Au « Műpa » Iván Fischer fait briller ses musiciens de l’ombre

Samedi dernier le Palais des Arts de Budapest (Művészetek Palotája) proposait un concert du Budapest Festival Orchestra au programme plutôt léger : deux pièces du compositeur Ernő Dohnányi et la 8e symphonie d’Antonin Dvorak, sous la direction d’Iván Fischer. Après une première salve d’applaudissements mérités, le chef d’orchestre a pris une initiative surprenante qui s’est avérée être le grand moment de la soirée.

« Les seconds violons sont souvent désavantagés car la mélodie principale est toujours jouée par les premiers. Ainsi, ai-je décidé de faire jouer le bis de la pièce de Rachmaninov – « Vocalise » – par les seconds violons », a annoncé le chef d’orchestre Iván Fischer. Les virtuoses du second violon se sont alors levés et ont magnifiquement interprété ce morceau du grand compositeur russe. On avait rarement vu des musiciens aussi radieux que ce soir-là. Pour une fois, les « travailleurs » de l’orchestre ont eu l’occasion de montrer leur talent au public heureux et reconnaissant. Que dire également du geste du chef d’orchestre à l’attention de ses collaborateurs habituellement moins en vue ? Il explique en partie le succès mondial d’un orchestre hongrois souvent confronté aux difficultés financières. Car le professionnalisme, le travail, mais aussi la solidarité, l’empathie et la motivation, sont des ressources qui ne s’achètent pas.

Mihály Rózsa

16 Comments
  1. Voilà une belle initiative, même si l’on pourrait en faire de même pour chaque corps de métier (= chaque groupe de musiciens jouant un instrument identique).

    Quand j’étais adolescent, j’allais souvent au concert ou à l’opéra du fait d’être le fils d’une mère cantatrice, laquelle avait une totale indifférence pour tous les acteurs de l’ombre d’un spectacle (les éclairagistes, les manutentionnaires déplaçant les décors, etc) et révélait même un mépris profond pour eux lorsqu’ils se mettaient en grève (« tous des fonctionnaires qui ne pensent qu’à leur confort, leur fric et n’ont aucun sens de l’art! ») empêchant ainsi la tenue du spectacle. Et pour toutes ces petites mains qui cousent les costumes dessinés par le décorateur qui était le seul a être valorisé, et lorsque un jour j’émis l’hypothèse qu’on mette en valeur chaque acteur ou groupe d’acteurs (outre les chanteurs) d’un spectacle, elle me répondit, outre que je ne comprenais rien et avais des idées stupides comme d’habitude, que « c’est normal, lui seul a eu l’idée, les autres ne font qu’appliquer: ils ne sont rien, et ne doivent rien exiger, obéir est leur seul droit! S’ils veulent être quelqu’un, ils n’ont qu’à créer, mais ils en sont incapables » [je regroupe divers propos entendus de sa bouche – j’en ai toujours ressenti beaucoup d’injustices et ça m’écoeure toujours…! Mais je n’ai pas pu réparer cette injustice, ayant renoncé à développer mes éventuels « dons artistiques », beaucoup parce qu’ayant vu l’envers du décor, cette sombre réalité où seuls quelqu’uns sont valorisés et les autres sont rien que des outils, des numéros, corvéables à merci – sous l’appelation « équipe », alors que chacun a un talent qui mérite certainement un minimum de considération, sinon de prise en compte. J’ai eu sans doute tort, mais cette observation faite dans ma jeunesse, je l’ai faite pareillement en tout domaine social, économique, industriel, etc… Et je n’ai qu’une conclusion: quel gâchis!)

    Un article (canadien) évoque ces musiciens de l’ombre:
    http://www.lapresse.ca/la-tribune/arts/201110/30/01-4462710-adisq-les-musiciens-de-lombre.php

  2. Michel, bonsoir,
    En français les si n’aiment pas les R.
    Donc, même si l’on pourrait en faire de même pour chaque corps de métier, devient :
    Donc, même si l’on pouvait en faire de même pour chaque corps de métier.
    Amicalement, Zsák.

  3. Non monsieur Zsák, employer un imparfait signifie que l’on évoque une situation passée ou impossible,
    or j’évoque ce qui serait possible aussi – tout de suite ou à l’avenir, de préférence proche:
    ainsi l’emploi du conditionnel est justifié!

    Complément d’info:
    Voilà comment on traite ou on a traité les costumières à l’opéra de Paris:
    http://www.liberation.fr/economie/0101516438-l-atelier-costumes-craque

    Rien d’original, sans doute, de nos jours, cependant même là… – et sans doute en d’autres opéras de par le monde!

