Le parlement a voté lundi soir, à une large majorité, la loi qui va nationaliser les fonds des caisses de retraites privées en Hongrie, supprimant ainsi le système mixte de pension introduit en 1998.
Selon cette loi, les quelques trois millions de Hongrois qui cotisent dans des caisses de retraites privées, dans l’espoir de bénéficier d’une retraite plus avantageuse, ont jusqu’à la fin du mois de février pour décider si elles rejoignent le système public. Les cotisations obligatoires versées dans des caisses de retraite privées ont déjà été redirigées vers le Trésor public pour une durée de 14 mois. Passé ce délai, les personnes souhaitant laisser leurs fonds dans des caisses privées perdront leurs droits à la retraite d’Etat. Maigre consolation pour celles qui décideront de se plier à la volonté du gouvernement en quittant le système privé : elles pourront récupérer net d’impôt les profits qu’auront apportés leurs cotisations. Les caisses de retraites privées ont d’ores et déjà fait appel auprès de la Cour constitutionnelle.
Du coup politique au risque économique
Après les « taxes de crise » appliquées aux secteurs bancaires et de l’énergie de l’économie hongroise, le gouvernement de droite fait ainsi main basse sur 3000 milliards HUF (11 milliards EUR). Cette véritable mine d’or permettra de réduire l’endettement record de la Hongrie, aujourd’hui de 80% du PIB. Ces transferts de fonds du privé vers le public devraient surtout avoir des répercussions spectaculaires sur le budget hongrois, étroitement surveillé par Bruxelles. Selon une information de l’AFP, le budget 2011 pourrait enregistrer un excédent de 5% du PIB, contre un déficit de 3% sans cette réforme !
C’est donc un « gros coup » que vient de réussir le premier ministre Orban. Un « coup » qui pourrait lui permettre d’éviter la mise en place d’un vaste plan d’austérité, pourtant réclamé à cor et à cris par les instances financières internationales. Ces dernières, comme l’opposition socialiste, dénoncent une politique économique à courte vue, certes gagnante à l’échelle d’un mandat, mais qui pourrait s’avérer désastreuse sur le plus long terme,
L’opposition gronde et dénonce un « chantage »
Si le résultat du vote n’a pas fait un pli au parlement lundi soir – 250 voix pour, 58 contre et 43 abstentions – l’ambiance était électrique dans l’assemblée, l’opposition dénonçant un « chantage » fait aux citoyens, allant à l’encontre des libertés individuelles. Dans son intervention prononcée lors du débat final, le député de Lehét Mas A politika, Gábor Scheiring, a déclaré que cette loi « irresponsable » mettait à jour « l’hypocrisie et le dilettantisme du gouvernement ». Les députés de LMP ont brandi des affiches de la campagne électorale de la Fidesz pour les législatives (en avril dernier), par lesquelles la droite s’engageait à ne pas toucher au système mixte de retraites : « Nous ne toucherons pas aux fonds de pensions privés » (Cf Illustration).
Dans une vidéo postée, sur sa page personnelle Facebook, le premier ministre Orban a beau tenter de rassurer sur les effets de cette nouvelle mesure, cela ne suffira certainement pas à tranquilliser les inquiets, pour leur retraite personnelle et pour l’économie hongroise.

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La Banque centrale européenne (BCE) a mis en garde le gouvernement hongrois contre sa volonté de réduire l’indépendance de la Magyar Nemzeti Bank (MNB) et de son gouverneur, Andras Simor.
Toute mesure qui va contre les fonds de pension ne peut qu’obtebir mon soutien.