La chancelière allemande Angela Merkel était l’invitée d’honneur du sommet du groupe de Visegrád, qui s’est déroulé ce jeudi à Bratislava. Au menu des discussions : le Brexit, les élections européennes et le budget de l’UE.
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Les élections européennes 2019 vues par Le Courrier des Balkans et Le Courrier d’Europe centrale |
L’Allemagne était la grande invitée du sommet du groupe de Visegrád (V4) qui s’est déroulé cet après-midi à Bratislava. « Les échanges ont été positifs et sincères », a estimé le chef de gouvernement hongrois Viktor Orbán au sujet des discussions avec la chancelière allemande Angela Merkel et leurs homologues tchèque Andrej Babiš, slovaque Peter Pellegrini et polonais Mateusz Morawiecki. Mais parmi les thèmes à l’ordre du jour, très peu ont fait l’objet d’annonces concrètes à l’issue de la rencontre.
« Il faudra attendre le choix des électeurs lors du scrutin européen de mai prochain pour prendre les grandes décisions », a ainsi explicité Viktor Orbán, particulièrement impliqué dans la campagne des élections européennes à cheval entre sa famille politique d’origine – le Parti populaire européen dont fait partie Angela Merkel – et l’axe anti-migratoire qui rassemble la Pologne et l’Italie. Les cinq chefs de gouvernement ont surtout échangé au sujet de l’état des négociations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni, où vivent des centaines de milliers de ressortissants centre-européens, du budget communautaire 2021-2027 et du renforcement de la coopération entre l’Allemagne et le V4.
Angela Merkel s’est montrée confiante au sujet du Brexit, estimant que « la sortie organisée du Royaume-Uni de l’Union européenne sera avantageuse pour les deux parties ». « Les débats autour du futur cadre budgétaire de l’UE ont sans doute été plus difficiles », a considéré de son côté le quotidien allemand Die Welt, rappelant que le Parlement européen proposait que la répartition des fonds repose à l’avenir sur le respect des normes de l’État de droit et sur la lutte efficace contre la corruption.
Une pierre dans le jardin de Varsovie et Budapest que l’ambassadeur allemand auprès de l’UE avait vigoureusement rappelé à la Hongrie lundi dernier en marge d’une réunion de préparation d’un prochain sommet entre l’Union européenne et la Ligue arabe. « C’est incroyable que le gouvernement hongrois n’autorise pas que soit faite mention dans un accord international une décision de l’ONU (…) on s’en souviendra lors des discussions sur le budget de l’Union », avait-il alors tempêté, alors que son homologue hongrois menaçait de mettre son veto à l’accord avec la Ligue arabe si la référence au « Pacte mondial sur les migrations » adoptée par l’ONU le 18 décembre dernier n’était pas retirée.
« 80% des fonds européens que nous recevons repartent dans leurs pays d’origines », lui a rétorqué aujourd’hui Viktor Orbán lors de la réunion à Bratislava, sous-entendant – comme nous l’avions d’ailleurs documenté – qu’une bonne partie de ces fonds structurels profitait en grande partie aux grandes entreprises occidentales présentes dans la région, dont la majorité est allemande.
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Concernant le renforcement des relations entre l’Allemagne et l’Europe centrale, Angela Merkel s’est livrée à des rencontres bilatérales avec chacun de ses homologues. Lors de la conférence de presse commune, Viktor Orbán s’est distingué en considérant comme le « noyau européen » l’ensemble formé par l’Allemagne et le groupe de Visegrád. « Le noyau de l’Europe est formé par les bons élèves de l’Union. Ceux qui remplissent leurs obligations en matière de dette publique, de déficit budgétaire, d’exportations, de taux de chômage, de système bancaire et de réformes structurelles », a-t-il ainsi formulé comme pour se débarrasser de l’étiquette de mouton noir qui lui colle à la peau depuis la crise migratoire de 2015.
Célébration des trente ans de la fin du communisme
A l’issue de la rencontre, le chef du gouvernement slovaque Peter Pellegrini a annoncé la préparation d’un programme d’aide au Maroc, réalisé conjointement par l’Allemagne et les pays du V4 pour endiguer les flux migratoires à partir de la rive sud de la Méditerranée.
Une déclaration commune a enfin été signée par les cinq chefs de gouvernement pour commémorer les trente ans de la fin du communisme. « Les changements fondamentaux de 1989 ont apporté liberté et développement dans nos pays, et nous ont permis de contribuer au processus d’intégration européenne » a tenu à rappeler le premier ministre slovaque. Un peu plus tôt, lors d’une discussion bilatérale avec Angela Merkel, cette dernière a tenu à rappeler « le rôle courageux joué par les citoyens du V4 lors des manifestations massives de 1989, lesquelles ont permis à l’Allemagne de progresser dans la voie de la réunification et de la démocratisation ». « Nous ne l’oublierons jamais », a-t-elle conclu.
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