronavirus à 17 083.

C’est l’afflux dans les hôpitaux qui inquiète. 9 300 personnes souffrant du Covid-19 se trouvent hospitalisées, et au rythme où progresse l’épidémie, ce nombre dépassera les 10 000 en cours de semaine. Cette troisième « vague » épidémique, portée à 80-90 % par le « variant britannique » selon le médecin en chef Cécilia Müller, est d’ores et déjà plus violente que la seconde qui a atteint la Hongrie en novembre-décembre 2020.

Le nombre de patients dans les unités de soins intensifs n’est pas divulgué par le gouvernement, qui entretient une forte opacité de ces données publiques. L’on sait toutefois que 1 008 malades sont placés sous assistance respiratoire. Là encore, c’est nettement plus que les 674 enregistrés au plus fort du pic de l’automne.

Les hôpitaux vont-ils pouvoir traiter tous les patients ? Béla Merkely, le recteur de l’Université de médecine de Budapest (l’Université Semmelweis), avait fait savoir au mois de décembre que la Hongrie a la capacité de soigner simultanément ET dans de bonnes conditions un millier de patients en soins intensifs. Le seuil semble donc déjà dépassé.

Interrogé par 24.hu, l’expert de la Santé Gabriella Lantos, souligne que la qualité des soins est le maître-mot en matière de mortalité dans les services de soins intensifs. D’après son expertise, la Hongrie peut prodiguer de tels soins à 800-1200 patients sous respiration artificielle. Ce n’est ni le nombre de lits ni le nombre d’appareils respiratoires qui font défaut, mais la pénurie de personnel soignant qualifié pour les soins intensifs.

Le patient amené par l’ambulance obtiendra un lit, même dans le service de covid, peut-être un masque à oxygène, mais ne sera peut-être pas transféré vers l’unité de soins intensifs à temps, faute de personnel pour le prendre en charge. – Gabriella Lantos.

Gabriella Lantos estime à environ 1 800 le nombre d’infirmier(ères) en soins intensifs, soit 600 par tranche de 8h. Des soins de qualité optimale requièrent un infirmier pour deux patients, mais si ce nombre dépasse trois ou même quatre, la qualité des soins se détériore à tel point qu’elle est susceptible d’entraîner une surmortalité significative, explique Gabriella Lantos.

Très concrètement, cela se traduira ainsi, détaille l’experte : le patient amené par l’ambulance obtiendra un lit, même dans le service de covid, peut-être un masque à oxygène, mais ne sera peut-être pas transféré vers l’unité de soins intensifs à temps, faute de personnel pour le prendre en charge. « Par conséquent, vous ne recevrez pas les soins intensifs de haute qualité qui vous donneraient une meilleure chance d’être sauvé. »

Les hôpitaux des grandes villes et a fortiori de Budapest sont mieux armés, tandis que les petites structures sont plus affectées par la pénurie de personnel qualifié, tel que l’hôpital de Balassagyarmat qui se trouve actuellement en grande difficulté.

L’effet des restrictions entrées en vigueur au 8 mars (la fermeture des écoles) devrait se faire sentir autour de Pâques et d’ici là la pression devrait aller croissant sur le système hospitalier.

Photo d’illustration : MTI / Árvai Károly

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