Ce sont naturellement la beauté et la grande harmonie de Pécs, admirablement préservées, qui frappent au premier regard l’œil du visiteur amené à arpenter les rues de la cinquième ville de Hongrie. Le chef-lieu du comitat (megye) de Baranya est indéniablement la perle de la Transdanubie méridionale et peut-être même du pays tout entier.
S’il n’est pas Hongrois, le badaud se sera sans nul doute égaré tant cette région, pourtant réputée pour son climat, ses paysages et ses vins, échappe encore aux circuits touristiques traditionnels focalisés sur la capitale magyare, Budapest. Malgré les sérieux atouts dont dispose la ville, cette dernière est néanmoins confrontée à d’évidents facteurs de fragilité qui constituent autant de défis à relever pour l’avenir.
Un sérieux potentiel touristique
Pécs dispose d’abord d’un patrimoine architectural à nul autre pareil. À chaque coin de rue, l’histoire – et plus particulièrement celle des occupations successives qu’a connues la ville – se révèle dans le bâti et la distribution urbaine. Le plan typique des villes romaines, articulé autour d’un axe Est-Ouest (le decumanus) et d’un axe Nord-Sud (le cardo), saute ici tout particulièrement aux yeux.
Dans un centre-ville en majeure partie figé depuis le XIXe siècle, la monumentale mosquée Gázi Kászim, vestige de l’occupation ottomane des XVIe et XVIIe siècles, retient immédiatement l’attention du promeneur. Transformée en l’église Notre-Dame-de-la-Chandeleur, elle trône sur Széchenyi István tér, cette fascinante place centrale, minéralisée puis rendue aux piétons lors du réaménagement urbain réalisé à l’occasion du choix de Pécs comme capitale européenne de la culture en 2010. Précisons d’emblée que la ville possède une autre mosquée, plus petite et plus méconnue, celle de Jakováli Hasszán, coincée entre deux bâtiments de la rue Rákóczi, à proximité d’un hôpital. Contemporaine de la première, la seconde a en revanche conservé son minaret puis finalement retrouvé son aménagement et sa vocation islamiques.
Sur Széchenyi tér s’élève également la statue équestre de János Hunyadi, régent de Hongrie et vainqueur des Ottomans devant Belgrade en 1456. On y trouve aussi l’imposant hôtel de ville, de pur style austro-hongrois. Devant ce bâtiment, débouche la majestueuse rue Király sur laquelle s’élève le théâtre national (Pécsi Nemzeti Színház), construit entre 1890 et 1895, la maison Vasváry (Vasváry Ház) ainsi que le monumental hôtel Palatinus, de style art-nouveau.
La place centrale de Pécs accueille encore la colonne de la Sainte Trinité, l’hôtel Nador (construit en 1846), le puits Zsolnay, décoré à l’éosine et installé en 1912 et enfin l’hôtel du comitat (megyeháza) achevé en 1898, à l’origine siège de la caisse d’épargne de Pécs-Baranya. Juste devant la grande mosquée est par ailleurs installé un monument rappelant l’occupation de la ville par les troupes serbes, entre 1919 et 1921, et évoquant les batailles menées par les régiments de la ville pendant la Première Guerre mondiale.
Le patrimoine religieux ne se limite pas, toutefois, à l’emblème qu’est désormais pour la ville la mosquée Gázi Kászim. Les trois grandes religions monothéistes y cohabitent. Parmi les nombreuses églises que compte Pécs, il faut commencer par l’immense cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul, reconstruite entre 1882 et 1891 qui s’avère parfaitement reconnaissable aux grands clochers carrés positionnés à ses quatre coins. À ses côtés se dresse le palais épiscopal, qui cohabite avec la barbacane, un des rares vestiges des fortifications médiévales de la ville, avec la portion du mur d’enceinte visible rue Citrom. À l’un des balcons de la résidence des évêques de Pécs, a été installée une statue du compositeur Ferenc Liszt, réalisée par Imre Varga. Dans les sous-sols de la cathédrale et du parc Saint-Étienne, les nécropoles paléochrétiennes témoignent de la présence précoce du christianisme, dès le IVe siècle, dans le sud de cette province romaine connue dans l’Antiquité sous le nom de Pannonie.
