Le cas Viktor Orbán divise en Allemagne

L’Union chrétienne-sociale (CSU) s’inspire du Premier ministre hongrois Viktor Orbán pour préparer les élections en Bavière et contrer la progression de l’AfD. A l’opposé, Martin Schulz du SPD voudrait que les prochains fonds européens soient conditionnés à l’accueil de demandeurs d’asile.

Semaine chargée pour le dirigeant hongrois qui, après avoir reçu coup sur coup les Premiers ministres polonais et irlandais à Budapest, va honorer l’invitation de l’Union chrétienne-sociale (CSU) à sa traditionnelle convention des rois mages, qui se déroule jeudi et vendredi, comme chaque début d’année dans le couvent bavarois de Seeon.

Jeudi, son président, Horst Seehofer, a une nouvelle fois fait preuve de sa grande proximité avec son allié politique Viktor Orbán, brandi en contre-modèle de la politique migratoire de la CDU d’Angela Merkel. Cela dans le contexte d’élections régionales à l’automne qui pourraient enregistrer une forte progression du parti d’extrême droite, Alternativ für deutschland (AfD).

Répondant à des questions, Horst Seehofer – qui a par ailleurs renoncé en décembre à être candidat à sa propre succession à la tête de la Bavière aux élections régionales de l’automne 2018 – à redit tout le bien qu’il pense du dirigeant hongrois, un homme qui « respecte l’Etat de droit » et qui – a-t-il rappelé – a été élu démocratiquement à une large majorité.

« Nous devrions nous comporter de façon moins hautaine »

Seehofer a en revanche dénoncé l’arrogance et le paternalisme de l’Europe vis-à-vis des pays d’Europe centrale (« Nous devrions nous comporter de façon moins hautaine vis-à-vis d’autres pays et d’autres politiciens ») et plaidé pour renouer avec la ligne de l’ancien chancelier Helmut Kohl, mentor et soutien indéfectible de Viktor Orbán. « Nous devrions construire les meilleurs liens possibles, non seulement avec le États membres plus grands, mais aussi avec les pays d’Europe centrale et orientale », a déclaré Seehofer.

Martin Schulz prend le contre-pied

Martin Schulz a rapidement pris le contre-pied de la CSU. Dans un entretien publié ce vendredi dans le journal « Bild », le président du Parti social-démocrate allemand (SPD), a estimé au contraire que Viktor Orbán poursuit « une logique dangereuse » qui pourrait conduire à la « la fin de la politique européenne d’asile ». Il a renouvelé ses critiques régulières selon lesquelles l’Allemagne devait « payer et supporter le fardeau des réfugiés tandis que certains gouvernements n’acceptent pas les réfugiés ».

Martin Schulz, qui compte parmi les détracteurs les plus virulents de Viktor Orbán et critique régulièrement Angela Merkel pour la présence du Fidesz à ses côtés au Parti Populaire européen (PPE), a une fois mis dans la balance l’accueil des réfugiés et l’accès aux fonds européens.

Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Péter Szijjártó, a immédiatement répliqué que, en assurant la sécurité de la frontière de Schengen, « la Hongrie assume un fardeau beaucoup plus lourd que ne le seraient ces quotas déraisonnables ». Il en a profité pour rappeler l’opposition de la Hongrie à tout projet fédéral européen : « Les pays d’Europe centrale, y compris la Hongrie, rejettent les projets d’empire de Martin Schulz et se battent pour une Union européenne forte basée sur des nations européennes libres ».

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.