Le temps ne serait-il pas venu d’une ouverture à l’Ouest ?

Le président égyptien al-Sissi s’est rendu à Budapest au début du mois de juillet et a assisté à une rencontre du Groupe de Visegrád. L’occasion pour le mensuel de droite Heti Válasz de constater l’échec de la doctrine d’ »ouverture vers l’Est » prônée par le Fidesz.

Article publié le 4 juillet 2017 sur le site internet du journal Heti Válasz sous le titre « Nem lenne ideje egy nyugati nyitásnak? ». Traduite du hongrois par Paul Maddens.

Lors de la visite du président égyptien al-Sissi, il a été question du développement des échanges économiques. Le poids de nos relations commerciales avec le Sud et l’Est s’est à peine accru. D’autre part, il n’y a pas pour l’essentiel de rencontres bilatérales avec les dirigeants occidentaux qui commercent le plus avec nous dans l’Union européenne.

Les Premiers ministres des « 4 de Visegrád » ont rencontré le président al-Sissi qui est arrivé à Budapest hier. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue au Vigadó, Viktor Orbán s’est focalisé en premier lieu sur la question migratoire : il a remercié l’Egypte pour les efforts faits pour fixer sur place les millions de réfugiés présents dans le pays, pour les approvisionner et pour améliorer leur sort.

« La Hongrie, qui est située dans la partie sud de l’Union européenne doit particulièrement remercier le président Égyptien pour son travail qui protège aussi les frontières hongroises » – a souligné le Premier ministre. Viktor Orbán a parlé avec insistance du fait qu’il faut développer les relations économiques entre l’Egypte, la Hongrie et les Etats de Visegrád car « cette coopération est loin d’être ce qu’elle pourrait être« .

A la lecture du reportage de MTI (ndlr : l’agence de presse hongroise), il m’a semblé qu’en ce qui concerne l’Egypte, j’avais déjà entendu ce genre de choses de la part du Premier ministre. Après une petite recherche, j’ai trouvé un compte rendu de 2011, préparé à la suite d’une rencontre avec Hosni Moubarak qui était alors au pouvoir. Le dirigeant hongrois avait alors évoqué l’importance des liens économiques à construire avec les pays arabes.

Il y a six ans et demi, l’ouverture vers l’Est et le Sud était encore une nouveauté et il n’était guère possible de prédire alors à quel point cette stratégie serait fructueuse. Après sept années, il apparaît que l’objectif légitime de diversification des exportations n’a pas progressé d’un iota. La part des exportations vers l’UE qui était alors de 77%, elle aujourd’hui de 80% selon les données les plus récentes de KSH (ndlr : le Bureau des statistiques). Nous nous sommes plutôt éloignés de l’objectif affiché de 30% de part de commerce avec les pays hors-UE. Précisons à propos de l’Egypte qu’il y a du progrès, mais:

– le doublement des exportations hongroises sur la période 2012-2016 part d’une base faible ;

– en quatre ans nos exportations en direction de l’Egypte sont passées de 30 à 56 milliards de forints.

Sur d’autres fronts, la situation n’est pas meilleure : nos exportations vers l’Asie, vers l’Afrique ou les pays européens hors-Union européenne sont faibles. En dépit des rencontres bilatérales du plus haut niveau avec les pays ciblés par cette offensive économique qui se sont déroulées ces dernières années, de la Moldavie à la Géorgie jusqu’à la Mongolie et au Kazakhstan, en passant par la Turquie.

Pendant ce temps, les rencontres bilatérales avec les dirigeants des pays membres de la même union que nous, avec lesquels nous commerçons le plus et desquels proviennent le plus d’investissements, et dans lesquels vivent le plus grand nombre de nos concitoyens, sont aussi rares que le corbeau blanc.

Le Premier ministre rencontre ses collègues de l’Ouest tout au plus lors des sommets de l’Union. Parmi eux, en novembre, la Première ministre britannique Theresa May a reçu Viktor Orbán pour une rencontre bilatérale.

Parmi eux, c’est Alexander van der Bellen, chef d’Etat autrichien sans pouvoir, qui a été le plus récent invité à Budapest, il est venu chez nous au milieu du mois de Juin. Avant lui, personne, et pendant une longue période.

Le temps ne serait-il pas venu d’une ouverture à l’Ouest ?