Viktor Orbán a de fidèles alliés parmi les membres balkaniques de l’Union européenne. Lors du vote hier de l’article 7 par le Parlement européen, la majorité des députés européens PPE de Croatie, Slovénie et de Bulgarie ont voté contre l’ouverture de la procédure de sanctions visant la Hongrie.
![]() |
Cet article a été publié ce même jour par notre partenaire Le Courrier des Balkans. |
448 voix pour, 197 contre, 48 abstentions. Le Parlement européen, réuni à Strasbourg, a voté mercredi l’Article 7 du Traité de l’Union, la procédure la plus radicale pouvant être ouverte contre un État membre. Jusque là, ce mécanisme avait été lancé uniquement contre la Pologne, à l’initiative de la Commission). Souvent qualifié « d’arme nucléaire institutionnelle », l’article 7 est le dernier recours face à un pays commettant « une violation grave et persistante » des valeurs de l’UE, dont celle de l’État de droit.
Le Parti populaire européen n’avait pas donné clairement sa position pendant les discussions. Le premier groupe du Parlement s’est même déchiré sur ce vote, le Fidesz de Viktor Orbán faisant partie de ses propres rangs.
Le Premier ministre hongrois a néanmoins pu compter sur le solide soutien des eurodéputés balkaniques, parfois au-delà même des rangs du PPE. C’est un curieux assemblage d’élus conservateurs, nationalistes, libéraux et sociaux-démocrates qui a refusé de s’associer à cette résolution condamnant les violations commises par Budapest contre l’indépendance de la justice, la liberté de la presse ou le traitement réservé aux migrants et à ceux qui leur viennent en aide.
En Croatie, les quatre élus du HDZ, la formation conservatrice au pouvoir, ont pris le parti de Viktor Orbán, de même que Ruža Tomašić, élu nationaliste du Parti croate du Droit. « Notre petite délégation a voté contre le rapport. La Hongrie est un pays voisin avec lequel nous voulons bâtir de bonnes relations », a justifié Dubravka Šuica (HDZ).
Du côté slovène, seul un eurodéputé du PPE a voté pour l’article 7, le conservateur Franc Bogovič, du Parti populaire slovène. Les trois députés du SDS de Janez Janša ont, sans surprise, apporté leur soutien au Premier ministre hongrois, qui est devenu leur modèle idéologique depuis la crise des réfugiés.
Huit des 17 eurodéputés bulgares ont soutenu Orbán, dont cinq du PPE, deux des Conservateurs et réformistes européens (CRE, extrême-droite) et un des sociaux-démocrates. Trois se sont abstenus. « Aujourd’hui, l’Union européenne a pris le chemin de l’URSS », a réagi le nationaliste Angel Dzhambazki (VMRO), condamnant violemment le vote de plus des deux tiers de ses collègues.
Malgré les contentieux diplomatiques entre Bucarest et Budapest, Viktor Orbán a aussi pu compter sur le soutien de plusieurs députés roumains, au-delà des rangs de l’UDMR-RMDSz, la formation représentant la minorité magyare. Renate Weber et Norica Nicolai, tous deux membres de l’ALDE, le partenaire junior des sociaux-démocrates au sein de la coalition gouvernementale, se sont opposés à l’article 7. Ces deux députés sont connus pour leur positions ambiguës vis-à-vis de l’orientation euro-atlantique. La semaine dernière, Renate Weber s’en était par exemple pris au bouclier anti-aérien américain, qui « a agacé les Russes ». de Theodor Stolojan du Parti national-libéral et l’indépendante Ramona Manescu sont abstenus.