L’immensité du cimetière public de Pécs – un kilomètre de long pour cinq cents mètres de large –, installé au bord de l’axe principal au Sud de la ville, constitue un autre lieu de visite à part entière. On y trouve un secteur dédié aux soldats morts pendant la Première et la Seconde Guerre mondiale et par exemple un carré bulgare. Certains anciens soldats de la Grande Armée, soignés à Pécs après la bataille de Raab en juin 1809, et qui ont fait souche dans la ville, y sont même enterrés. La présence des soldats de Napoléon dans la région est d’ailleurs rappelée grâce au « monument aux Français », inauguré en 1908 sur les hauteurs de la ville.
Le patrimoine religieux ne se limite pas toutefois à l’islam ou au christianisme. À l’extrémité de la place Kossuth, de forme rectangulaire, complètement réaménagée entre 2008 et 2010 lorsqu’elle a été dotée d’un parking souterrain, Pécs possède une grande synagogue, bâtie en 1869 sur l’emplacement d’un premier édifice construit en 1843. Un peu à l’écart du centre-ville, au croisement des rues Alkony et Sziv, non loin de la gare ferroviaire, le cimetière israélite témoigne lui aussi de la présence d’une communauté juive dans la ville et ses environs. La Seconde Guerre mondiale lui porta néanmoins un coup fatal puisque presque la totalité de ses membres furent déportés et exterminés dans les camps de la mort nazis.
Un patrimoine naturel et paysager exceptionnel
Au-delà de la seule trame urbaine, l’environnement immédiat de Pécs mérite la plus grande attention. Installée au pied du massif du Mecsek occidental, la ville et le patrimoine naturel exceptionnel dont elle dispose peuvent être découverts d’un coup d’œil depuis la tour de télévision, bâtie en 1973, au sommet de laquelle sont installés un club et une terrasse panoramique. Avec ses 197 mètres, cette tour est d’ailleurs le plus haut bâtiment de Hongrie.
Plus bas, un panorama davantage centré sur la ville est également visible depuis la « statue de Niké » (Niké-szobor). Ce monument – désormais en très mauvais état – inauguré en avril 1975 pour le 30e anniversaire de la « libération » par les Soviétiques a été réalisé par Makrisz Agamemnon. Il est accessible à pied depuis la ville ou en voiture, via la « porte du Mecsek » (Mecsek kapu). Cette curiosité, marquant un point de départ pour les randonneurs, a été construite en 1936 en pierres naturelles, sous la forme d’un petit château, au bord de la route permettant l’accès au massif.
Un peu à l’Est de la statue de Niké, et plus près de la ville, le quartier de Tettye offre un autre superbe point de vue. Très apprécié des habitants, le cadre offert est davantage pittoresque. L’endroit permet de flâner parmi les ruines de l’ancienne résidence épiscopale construite dans la première moitié du XVIe siècle. Convertie en monastère derviche par les Ottomans, elle a été abandonnée après la reconquête de la Hongrie par les Autrichiens à la toute fin du XVIIe siècle.
Plus haut, au cœur du Mecsek occidental, le Jakab-hegy culmine à près de 600 mètres d’altitude. Sur le versant nord, de l’autre côté du massif, les localités installées sur les rivages des quatre lacs artificiels d’Orfű constituent pendant la belle saison un lieu de villégiature bucolique apprécié des Pécsois et des Pécsoises et parfaitement bien desservi par le transport public en autocars. Les plans d’eau offrent en effet des lieux de rafraîchissement bienvenus pendant les chauds étés que ne manque invariablement pas de connaître, chaque année, le Baranya. Le chapelet de petits villages installés tout autour de ces lacs offrent quant à eux de multiples solutions d’hébergement et de restauration pour les touristes.
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Au Sud de Pécs, c’est un tout autre paysage qui se déploie. L’activité viticole autour de Villány et de Siklós offre un paysage spécifique et, dans les petites localités du secteur, celui de villages-rue organisés autour de caves successivement alignées. Ces dernières, ouvrant à l’arrière sur les vignes et, à l’avant, sur un espace de commerce, ont été largement converties en lieux de vente et de dégustation. Bien distinct du vignoble de Villány-Siklós, le Mecsek possède d’ailleurs le sien propre, quelques kilomètres plus au Nord. Pécs est donc une ville de vin. Donnant sur le parc Saint-Étienne, à proximité de la cathédrale, on y trouve même la « maison du champagne », de la fabrique Littke, fondée en 1859. Celle-là dispose toujours sous ses locaux d’environ deux kilomètres de caves et continue encore aujourd’hui de produire des vins pétillants.