    Point de discussion enflammée ou non ici, pas même un commentaire sur cet article:
    on consomme et peu importe comment les choses se passent en coulisses!
    ça n’intéresse personne ici probablement: quel dommage!
    Il y aurait pourtant matière…

  4. D’accord, Michel,
    Vous avez certainement raison, mais admettez que dans une rubrique musicale , ce  » si l’on pourrait » fait mal aux oreilles. 🙂
    Zs.

  5. Alors si cela ne sied à votre fine ouïe et à votre bel esprit que je sois mesuré ou suggestif, disons:
    « Voilà une belle initiative, qu’on devrait appliquer à chaque corps de métier à l’opéra, dans l’art, etc et partout »
    ou plus directe encore:
    « Voilà une belle initiative, qu’on doit illico presto appliquer sans modération à chaque corps de métier (-) »

    ça vous plaît ?
    Musique!

    https://www.youtube.com/watch?v=U1o_Q_SPHyM

  6. Quel que soit la forme que vous adopterez, mes chers amis, pour exprimer vos sentiments plus ou moins conditionnels, deux choses sont sures , qui vont nous mettre d’accord:
    – Vive la musique, la plus belle invention de l »Homme (et qui, surtout depuis l’immense Beethoven, nous apporte tant de réconfort et de courage),
    – Vive Iván Fischer, un tres grand chef (de plus modeste) qui, par ses tournées avec ce merveilleux orchestre du Festival, sert infiniment mieux l’image de son pays que tous nos politiciens oiseux..
    (Ceci dit, je me range du coté de Zsak pour confirmer que, si mes souvenirs d’école sont justes, la conjonction SI ne tolere qu’un imparfait. Et, elle bien intolérante, a la différence de son homonyme la note, mais ainsi est faite notre langue..)

  7. Michel, cette symphonie me plait énormément. Mon casque audio sur les oreilles, j’aime lire sur le web.
    Pierre, la musique nous rapproche, là est l’essentiel.
    Merci à vous deux et puis aussi belle soirée à tous!
    Zs.

  8. Messieurs
    J’ai le regret de pouvoir vous dire que le contexte d’emploi du conditionnel est justifié sans contrevenir à Si:
    Voilà une belle initiative, même si l’on pourrait en faire de même pour chaque corps de métier
    ou Voilà une belle initiative, même si l’on peut en faire de même pour chaque corps de métier
    Finalement je préfère:
    Voilà une belle initiative, mais l’on pourrait en faire de même pour chaque corps de métier

    C’est pour éviter la répétition de « même » que je me corrige
    et non en application de la règle dite: « la conjonction SI ne tolère qu’un imparfait »
    Si cette règle existait, l’on ne pourrait pas dire:
    Si tu ne fais pas ton devoir, tu n’auras pas de dessert ! = C.C. d’hypothèse
    Il faudrait obligatoirement dire; si tu ne faisais pas (-), tu n’aurais pas (-) qui est 2e possible et non le seul
    vu là http://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-34131.php

    Nous ne pourrions pas non plus dire: si vous avez raison, j’ai tort
    — quoi qu’on puisse dire aussi: si vous aviez raison, j’aurais tort ou j’avais tort
    http://www.francaisfacile.com/exercices/exercice-francais-2/exercice-francais-65758.php
    http://www.francaisfacile.com/cours_francais/la-conjonction-si
    Si tolère d’autres temps que l’imparfait vu:
    http://grammaire.reverso.net/3_1_51_si_conjonction.shtml

    Ceci dit, les musiciens de l’ombre vous sont tout aussi indifférents que les autres métiers de l’ombre
    puisque la musique vous éblouit tous les deux au point d’omettre le moindre sentiment sur l’objet de cette page! Vous êtes tout à fait conforme à la norme, et moi, un empêcheur d’oubli absolu de ceux qui nourrissent le rêve, le plaisir ou le confort!

    J’attends ou j’espère toujours votre avis là-dessus (= ces hommes/femmes artistes de l’ombre)

  9. @mich,
    bien sur que nous approuvons totalement l’initiative d’Iván Fischer et éprouvons tout autant de respect pour ce que vous et l’auteur appellez les « musiciens de l’ombre ». Cette notion de « musicien de l’ombre » me gene.
    Comme il n’y a qu’une Musique, la bonne (qu’elle soit classique, moderne, de jazz ou rock) contre la mauvaise, il n’y a pas plusieurs sortes de musiciens: uniquement les bons (qu’ils soient au premier ou dernier rang) face aux mauvais (parfois au premier rang..).
    Restons donc unis par la musique et ne commencons pas a polémiquer inutilement !!!

