Brexit : le doigt d’honneur des travailleurs de l’Est au Royaume-Uni

Rupture de stock dans les supermarchés, files d’attente aux stations-essence… La pénurie de chauffeurs routiers se fait durement sentir. Le gouvernement britannique en appelle à nouveau à la main-d’œuvre, mais les Roumains, Bulgares et Polonais qui occupaient ces emplois avant le Brexit ne semblent pas prêts à revenir.

Au Royaume-Uni, les ruptures de stock se multiplient dans les supermarchés et c’est la panique dans les stations-services, la chaîne d’approvisionnement étant mise à mal par la pénurie de chauffeurs routiers. Ils sont 100 000 à manquer. En cause, les difficiles conditions de travail encore aggravées par le Brexit et la pandémie qui ont provoqué les démissions de masse des chauffeurs roumains, polonais, bulgares… Pour y remédier, le gouvernement britannique va offrir 10 500 visas de travail provisoires de trois mois pour ces travailleurs européens.

Les chauffeurs routiers ne sont pas les seuls recherchés, d’autres secteurs-clés de l’économie souffrent du manque de main-d’œuvre, comme les élevages de volailles. Or, jusqu’au Brexit, ces emplois étaient majoritairement occupés par des travailleurs de l’Est. Mais ces derniers ne semblent pas prêts à revenir.

« La pénurie de chauffeur n’est que le début. Les magasiniers et opérateurs d’entrepôts seront les prochains à partir. »

« La plupart des chauffeurs sont partis à cause des conditions de travail », explique George Mihulecea, de Bucarest, dans le groupe Facebook Koleka Problem. « Ça ne vaut plus la peine de revenir au Royaume-Uni. Et la pénurie de chauffeur n’est que le début. Les magasiniers et opérateurs d’entrepôts seront les prochains à partir. » « Vous vous débrouillez seuls maintenant », renchérit Jimmy Hoffa, de Pazardjik (Bulgarie), à l’adresse des Britanniques.

Encore faut-il, pour garder ces travailleurs de retour de l’étranger, que les conditions de travail soient assez attractives dans leurs pays d’origine. Mercredi 29 septembre, à Bucarest, des chauffeurs routiers ont garé leurs poids lourds devant le siège du gouvernement roumain pour protester contre les fortes taxes qui leur sont imposées, le prix des assurances et les mesures sanitaires de quarantaine. Selon Nicolae, chauffeur de 32 ans, les taxes qu’il doit payer pour ses trois camions met en danger une petite entreprise comme la sienne. « Le Royaume-Uni est une option, les revenus sont bien plus élevés là-bas. » La bataille de la main-d’œuvre est loin d’être terminée.

Photo : David Wright / Creative Commons

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