Les ténors de l’opposition parlementaire, Sławomir Neumann de la Plate-forme civique et Ryszard Petru du cercle « Libéraux et Sociaux », ne sont pas sur la même longueur d’ondes concernant les moyens de battre le Droit et Justice (PiS), d’abord aux élections locales, puis parlementaires.
C’est un véritable marathon électoral que s’apprête à vivre la Pologne. Un marathon qui est amené à durer près de 20 mois et verra les Polonais se rendre quatre fois aux urnes d’ici le printemps 2020 : pour les élections locales (les 21 octobre et 4 novembre), européennes (mai 2019), législatives (novembre 2019) et enfin présidentielles (mai 2020). Sławomir Neumann de la Plate-forme civique (PO), le principal parti d’opposition, propose un front large uni, estimant que « si les gens veulent s’opposer à ce qui se passe actuellement en Pologne, ils devraient se regrouper dans de larges blocs ». Ainsi donc, « si M. Petru veut peser dans la politique, il est voué à nous rejoindre », explique-t-il.
Son projet ? Une vaste coalition regroupant des personnalités politiques « depuis Ujazdowski [Michał Kazimierz Ujazdowski, ancien membre du Droit et Justice, actuellement de la Plate-forme – ndlr] jusqu’à Nowacka ». C’est à ce titre que Neumann a invité Ryszard Petru, l’ancien chef du parti libéral Nowoczesna, à rallier les rangs de la PO. Il a adressé les mêmes propositions aux deux figures majeures de la gauche actuellement, Barbara Nowacka, militante féministe, et Robert Biedroń, maire de Słupsk et militant LGBT. Mais seule Barbara Nowacka s’est ralliée à l’offre.
Se dissoudre dans la PO ou faire une alliance des partis ?
Comme on le constate aussi en Hongrie, les partis d’oppositions ont bien de la peine à rassembler leurs forces face à un parti très hégémonique. Ryszard Petru n’a pas l’air emballé à l’idée d’être ainsi dissous dans la Plateforme civique. Et pour cause, lui-même se serait bien vu à la tête d’une plateforme d’opposition qu’il a proposé au tout début de l’année. Bien que son « Plan Petru », en réponse au fameux « Plan Morawiecki » du nom du Premier ministre, se voulait être non pas un nouveau parti politique, mais une plate-forme de débats entre les différents acteurs de l’opposition, afin de formuler un programme commun à opposer au PiS lors des élections parlementaires en 2019. L’économiste libéral a réagi à la sollicitation de Neumann : « L’on ne peut oublier que la Plate-forme civique ne représente pas la grande partie de l’électorat qui considère le travail, la liberté économique et la lutte contre le populisme comme des aspects fondamentaux ».
Ryszard Petru n’en soutient pas moins les candidats de la Coalition Citoyenne – qui rassemble la PO et Nowoczesna – engagés dans les élections locales. « La défaite du Droit et Justice est une priorité », assure-t-il, tout en se montant sceptique sur ses chances de succès au vu de la formule proposée : « les dernières propositions de la Plate-forme, comme le treizième mois de retraite, une baisse de l’âge du départ à la retraite, donc une diminution des pensions, ainsi que le rejet des idées de Barbara Nowacka signifient qu’une grande partie des Polonais n’aura pas de raison de la soutenir ». Selon lui, « le Droit et Justice peut être défait que par un grand front des partis politiques représentants des milieux divers ». Il reste donc du chemin à parcourir pour que les ténors de l’opposition jouent la même musique.