    (Méchant conme une teigne, Debussy déclarait: « Il y a trois sortes de musique, la bonne, la mauvaise et celle d’Ambroise Thonmas »…)

  10. Michel,tu te goures et tu t’entêtes et tu n’évites pas la répétition.Mais bon, je ne suis pas prof de français, Mon ancien professeur me renvoi à Jouette. Et lui ( André) n’a pas l’état d’âme de Pierre et de moi-même !
    La conjonction si , souvent suivie de l’imparfait, n’admet le futur et le conditionnel que dans deux cas:
    a) après le verbe savoir……
    b) lorsqu’il y a opposition ou concession…
    Si tu fais des concessions, nous admettrons( les si n’aiment pas les r , comme premier verbe, comme deuxième, ils s’en fichent..)
    Pour les musiciens de l’ombre et bien c’est bien souvent le sort de chacun.
    Il me souvient une autre vie, où comme conscrit, nous étions 2000 sous fifres à nous occuper d’objets volants identifiés et de n’être que les oubliés de ces dieux que sont les pilotes.
    Pas de quoi s’énerver…

  11. zsak@,tu te goures et tu t’entêtes et tu n’évites pas la répétition

    Pourquoi serais-je condamnable de fournir les éléments qui justifient l’emploi du temps donné ?
    Sans doute parce que selon vous je dois obtempérer sans discuter, votre parole est d’évangile ou vous êtes le chef et moi le minus! Vous voulez avoir le dernier mot, avoir raison à tout prix: ok!

    Donc on ne peut pas dire (selon vous) et les exemples trouvés sur le web sont faux (selon vous):
    « Voilà une belle initiative, même si l’on peut en faire autant pour chaque corps de métier »
    « Si tu ne fais pas ton devoir, tu n’auras pas de dessert ! »
    « Si vous avez raison, j’ai tort »

    Aux lecteurs cependant un conseil: prenez garde et voyez la documentation en ligne ou le Grévisse…

  12. @Michel
    VARIATION EN SI MAJEUR
    Inutile de consulter le Grévise. C’est une question de bon sens.

    La conjonction SI ne tolere que le mode indicatif., mais en aucun cas le mode conditionnel.
    Par contre, elle tolere effectivement soit le présent, soit l’imparfait.

    Différence:

    Dans le cas de l’imparfait, il s’agit d’évoquer un fait qui n’a pas lieu ou est impossible. Exemple:
    « Si j’avais une kalachnikoff, je descendrais volontiers certains gouvernants.. »
    Mais je n’en ai pas (de kalachnikoff) et ne pourrai donc pas réaliser ce souhait (dommage!).
    Equivalent hongrois: le conditionnel: « Ha lenne egy puskám, szívesen kinyírnám…. »)

    Par contre, avec le présent, l’éventualité évoquée reste dans le domaine du possible:
    « Si (jamais) tu viens, n’oublie pas de me rendre mon livre »
    Presque dans le domaine du probable (a l’instar du hongrois HA suivi du présent qui signifie « QUAND »
    (« Ha -majd -jösz, akkor add vissza könyvemet !… »)

    Mais nous voici bien loin de la Musique qui ad oucit les moeurs et d’Iván Fischer, que nous aimons tous autant et a qui il est important de rendre ici hommage.

    Soyons donc amis (je le suis déja avec Zsák) et ne nous battons pas pour un SI.

  13. Au hasard d’une recherche, j’ai découvert une admirable émission sur France 3:
    http://www.france3.fr/videos/71741007
    Promenades musicales à Budapest

    admirable pour les musiques (classique avec le violoniste français Laurent Korcia et la pianiste hongroise Adrienne Krausz; tzigane et danse traditionnelle), les images et les mots – si bien que pendant la durée de l’émission j’en ai oublié la « noire » Hongrie contemporaine et ces gens racistes et xénophobes qui se répandent à coup de refrains délirants dans les commentaires par exemple du journal Hulala (Pourquoi Hulala n’a-t-il pas évoqué cette émission ?), lequel reflète le plus souvent toutes les noirceurs de la vie politique, économique ou sociale hongroise – tout comme la plupart des médias occidentaux qui parlent de la Hongrie comme ils parlent des banlieues fr, c’est-à-dire en mal, ne relevant que le pire à chaque fois qu’il s’en produit, et rien ou presque sur ce qui est bien!

    Merveilleux instants donc qu’il est possible de voir et d’entendre 7 jours jusqu’à samedi 3/11/12 en France

    A l’étranger et au-delà de cette date en France:
    http://www.dailymotion.com/video/xunntb_promenades-musicales-a-budapest-avec-laurent-korcia-du-28-10-12_tv

  14. D’accord avec Mich et retrouvons-nous, ne serait-ce qu’un instant, autour de la musique qui est censée adoucir les moeurs.
    De plus, un art ou les Hongrois excellent.

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