Un bilan culturel décevant malgré un environnement propice à la création
Le choix de Pécs comme capitale européenne de la culture, en 2010, a donc constitué une consécration de la dimension culturelle de la ville et de sa région. Cette reconnaissance, qui a suscité localement une légitime fierté, dépasse largement les seules limites patrimoniales évoquées jusqu’ici.
Ville de culture, Pécs l’est assurément à d’autres échelles. Celle qui a vu naître en 1906 le plasticien franco-hongrois Victor Vasarely (Győző Vásárhelyi) dispose d’un musée où sont exposées de nombreuses œuvres de l’artiste. En plein air, devant l’église des Pères Paulins, est installée une sculpture parmi les plus caractéristiques de son art optique. Les musées et galeries sont d’ailleurs nombreuses dans la ville. Les musées Janus Pannonius et Csontváry sont particulièrement reconnus pour la qualité de leurs collections.
Mais Pécs est aussi une ville de création. Le « Liverpool hongrois » a été le berceau de nombreux groupes de musique, nationalement reconnus. Qu’il s’agisse de Kispál és a Borz, Kiscsillag, 30Y, Pécs Aktuál X ou encore Pschyo Mutants, tous sont nés et attachés à Pécs. La ville possède de surcroît une forte tradition cinématographique puisque le cinéma Apolló et le cinéma Uránia, toujours en fonctionnement aujourd’hui, ont été respectivement ouverts en 1912 et en 1935.
Le Festival Made in Pécs, pour découvrir le « Liverpool hongrois »
Grâce aux financements européens, un nouvel élan a en outre pu être donné en termes d’équipements publics. Pécs s’est dotée en octobre 2010 d’une nouvelle bibliothèque régionale (surnommée « Kaptár ») de 13 000 mètres carrés, étroitement associée à l’université, et du superbe centre philharmonique Kodály, inauguré en décembre 2010 sur une surface de plus de 11 000 mètres carrés. Elle a surtout pu mettre sur pied le fameux centre culturel Zsolnay (Zsolnay Kulturális Negyed) sur le site même de l’ancienne manufacture de porcelaine.
Si la restauration et le réaménagement des bâtiments de l’usine constituent une indéniable réussite, la structure, inaugurée en 2011, une fois la saison culturelle européenne achevée, est relativement excentrée. Elle est en effet installée à un kilomètre et demi à l’Est du centre-ville, au cœur d’un quartier particulièrement défavorisé et dégradé. D’une taille démesurée pour la ville de Pécs, le quartier culturel est souvent désert et peine à trouver son public.
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Un handicap majeur : une région cul-de-sac
Malgré ses atouts, la région de Pécs constitue à l’échelle du pays une périphérie et un véritable cul-de-sac. La situation actuelle remonte à la modification du tracé des frontières de la Hongrie, inscrite dans le traité de Trianon signé en juin 1920 afin de solder les comptes de la Première Guerre mondiale. Frontalier de la Croatie, le comitat de Baranya est séparé de ce pays par la Drave, affluent du Danube, qu’il n’est possible de traverser qu’en seulement un seul endroit, au sud de la localité d’Harkány.
La rupture entre Tito et Staline, qui a conduit dès la fin des années 1940 à l’isolement de la Yougoslavie du reste de bloc de l’Est, les guerres de sécession des années 1990, enfin le long chemin vers l’intégration des Balkans occidentaux au sein de l’Union européenne ont contribué à figer une situation finalement peu conforme à la grande perméabilité qui avait préalablement caractérisé ce territoire du temps de l’Empire austro-hongrois. Jusqu’à la Première Guerre mondiale en effet, le royaume de Croatie-Slavonie disposait, en vertu du compromis croato-hongrois de juin 1868, de l’autonomie au sein de la couronne de Saint-Étienne (la Hongrie) ; à la manière d’ailleurs de celle dont jouissait la Hongrie elle-même au sein de l’Empire, en vertu du compromis austro-hongrois de février 1867.
