Le Parlement autonome étudiant est parvenu à rassembler aujourd’hui plus d’un millier de lycéens dans les rues de Budapest. L’objectif : attirer les projecteurs sur le thème de l’enseignement scolaire à quelques semaines de l’élection législative le 8 avril prochain.

Plus d’un millier de lycéens se sont rassemblés en fin d’après-midi dans les rues de Budapest pour manifester en faveur de réformes dans l’enseignement scolaire. Clairsemée aux abords de Deák Ferenc tér, la foule s’est peu à peu densifiée le temps du défilé, jusqu’à son arrivée sur l’esplanade du Parlement hongrois à Kossuth Lajos tér. Dans le cortège : des drapeaux européens mêlés aux pancartes anti-Orbán, une sono saturée et quelques banderoles d’organisations venues en soutien, parmi lesquelles le syndicat des enseignants (PSz) et le réseau pour l’enseignement libre (HTSz).
« Nous avons trop d’enseignements, dont beaucoup ne sont pas adaptés à notre époque », nous confie Áron, actuellement en terminale dans un lycée de Budapest. « C’est la politique éducative du gouvernement qui est en cause car il a supprimé l’autonomie pédagogique » ajoute-il, en référence au controversé Klik, un organisme gouvernemental qui centralise les programmes scolaires depuis 2012. Pour Zoltán, le problème c’est aussi le « mouvement de retour des Églises dans les écoles et le fait qu’il n’y a désormais plus d’alternatives à l’éducation religieuse dans de nombreux villages ». Et pour cause, depuis le retour de la droite au pouvoir en 2010, de nombreuses municipalités lourdement endettées avaient dû abandonner leurs écoles aux clergés catholique et protestant. Lui n’est pas lycéen mais milite dans un groupement « athéiste » et est venu témoigner sa solidarité.
« Il faut que ça continue tant que nous n’avons pas été entendus par le gouvernement ».
Leurs témoignages sont en tout cas au diapason de la plateforme de revendications du Parlement autonome étudiant (Független Diákparlament), à l’initiative du rassemblement. Ce syndicat lycéen se mobilise depuis le 19 janvier dernier autour de treize propositions, jusque ici laissées lettres mortes par le ministre des ressources humaines Zoltán Balog. Parmi celles-ci : le retour de la pensée critique dans l’enseignement, la liberté des manuels scolaires ou encore le rétablissement des quotas dans les universités au niveau de 2011.
Áron déplore que ses camarades lycéens n’aient pas tous fait le déplacement : « Je suis content qu’il y ait autant de personnes. Il faut que ça continue tant que nous n’avons pas été entendus par le gouvernement. Malheureusement, beaucoup ne se mobilisent pas car ils pensent que de toutes façons, rien ne changera, ou qu’il n’y a plus beaucoup de temps à tirer sur les bancs du lycée. »
Parmi les non lycéens, nous avons rencontré quelques militants du fameux Parti du chien à deux queues (MKKP), venus tenir un happening en marge de la foule sur l’esplanade du parlement. « Notre but est de faire une contre-manifestation car nous voulons le retour des uniformes, d’une éducation cléricale et patriotique », lâche pince-sans-rire Dénes, fidèle à la ligne satirique et à l’humour absurde de son organisation. « Nous sommes venus dire ce qu’il faut faire aux lycéens. Ils sont trop jeunes : ils feraient mieux de la fermer », abonde dans le même ton sarcastique un de ses comparses.
Après une série de prises de parole sur un stand dressé juste devant l’immense Parlement de Budapest, le Parlement étudiant a appelé à réitérer la démonstration pour le 15 mars prochain, lors de la très politisée fête nationale hongroise. Un débat public sera organisé pour interpeller les différents partis à moins d’un mois de l’élection législative hongroise du 8 avril prochain. Parmi les candidats au poste de Premier ministre, Gergely Karácsony (MSzP-PM), Bernadett Szél (LMP) et Gábor Vona (Jobbik) ont déjà répondu présents à l’appel.