Le cauchemar des clochards continue

Après la cigarette en juin, et le sommeil en septembre, la municipalité de Budapest s’attaque désormais à la consommation d’alcool dans les passages souterrains de la capitale hongroise, par une loi qui rentrera en vigueur dès le 1er janvier 2011. Ceux qui se risqueront à continuer de siroter leur bière ou leur gnaule d’un bout à l’autre des grandes artères de la ville s’exposeront – en théorie – à une amende de 30 000 HUF (108 euros). En pratique, ce sont bien sûr les clochards qui seront visés.

crédit photo : Hulala, corentin leotard

Officiellement, la mesure semble être destinée à rendre ces endroits plus propres, plus sains et surtout plus sûrs pour les piétons et les usagers des transports en commun. Mais en réalité, peu de monde parmi la population active ne s’adonne à la consommation de quoi que ce soit dans un passage souterrain à Budapest. Ces lieux souvent glauques mais pas forcément mal famés sont surtout des lieux de passage, ou de vente d’encas, de téléphones volés, d’écharpes, de bonnets, de journaux, de cigarettes, ou de prostitution dans le pire des cas, rien d’autre.

Cela s’apparente donc bien plus à une loi contre le squat des sans-abris dans les espaces publics, à l’abri de la pluie et dans une certaine mesure, du froid. Les clochards n’avaient déja plus le droit d’y dormir depuis qu’une loi sur l’urbanisme était devenue leur cauchemar. Au-delà du droit, ils avaient encore moins les moyens d’y fumer. Ainsi, désormais, ces personnes, qui sont rarement contre « un petit canon » pour se tenir chaud, auront une raison de plus d’être expulsés en dehors du centre ville. Le nouveau maire de Budapest, Istvan Tarlos, ne s’en cache d’ailleurs pas du tout : « L’idéal serait que cette loi ait un effet  auprès de la grande population de sans-abri à Budapest, en les encourageant à trouver refuge dans les centres qui sont prévus pour eux, en périphérie » a t-il exprimé jeudi dernier au micro de Duna TV.

A quand la fermeture des vrais coupe-gorge des passages souterrains ?

La question essentielle qu’il faudrait poser au maire, cependant, est la suivante : compte t-il étendre sa nouvelle loi aux établissements installés dans ces mêmes passages souterrains ? Ces bars à machines à sous dans les couloirs des stations de métro, souvent tenus par de petits mafieux, sont pour le coup les véritables coupe-gorge du centre ville et ne sont certainement pas prêts de disparaître par la décision d’un maire ou d’un gouvernement. Ironie du sort, c’est souvent dans ces lieux-là que l’alcool coûte le moins cher (parfois moins qu’en supermarché), et leurs clients sont également souvent des travailleurs ou des retraités pauvres, attirés et appauvris par les lumières des machines à sous. La distance est alors très courte, entre les clients de ces Sörözö et les clochards qui jonchent le sol face à leurs vitrines. Cette distance peut parfois n’être parcourue qu’en quelques heures…

Articles liés :

La loi d’urbanisme qui rend les sans-abris insomniaques

Santé : la lutte anti-tabac pour des clopinettes

La Hongrie mauvaise élève en matière de santé selon l’OMS

Les frères clochards devenus millionaires

1 Comment
  1. « prévus pour eux, en périphérie »
    toujours le même mépris et la même intolérance des nantis contre les pauvres!!!

Leave a Reply

Your email address will not be published.

×
You have free article(s) remaining. Subscribe for unlimited access.