Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou soutient la campagne du gouvernement de Viktor Orbán contre le milliardaire et philanthrope américano-hongrois George Soros. Ce malgré l’émoi de la communauté juive de Hongrie.
« Ne laissons pas George Soros rire à la fin ». Tel est le message ad hominem qui envahit depuis quelques semaines les espaces publics de Budapest et du reste du pays. En lettres blanches sur fond bleu, ces affiches collent parfaitement à la charte graphique du gouvernement, lequel est bien le commanditaire de cette campagne particulièrement agressive contre le milliardaire américain d’origine juive hongroise. Si ces affiches « ne sont pas ouvertement antisémites, [elles] risquent d’attiser des sentiments incontrôlés, notamment l’antisémitisme », a écrit jeudi dernier András Heisler, le président du Mazsihisz[1]La Fédération des Communautés juives de Hongrie dans une lettre ouverte au Premier ministre Viktor Orbán. Une réaction indignée relayée samedi avec force par Yossi Amrani, ambassadeur d’Israël en Hongrie : « J’invite les personnes derrière la campagne d’affichage et leurs responsables à bien mesurer les implications de cet acte », a-t-il notamment déclaré.
La charge violente de Yossi Amrani contre le gouvernement hongrois n’a pourtant pas été du goût de l’exécutif israélien, le ministère des Affaires étrangères désavouant dès ce dimanche la position de son représentant à Budapest. Dans un communiqué publié hier, le porte-parole Emmanuel Nahshon a rappelé que son pays déplorait « toute expression d’antisémitisme quel que soit le pays », sans pour autant « délégitimer les critiques de George Soros, qui affaiblit sans cesse les gouvernements démocratiquement élus d’Israël en finançant des organisations qui diffament l’Etat juif et cherchent à lui nier le droit à se défendre ».
Cette réaction rappelle la grande proximité idéologique du Fidesz et du Likoud, dont les dirigeants respectifs Viktor Orbán et Benyamin Netanyahou sont tous les deux les clients du consultant Arthur J. Finkelstein, un spin doctor américain proche de l’aile droite dure du Parti républicain. Selon Haaretz, la déclaration du ministère israélien des Affaires étrangères a fait suite à l’intervention directe de Benyamin Netanyahou, lequel devrait se rendre la semaine prochaine à Budapest.
Après l’attaque contre l’Université d’Europe centrale (CEU) et la loi ONG, la nouvelle campagne du gouvernement hongrois marque une nouvelle escalade dans la lutte qui oppose Viktor Orbán à George Soros. Le Premier ministre hongrois a rappelé vendredi sur Kossuth Rádió les termes de ce duel : « Soros veut voir chaque année un million de migrants originaires de cultures différentes s’installer en Europe (…) Pour lui, l’immigration est un bon business. La raison de sa haine contre la Hongrie – et contre moi personnellement -, c’est que nous nous retrouvons en travers de son plan et de son grand projet économique ».
Notes
↑1 | La Fédération des Communautés juives de Hongrie |
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