La visite éclair de la chancelière allemande lundi soir à Varsovie montre que Berlin cherche à renouer le dialogue avec son voisin, malgré le froid qui s’est instauré entre l’Allemagne et la Pologne depuis la prise du pouvoir par le parti nationaliste Droit et Justice (PiS).
Lors d’une conférence de presse à l’issue d’un entretien en tête-à-tête, Angela Merkel et le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki ont tenté de souligner ce qui les unit et non ce qui les sépare. M. Morawiecki s’est félicité du fait que « la Pologne aura une nouvelle fois un bon partenaire et une amie en la personne du chef du gouvernement allemand » et qu’« une bonne coopération entre la Pologne et l’Allemagne garantit une bonne coopération au sein de l’Europe ».
Mme Merkel a quant à elle déclaré que « le gouvernement allemand veut cultiver de bonnes relations de voisinage » avec la Pologne. « Nous voulons montrer que nous sommes en mesure de mener le dialogue, même si parfois nos pourparlers ne sont pas faciles », a-t-elle ajouté. Interrogée sur les réformes judiciaires controversées qui ont provoqué l’intervention de la Commission Européenne à l’encontre la Pologne, elle a coupé court : « on n’a pas besoin de spéculations en ce moment ».
Chose intéressante, Mme Merkel a félicité la Pologne d’avoir accueilli des réfugiés d’Asie centrale. « Nous avons souligné aujourd’hui que la Pologne accepte des réfugiés. Peut-être s’agit-il géographiquement de réfugiés d’autres régions, mais la Pologne y contribue aussi ». Elle a en même temps dit à propos de l’afflux massif d’Ukrainiens en Pologne que Berlin les considère comme des migrants économiques temporaires et non comme des réfugiés comme les présente la Pologne.
Réactiver le Triangle de Weimar ?
L’intensité des contacts bilatéraux germano-polonais est réellement impressionnante depuis le changement de Premier ministre en Pologne et le départ d’un bon nombre de ministres, dont le controversé chef de la diplomatie Wiesław Waszczykowski, en début d’année. Le 16 février M. Morawiecki a rencontré Angela Merkel à Berlin, et le chef de la diplomatie allemande, Heiko Maas s’est rendu à Varsovie le 16 mars rencontrer son homologue Jacek Czaputowicz. Pour Angela Merkel, c’est la deuxième visite à l’étranger, après celle à Paris, depuis qu’elle a été élue le 14 mars par le Bundestag pour son quatrième mandat au poste de chancelière.
La visite de lundi a créé une chance pour que « la Pologne retourne dans les salons de l’Union européenne », commentait le quotidien Rzeczpospolita. De fait, les portes ont été ouvertes. Morawiecki s’est félicité du fait que l’Allemagne « intensifiera la coopération au sein du Triangle de Weimar », le forum de dialogue entre la France, l’Allemagne et la Pologne, créé en 1991 sur l’initiative du ministre allemande des Affaires étrangères de l’époque Hans-Dietrich Genscher. La dernière réunion des chefs de l’Etat du Triangle de Weimar, remonte au mois de mars 2013.
Il reste à voir si, avec ce dégel relatif entre Berlin et Varsovie, le PiS va remiser dans son jeu la carte anti-allemande qu’il joue habilement pour son électorat nationaliste.
Photo : PAP / Jakub Kamiński