S’il a pendant des siècles constitué une véritable interface entre la Croatie et la Hongrie, le Baranya, est désormais particulièrement enclavé. L’autoroute M60, construite entre 2008 et 2015, pourtant justement initialement destinée à rallier la Croatie, s’arrête tout net, au sud de Pécs, et n’a pas été prolongée. Conséquence directe de cette situation d’enclavement : la petite région culturelle de l’Ormánság – peuplé d’une forte population rom, et dont les paysages naturels restent très préservés – est toujours aujourd’hui considérée comme l’une des plus pauvres du pays.
L’aéroport de Pécs-Pogány, installé à neuf kilomètres au Sud de la ville, s’il compte parmi les cinq aéroports internationaux du pays, n’offre guère de solutions alternatives. La piste de 1 500 mètres, inaugurée en 2003, contraint fortement la taille et le poids des appareils opérables sur le site et interdit donc toute utilisation par les compagnies à bas coûts. Dès 2006, la ligne Pécs-Vienne est interrompue. Seules quelques liaisons avec la Grèce (Corfou) et la Bulgarie (Bourgas) sont un temps maintenues avant de cesser complètement en 2012. Le projet d’un vol régulier vers Munich, envisagé en 2016, n’a finalement pas abouti. Si, depuis 2015, le nombre de passagers annuels est en constante progression, il n’a pas dépassé toutefois les 6 000 en 2019.
La desserte par le réseau ferroviaire offre certes davantage d’opportunités sans être, elle non plus, complètement satisfaisante. Depuis Budapest, il faut compter au minimum trois heures pour couvrir les deux cents kilomètres qui séparent les deux villes, soit une heure de plus que par la route. Enfin, la rénovation intégrale de la splendide gare de Pécs, particulièrement dégradée, et qui devait intervenir en 2010, n’a finalement été achevée que fin 2015 avec le soutien de fonds de l’Union européenne.
Déclin ou mutation économique : une ville à la croisée des chemins
À l’image du pays tout entier, le déclin démographique de la ville de Pécs est inquiétant. Comptant désormais un peu plus de 140 000 habitants, cette dernière a en effet perdu 30 000 résidents depuis le début des années 1990. La ville, qui souffre, comme toutes ses semblables en Hongrie, de la macrocéphalie de Budapest – véritable aspirateur de population, de cerveaux et de capitaux –, dispose pourtant d’atouts qui lui permettent de demeurer un pôle d’attraction économique dans une région en difficulté.
Dès le milieu du XIXe siècle, Pécs a connu un certain essor grâce à l’arrivée du chemin de fer et en raison de l’installation de la manufacture de porcelaine fondée par Vilmos Zsolnay, dont les productions décorent les intérieurs bourgeois de toute l’Europe centrale et dont les tuiles vernissées couvrent et ornent toujours de nombreux bâtiments. À Pécs, c’est le cas du très bel hôtel des postes, construit en 1903 et 1904, dont le toit est entièrement recouvert de cette céramique colorée. Dans la capitale, c’est aussi celui du monumental et prestigieux hôtel Gellért ou de « Mátyás templom », c’est-à-dire l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, sur la colline de Buda.
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La brasserie de Pécs (Pécsi Sörfőzde) compte encore parmi les quatre plus gros établissements du pays. L’usine de tabac, fondée en 1912, est certes pour sa part devenue la propriété de la British American Tobacco, mais elle reste un employeur important du territoire ; tout comme la centrale électrique au charbon, récemment convertie à l’énergie biomasse par son propriétaire, Véolia. Le statu quo économique qui prévalait avant la chute du rideau de fer a pourtant été largement remis en cause depuis les années de la transition. Ainsi, la mine d’uranium, exploitée à partir de 1956, a définitivement fermé en 1997 malgré quelques velléités récentes de réouverture du site.
