Entre 2000 et 3000 personnes se sont rassemblées en début d’après-midi devant le siège de l’Académie hongroises des sciences à Budapest. Formant une chaîne humaine autour du bâtiment, les manifestants ont dénoncé un projet de réforme gouvernementale perçu comme « une attaque contre les sciences ».
Plusieurs milliers de personnes – entre 2000 et 3000 selon Index – ont formé en début d’après-midi une chaîne humaine autour du prestigieux siège de l’Académie hongroise des sciences (MTA) au bord du Danube à Budapest. A l’appel du « Forum des travailleurs de l’Académie » (ADF), les manifestants ont dénoncé une réforme portée par le ministre à l’innovation et à la technologie, László Palkovics, consistant à redéployer la quinzaine de centres de recherche de l’Académie vers des organismes directement contrôlés par l’État.
« Lors des manifestations pour la défense de l’Université d’Europe centrale, on pouvait lire sur des pancartes : « à qui le tour ? ». C’est désormais nous qui sommes dans le viseur », a tonné devant la foule István Kenesei, linguiste membre de la MTA, en référence à la « Loi CEU » qui s’est soldée fin décembre par l’annonce du déménagement de l’université à Vienne pour la rentrée prochaine. « Nous sommes contraints à l’affrontement politique, c’est pour ça que l’ADF s’est élevé contre le « plan Palkovics » », a déclaré quant à elle Adrienn Szilágyi, historienne, actuellement en contrat post-doctoral à l’Académie.
Fondée en 1825, l’Académie des sciences est le principal organisme scientifique hongrois, employant plus de 5000 personnes à travers son réseau de centre de recherches et laboratoires. Le gouvernement avait déjà frappé un grand coup en juillet dernier, lorsqu’il avait annoncé la captation de 70% du budget de la MTA afin d’abonder un fonds directement contrôlé par le ministère à l’innovation et à la technologie et chargé de financer la recherche sur la base d’appels d’offres. Le président de l’Académie, László Lovász, s’était déjà ému du danger encouru sur l’indépendance de la recherche publique dans le pays.
Le « plan Palkovics » prévoit la création d’une « Société Lóránd Eötvös » – dont 75 % des administrateurs seraient nommés par le gouvernement – pour chapeauter les laboratoires en sciences dures. Un flou artistique règne en revanche sur le sort réservé aux sciences humaines sociales, dont les unités de recherche pourraient passer sous la tutelle des universités, également en plein chambardement.
L’objectif de la chaîne humaine de cet après-midi était également de mettre la pression sur le Conseil d’administration de l’Académie, qui s’est réuni en milieu d’après-midi. László Lovász est sorti du bâtiment un peu avant 15h pour prendre symboliquement possession de la pétition d’ADF, sans toutefois faire de déclaration.
Les chercheurs hongrois se mobilisent contre une « attaque à l’endroit des libertés académiques »