Peter Bárdy, rédacteur-en-chef du site Aktuality.sk pour lequel travaillait Ján Kuciak, ne doute pas une seconde de la culpabilité de Marian Kočner, acquitté jeudi. Il ne doute pas non plus que justice sera finalement rendue, « pour Ján et Martina, mais aussi pour la Slovaquie ».
Cet éditorial a été écrit par Peter Bárdy et publié le 3 septembre 2020 sur le site Aktuality.sk, dont il est le rédacteur-en-chef.

C’était le lundi 26 février 2018, à la sortie d’un interrogatoire au commissariat de police, quelques heures seulement après avoir appris les meurtres de Ján Kuciak et de Martina Kušnírová. On nous avait demandé si nous pensions découvrir un jour les noms des tueurs et des commanditaires.
Nous avions répondu que oui, bien que nos institutions en charge d’enquêter et de prouver le crime étaient dirigées par des personnes absolument peu fiables.
Nous avons répondu cela malgré le fait que de nombreuses personnes dans ces institutions travaillaient pour les oligarques et la mafia.
Nous nous sommes dit que, dans ces moments difficiles, il fallait croire en des temps meilleurs et donner un peu d’espoir.
Nous ne nous sommes pas trompés. Aujourd’hui, nous savons que Ján et Martina ont été assassinés par Miroslav Marček, qu’il a été aidé par Tomáš Szabó et que leur assassinat a été ordonné par Zoltán Andruskó. Et nous sommes convaincus que Marian Kočner a ordonné le meurtre et a utilisé Alena Zsuzsová pour l’organiser.
Point.
Nous n’avons aucun doute à ce sujet, et le raisonnement de la Cour qui a statué sur la libération du gangster et de sa complice signifie, dans une certaine mesure, qu’il n’en doute pas non plus. Simplement, il manque de preuves plus solides.
Mis le problème, c’est qu’il y a suffisamment de preuves accumulées et que, dans le contexte des événements qui ont précédé le meurtre, l’heure à laquelle il s’est produit et ce qui a suivi, elles dressent le tableau du meurtre de deux innocents.
Le travail d’enquêtes de Ján Kuciak empêchait Kočner de faire main basse, illégalement, sur des dizaines de millions d’euros.
Il est évident que, de 2016 à 2018, Ján Kuciak était le seul obstacle sérieux à l’activité criminelle de Marian Kočner. Ce dernier avait acheté des flics, des juges et un Kuciak venait tout ruiner.
Le travail d’enquêtes de Ján Kuciak empêchait Kočner de faire main basse, illégalement, sur des dizaines de millions d’euros.
Nous sommes convaincus que Kočner et Zsuzsová sont coupables du meurtre de Ján et Martina, mais le tribunal en a décidé autrement aujourd’hui.
Des rapports indiquent que la présidente de la Cour, Ružena Sabová, n’est pas une juge soumise à des pressions extérieures pour rendre ses jugements.
Nous pensons que le verdict n’a pas été influencé de l’extérieur. Et c’est important.
Mais cela ne signifie pas que nous le considérons comme juste. Nous devons attendre la justice et nous sommes sûrs qu’elle viendra. La justice pour Ján et Martina, mais aussi pour la Slovaquie.
La Slovaquie a plus que jamais besoin de justice.
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#AllForJan&Martina