Le projet de nouvelle Constitution présenté jeudi dernier pourrait accoucher d’une législation beaucoup plus restrictive en matière d’interruption volontaire de grossesse, et même rendre l’IVG illégale en Hongrie.
« Depuis sa conception, la vie mérite d’être protégée comme un droit humain fondamental. La vie et la dignité humaine sont inviolables », stipule le texte proposé par la coalition conservatrice au pouvoir. Si le texte est adopté en l’état, la législation hongroise actuelle, l’une des plus libérales en Europe, deviendrait anticonstitutionnelle et l’Etat hongrois serait obligé de déclarer l’IVG illégal.
En 2000, sous la pression des défenseurs du « droit à la vie », le gouvernement « Orban Ier » avait modifié la législation hongroise pour restreindre légèrement l’accès à l’IVG, en soumettant la décision d’avorter à l’approbation d’un comité. Ce comité ne pouvant s’opposer à la volonté de la femme si la grossesse est inférieure à 12 semaines et s’il place la mère dans « une grave situation de crise » définit comme « pouvant entrainer des dommages physiques ou psychiatriques ou une situation sociale intolérable ». L’opposition socialiste considère que cette loi existante est adaptée et demande le statu-quo.
Deux fois moins d’IVG depuis 20 ans
En Hongrie, comme dans l’ensemble de l’ex-bloc socialiste où l’IVG était très important car la principale méthode de limitation des naissances, le recul du nombre d’avortements a très fortement diminué depuis le changement de régime, de pair avec la diffusion des méthodes contraceptives.
L’année dernière, il y a eu 43.000 IVG, soit deux fois moins qu’en 1990 où l’on en comptait 90.000. La même année, près d’un tiers des conceptions se sont terminées par une interruption volontaire de grossesse (31%). En 1995, plus de 4 conceptions sur 10 donnaient lieu à une IVG (41%).
Un scénario à la polonaise ?
La Hongrie pourrait donc devenir le second pays de l’Union Européenne, après la très catholique Pologne, à revenir sur ce droit des femmes au profit de la protection des embryons, ces « personnes humaines en devenir », selon leur statut en Droit médical. Une telle évolution était prévisible en Hongrie où l’Eglise catholique et les lobbies anti-IVG, comme c’est le cas en Pologne, ont une influence croissante sur la vie politique.
En Hongrie, ces lobbies exploitent notamment l’argument fallacieux du déclin démographique pour justifier la nécessité de rendre illégal l’IVG. « Fallacieux », car dans les pays développés, la réglementation de l’avortement n’a qu’une influence minime sur la natalité. En clair, l’impact démographique d’une telle mesure serait, selon toute probabilité, très faible et en aucun cas de nature à enrayer le déclin démographique de la Hongrie. La Pologne, dans une situation démographique similaire à celle de la Hongrie, n’a tiré aucun bénéfice démographique de sa législation adoptée dans les années 1990 rendant l’avortement quasi-illégal, ses taux de natalité et de fécondité continuant de plonger à des taux dramatiquement bas.
Au cours d’une conférence lundi, la député MSZP Agnes Kunhalmi aussi mis en garde sur le fait qu’un durcissement de la législation actuelle aurait surtout pour conséquence de pousser les femmes à avorter dans la clandestinité. En Pologne, plusieurs dizaines de milliers d’avortements clandestins ont lieu chaque année, entre 80 000 et 200 000, selon les estimations des associations féministes polonaises. Voilà peut-être ce qui attend les femmes hongroises.
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quand on melange religion et politique, les decisions sont toujours a l’encontre du bon sens !
cet article supplementaire, necessaire et judicieux, remet bien les choses en place 🙂
Quel tissu de contre-vérités !!!
« dans les pays développés, la réglementation de l’avortement n’a qu’une influence minime sur la natalité » Ah bon ? Rien qu’en France, 1 enfant sur 4 est tué ; on en est à 2 millions depuis 1998, plus de 7 millions depuis l’adoption de la loi Veil… (au passage, 1,7 millions auraient aujourd’hui été en âge de travailler, et donc de contribuer au financement des retraites… CQFD !!!)
