Ce week-end, des milliers d’ornithologues amateurs effectuent le grand recensement annuel des rapaces dans le bassin des Carpates, et notamment du précieux aigle impérial, dont la population se porte de mieux en mieux !
En janvier, il fait froid et le brouillard est souvent de la partie et ce week-end de recensement ne déroge pas à la règle. Mais malgré la mauvaise visibilité, c’est le meilleur moment de l’année pour effectuer le comptage des nombreux rapaces qui peuplent les plaines du bassin des Carpates. Sur les arbres dénudés, il est plus facile de repérer les sites de nidification, explique Márton Árvay, de la Société hongroise d’ornithologie et de conservation de la nature, la MME (Magyar Madártani és Természetvédelmi Egyesület).
Avec son équipe de bénévoles, Márton Árvay évolue dans la région de Jászberény, une cinquantaine de kilomètres à l’est de la capitale, dans un brouillard et des paysages qui feraient le délice du cinéaste Béla Tarr, considère Telex, le média qui a suivi les ornithologues.
Du 14 au 16 janvier 2022, la MME organise donc le 19e recensement national des aigles en collaboration avec les directions des parcs nationaux et d’autres ONG de conservation de la nature, afin de surveiller la population hivernante de rapaces en Hongrie.
MME et ses partenaires réalisent ce recensement depuis 2004, mais le projet ne s’arrête plus aux frontières de la Hongrie. Dans le cadre du projet PannonEagle LIFE, financé par l’Union européenne, des collègues des pays voisins participent également au recensement depuis 2018.

« Aujourd’hui, à peu près tout le bassin des Carpates est couvert par ce recensement dit « synchronisé » de l’aigle, et à notre initiative, les rapaces sont également comptés dans les pays riverains ce week-end », explique Márton Árvay.
Interrogé par Telex, Tibor Juhász, le gardien de la conservation de la nature du parc national d’Hortobágy, détaille sur une carte satellite les itinéraires de déplacement des petites équipes d’observation, qui se déploieront à partir de sept heures du matin, coordonnés par Eagle Center de Jászberény. Les ornithologues, professionnels ou amateurs, parcourront 10 à 20 kilomètres, équipés de jumelles et de téléobjectifs.
Ils « spotteront » des Pygargues à queue blanche, nombreux car à la population hongroise non-migratrice s’ajoute les individus migrant du nord de l’Europe, et même quelques aigles criards et aigles royaux.
Dans les années 1980, on ne dénombrait plus qu’une vingtaine de couples.
La Hongrie, refuge de l’aigle impérial
Mais c’est l’aigle impérial qui fait l’objet de toutes les attentions, car la Hongrie abrite les deux-tiers des individus de cette espèce, menacée d’extinction en Europe il n’y a pas si longtemps. En dehors de la Russie, la seule population significative se trouve dans le bassin des Carpates, ce qui confère une lourde responsabilité aux ornithologues hongrois.
Des efforts de conservation ont été lancés dans les années 1970 en Hongrie et en Slovaquie, à une époque où l’aigle impérial, comme plusieurs autres espèces de rapaces, se trouvait au bord de l’extinction. Seuls quelques couples reproducteurs subsistaient dans les forêts de montagne isolées.
Dans les années 1980, on ne dénombrait plus qu’une vingtaine de couples. Depuis, des pesticides dangereux ont été interdits et le braconnage a été combattu, permettant à la population de se renforcer et de compter aujourd’hui de 300 à 350 couples.
Dont une dizaine nichent dans la zone du nord du Jászság où évolue Márton Árvay et son équipe. Les plaines de bocage à proximité des zones montagneuses du Mátra et du Bükk sont pour l’aigle impérial un site de choix. Les résultats du recensement 2022 seront connus en février.