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La ville de Pécs, considérée au début des années trente, sous la plume de l’éminent géographe français Emmanuel de Martonne, dans la Géographie universelle de son beau-père Paul Vidal de La Blache, comme « une des rares villes de Hongrie où le commerce et l’industrie soient vraiment l’activité dominante », compte encore plusieurs usines de textiles ou de machines-outils (par exemple dans le quartier de Füzes). Dans ce paysage économique en mutation, les ouvriers d’hier ont progressivement dû céder la place. Les industries traditionnelles ont peu à peu été remplacées par les nouvelles technologies, à l’image de l’usine du groupe américain Harman, spécialisé dans les équipements audio, qui a mis sur pied un site de production dans la ville en 2016. La tertiarisation est en marche : les centres d’appel, et plus largement l’économie de service, s’y sont implantés. Malgré l’activité économique de Pécs, le Baranya reste néanmoins l’un des comitats les plus pauvres du pays : le niveau de son PIB se situe au quinzième rang sur les vingt que compte le pays (capitale comprise).
La ville de Pécs s’est donc graduellement étendue bien au-delà de son cœur historique, vers l’Ouest et l’Est mais d’abord essentiellement vers le Sud. Après la Seconde Guerre mondiale, des quartiers y ont été développés ou créés de toute pièce. C’est notamment le cas, au Sud-Ouest, du quartier d’Uránváros, destiné à répondre aux besoins liés à l’exploitation de la mine d’uranium. Mais la poussée s’est également faite au-delà de la limite constituée par la ligne de chemin de fer. Citons, pêle-mêle, les quartiers d’Északmegyer, de Kertváros – plutôt pavillonnaire et articulé autour d’un plan relativement circulaire centré sur l’église –, Málom – le « quartier du moulin » à proximité duquel le lac Keszü attire les ballades dominicales des riverains –, Árpádváros, Nagyárpád, Postavölgy ou encore Kispostavölgy. Mais le quartier résidentiel le plus grand et le plus peuplé de la ville Pécs est sans conteste celui de Megyer où la densité et la présence des grands ensembles est forte.
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Dans ce paysage, l’université reste un acteur économique et social essentiel. Si elle ne comptait plus, en 2019, que 20 000 étudiants hongrois et 5 000 étudiants étrangers – après avoir dépassé 35 000 inscrits en 2006 – Pécs demeure une grande ville étudiante, largement ouverte sur l’étranger. Trouvant ses origines dans l’université médiévale fondée en 1367, disparue trente ans plus tard, dès la fin du XIVe siècle, elle est reconstituée en 1923 avec le déménagement à Pécs de l’université hongroise Elizabeth de Bratislava. Dans cet environnement universitaire, la faculté de médecine occupe une place prépondérante. Elle dispose de nombreux établissements médicaux qui quadrillent littéralement la ville. Ce n’est ainsi pas tant les hôpitaux qui accueillent dans leurs services l’université, mais bien l’université qui accueille en son sein de multiples activités hospitalières.
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La vigueur de la vie nocturne de la ville – dont les nombreuses boîtes de nuit (telles Pécsi Est Café ou Pécsi Sörház) et les bars (tels Csinos Presszó, Cooltour Café, Blöff Bisztró, Kiskorsó ou encore Nappali) constituent de parfaites illustrations – doit beaucoup à cette jeunesse venue des quatre coins du monde. Celle-là n’est sans doute pas étrangère au succès rencontré par le « mur de cadenas » (Pécsi lakatfal). Par son intermédiaire, les amoureux se jurent un amour éternel en attachant aux différentes grilles installées à cet effet – et qui constituent désormais une curiosité de la ville – un cadenas porteur de leurs initiales respectives.
Pour autant, le dynamisme relatif de cette « économie universitaire » sera-t-il à lui seul suffisant pour assurer durablement un avenir radieux à la ville de Pécs et à sa région ? Rien n’est moins sûr, notamment si les autorités ne sont pas en mesure d’offrir sur place des perspectives aux jeunes talents qu’elles forment. Par ailleurs, le potentiel touristique – source de développement et de revenus particulièrement tributaire des aléas de la conjoncture – reste encore sous-exploité malgré les ambitions affichées de la municipalité. À cet égard, le basculement politique de la ville, dont le maire membre du parti au pouvoir, le Fidesz, a été remplacé par un représentant de l’opposition lors des élections municipales d’octobre 2019, ne semble pas devoir fondamentalement révolutionner la stratégie de la ville en la matière.