« L’Eglise catholique et les lobbies anti-IVG, comme c’est le cas en Pologne, ont une influence croissante sur la vie politique » : il est vrai que la franc-maçonnerie, de retour depuis 1990 en Hongrie, n’est en rien un lobby, que les activités des associations gays et lesbiennes ne servent qu’à cultiver des fleurs tropicales en milieu humide !
« En Pologne, plusieurs dizaines de milliers d’avortements clandestins ont lieu chaque année, entre 80 000 et 200 000, selon les estimations des associations féministes polonaises » Alors là, c’est le summum : qu’en savent-elles ? Ces associations sont-elles bien neutres dans la communication de ces chiffres ? et quels chiffres ! du simple au double !!! L’auteur de cet article mériterait de retourner à l’école de journalisme (la vérification et la critique des sources font partie du B-A BA de cette profession…) Cela rappelle la campagne de presse lancée en France début des années pour parler des victimes des femmes avortements clandestins : l’aveu du trucage des chiffres n’est apparu que 30 ans plus tard, et n’a fait réagir personne…
A quand une nouvelle ligne éditoriale pour Hulala ? Y’en a marre de ce gauchisme dominant !
Comparaison avec la France peu pertinente. La Pologne est un exemple plus intéressant du point de vue hongrois car les contextes hongrois et polonais sont plus proches.
Comme ces estimations ne semblent pas plaire à xstophoros, un chiffre pour le tranquilliser :
Nombre d’avortements légaux enregistrés par l’Institut national de statistique en Pologne en 2005 = 225.
Un véritable miracle polonais !
Sauf que : Les taux de fécondité en Pologne n’ont jamais été aussi bas.
D’où : Légiférer sur l’avortement n’a aucune influence sur le nombre d’enfants souhaité, et ne touche donc pas au cœur du problème : donner l’envie de faire des enfants, seul facteur capable de redresser la natalité dans une société moderne où la contraception est facilement accessible et donc où la capacité de planifier et contrôler sa progéniture est forte.
Rendre illégal l’avortement, vue comme mesure nataliste isolée, est donc une politique vouée à l’échec.
« donner l’envie de faire des enfants, seul facteur capable de redresser la natalité dans une société moderne où la contraception est facilement accessible et donc où la capacité de planifier et contrôler sa progéniture est forte.
Rendre illégal l’avortement, vue comme mesure nataliste isolée, est donc une politique vouée à l’échec. »
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note perso: je place au meme niveau l’integrisme catholique que le gauchisme ^_^
note additionnelle :
je remarque que les integristes catholiques ont depuis des siecles un petit peu leur disque raye : les homos, l’IVG, l’etranger, bobonne a la cuisine…
il nous parlent jamais de l’amour de leur prochain, de l’acceptation de la difference, de la tolerance… je sais pas pourquoi… pourtant y’a un vieux bouquin qui en parle longuement ^_^ dommage que je me souvienne jamais du titre… ha si, je sais ! la bible ! ^_^
La caricature est facile… Je l’accepte d’autant mieux que le comportement dogmatique que vous me reprochez est exactement celui que vous affichez dans vos réponses !
Cordialement,
Xstophoros.
@ Dionysos : Merci pour la précision sur l’exemple polonais. Il est effectivement pertinent. Il est de même tout à fait exact que proscrire l’avortement ne fait pas désirer les enfants, et peut a contrario cristalliser les frustrations : d’où la nécessité de promouvoir une véritable de culture de vie et de l’amour, comme ciment de civilisation (ben oui, le_butch, on ne se défait pas de ses classiques…), qui tendrait à rendre caduque de facto une loi mauvaise, par défaut d’utilisation.
Nous sommes bien d’accord que le problème de la législation sur l’avortement (et de l’esprit qui le sous-tend) est le révélateur de problèmes de société bien plus profonds que le simple choix ou non d’avorter.
A ce propos, j’attire votre attention sur ce qui se discute en ce moment à Cancun, dans les couloirs, et des propositions de Ted Turner pour résoudre les problèmes de (soi-disant) surpopulation mondiale.
« Comparaison avec la France peu pertinente ». Moi je la trouve assez pertinente au contraire. Une grande partie de la population qui a des taux de natalites ridicules (autour de 1 enfant par femme) et une minorite qui ponds 3 enfants par femmes, laissant presager de graves problemes sociaux a l’horizon d’une generation. Ca me fait penser aux situations demographiques de la France et de la Hongrie a l’heure actuelle.