Des étudiants de la SZFE s’opposant à la suppression de l’autonomie de leur Université vont être accueillis dans de prestigieuses universités européennes.
Plutôt que de se laisser « redresser idéologiquement », comme ils le craignent, par les nationaux-conservateurs qui ont supprimé l’autonomie de leur université au mois de septembre 2020, 150 étudiants de l’école de théâtre et de cinéma de Budapest (SZFE), en grève depuis la rentrée, vont être accueillis dans cinq universités européennes.
Ces cinq universités accepteront officiellement de 150 à 200 étudiants – et leurs professeurs – de l’Université des arts du cinéma qui ne souhaitent pas terminer leurs études à la SZFE en raison du changement de modèle de l’institution. Elles ont accepté de prendre en charge 14 cours.
Il s’agit de : l’Université de musique de Salzbourg (Universitat Mozarteum), l’Université des arts du spectacle de Ludwigsburg (Akademie für Darstellende Kunst Baden-Württemberg), l’Université des arts du spectacle de Varsovie, son département de théâtre de marionnettes à Bialystok ; et l’Académie suisse de théâtre (Accademia Teatro Dimitri). Le nom du cinquième établissement n’a pas encore été dévoilé.
Ce projet dit « emergency exit », négocié par les protestataires dans le plus grand secret, est un sacré pied-de-nez adressé au gouvernement hongrois. D’autant que le semestre de printemps a été organisé avec l’aide de l’Université d’Europe centrale (CEU), une bête noire de l’administration Orbán, qui a déplacé la majeure partie de ses cursus à Vienne.
Les étudiants n’y perdent pas au change, puisqu’ils pourront faire valoir leurs crédits acquis précédemment et sanctionner leurs études par un diplôme de ces prestigieux établissements d’accueil. A en croire l’Université SZFE, il ressort d’une enquête interne qu’un nombre d’étudiants souhaiterait poursuivre leurs études à l’étranger. Des négociations sont en cours avec d’autres universités.
Pour la ville de Budapest en revanche, cela signifie la perte d’étudiants en art, créatifs et engagés politiquement et socialement, qui viennent s’ajouter aux centaines d’étudiants étrangers qui ont quitté Budapest pour Vienne en suivant le transfert de la CEU.
La SZFE a protesté, pas les autres universités
Environ quinze mille personnes avaient défilé à Budapest, lors de la fête nationale hongroise du 23 octobre, pour soutenir les étudiants dans leur bras de fer avec le gouvernement de Viktor Orbán. Mais après des semaines d’occupation de leur université, les étudiants avaient été contraints de mettre fin à l’occupation, en raison des nouvelles mesures sanitaires en vigueur à partir de la mi-novembre.
Le changement de modèle opéré par le gouvernement concerne l’ensemble des universités du pays. Il consiste à transférer les universités publiques vers des fondations dont le conseil d’administration remplacent les Sénats élus démocratiquement par les étudiants, professeurs et syndicats. Au début de l’année, les universités de médecine de Budapest (Semmelweis), de Pécs, Debrecen et Szeged ont voté en faveur d’une telle « restructuration ».
« Je suis particulièrement inquiet pour notre liberté académique », confiait un professeur d’université hongrois au « Courrier d’Europe centrale ».
« Rapidement, il est devenu évident que la mise en place arbitraire de conseils d’administration n’avait pas pour seul objectif de soustraire les universités aux biens publics – ce qui, en soi, est déjà scandaleux -, mais n’était qu’une étape dans le plan de nationalisation profonde, auquel « l’ordre juridique spécial » de l’état d’urgence a donné un nouvel élan », écrit le journaliste Árpád Kocsis dans les colonnes de Mérce (Cf. ci-dessous).