Après la crise de Kertch, la Pologne reste sur ses gardes face à la Russie

Face à une Russie « agressive et imprévisible », les autorités polonaises sont sur le qui-vive après la crise russo-ukrainienne en mer d’Azov et mettent en garde contre la montée de l’activité militaire russe dans la région de la mer Noire.

Après l’interception des trois vaisseaux de la marine ukrainienne par des forces armées de la Fédération de Russie, dimanche, le 25 novembre, dans le détroit de Kertch sur la mer d’Azov, le gouvernement polonais met en garde contre un regain de l’activité militaire russe dans la région de la mer Noire. Dès le lendemain, le 26 novembre, le ministre de la Défense Nationale, Mariusz Błaszczak s’est entretenu avec le chef d’État-major de l’armée polonaise, des commandants des forces armées et des services militaires. Le ministre a enjoint aux responsables militaires polonais de scruter de près l’évolution de la situation dans la région. « La situation en Ukraine orientale impacte celle en Pologne, puisque notre pays possède des frontières tant avec l’Ukraine qu’avec la Russie », a-t-il souligné. Il a toutefois assuré que les services de renseignement polonais ne rapportent pas de danger accru pour la Pologne à la suite de la crise au sud-est de l’Ukraine.

Les Polonais n’ont pas hésité à condamner directement la Russie. Le ministre de la Défense a exprimé la réprobation de son gouvernement contre « toute activité qui viole l’ordre international ». Le 27 novembre, le chef du cabinet du président, Krzysztof Szczerski, a qualifié l’action russe d’« agression » et d’« infraction manifeste à la loi internationale et aux accords bilatéraux sur la liberté de navigation ». Conséquence de quoi, la Pologne compte appeler le Conseil de Sécurité de l’ONU à envisager d’élargir le régime de sanctions contre la Russie.

Selon le chef de la Chancellerie du président, Michał Dworczyk, le fait que la marine russe a attaqué et pris en otage des navires ukrainiens dans des eaux internationales « témoigne que la Russie est un état agressif et imprévisible ». La communauté internationale ne doit pas tolérer un tel comportement de la Russie dans la région, a-t-il estimé. Il voit dans la crise entre Kiev et Moscou une bonne raison d’augmenter les capacités de défense de la Pologne et de faire appel à la présence permanente de soldats américains sur son sol.

La Pologne et les Etats-Unis signent un accord de coopération stratégique

Un fait divers trahit une certaine fébrilité de la société polonaise dans ce contexte international tendu : le 26 novembre, des habitants des communes frontalières de l’Ukraine ont reçu un message de mobilisation « en rapport avec la situation de crise en Ukraine », censés provenir du Centre Gouvernemental de Sécurité [1]Rządowe Centrum Bezpieczeństwa, RCB.. Les hommes de la ville de Dukla, dans le sud-est du pays dans la voïvodie des Basses-Carpates, ont même été tenus de se présenter à la mairie. Heureusement, cette « mobilisation » n’était qu’un canular, comme l’a assuré le Centre Gouvernemental de Sécurité, un nouveau système d’alerte des citoyens. Les forces de police et l’Agence de Sécurité Intérieure mènent depuis l’enquête pour débusquer l’auteur de cette mauvaise plaisanterie…

Dissonances centre-européennes sur la question russo-ukrainienne

Notes

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1 Rządowe Centrum Bezpieczeństwa, RCB.
Przemysław Kossakowski

Doctorant à l'Institut de Philologie romane de l’Université de Gdańsk, traducteur.

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