La Coupe du Monde et le Rugby vus de Hongrie

Dimanche à 10h du matin – heure de Budapest – la finale de la Coupe du Monde de Rugby (RWC) opposera le pays organisateur, la Nouvelle-Zélande, à la France. Mais en Hongrie, où ce sport est encore quasiment inconnu, les fans de l’ovalie auront du mal à trouver un bon endroit pour se rassembler et voir ce match dans une ambiance fidèle à celle qu’ils trouveraient dans un vrai pays de rugby. Notre rédaction a donc demandé conseil à Tibor, l’un des rares rugbymen hongrois. Ce trois-quart centre de l’équipe Medvék de Budapest nous a également accordé un entretien sur le rugby et la Hongrie.

Où voir la finale de la RWC ?

Bien sûr, le Café Dumas, au rez-de-chaussée de l’Institut français de Budapest, offrira la possibilité de boire un verre devant la finale. Pour ceux qui affectionnent les ambiances communautaires et « pépères », l’amphithéâtre de l’IFB ouvrira exceptionnellement ses portes et diffusera le match sur écrant géant, mais les boissons y seront interdites. Reste alors l’option conseillée par Tibor : le Caledonia Pub, un bar scottish de Pest, situé sur Jókai tér dans le 6ème arrondissement. « La semaine dernière avec mes amis j’ai regardé les demi-finales là-bas. Il y avait aussi des Français qui étaient très heureux » nous dit-il.

Une victoire française « honteuse » en demi-finale

Lorsqu’on demande à Tibor quel sera son favori en finale dimanche, sa réponse est déterminée par les matchs du week-end dernier : « Après avoir vu le match de la France contre le Pays de Galles, je suis pour les All Blacks. Désolé, mais la manière dont la France a gagné sa demi-finale est une honte. A 15 contre 14 les Français n’ont pas été capables d’inscrire un seul essai ni de gagner plus largement que d’un petit point. Mais j’espère quand même voir un beau match dimanche ». Tibor n’a pas tort… Toute la semaine, y compris du côté des experts français, le terme récurrent pour décrire les chances françaises dans cette finale était justement… « la chance ».

Un sport insignifiant en Hongrie

« La pratique du rugby est très marginale et on ne peut plus amateur en Hongrie. Il y a très peu de clubs, qui doivent fonctionner dans des conditions très mauvaises, et très peu de joueurs. La Fédération demande beaucoup d’argent aux clubs, mais ne leur rétribue presque jamais rien. De cette manière, le rugby hongrois ne va nulle part », affirme Tibor. « Nous, avec le Medvék (photo), on s’entraîne dans un parc. Nous n’avons ni vestiaires, ni douches, ni lumières. Lorsqu’on rentre de l’entraînement à la maison, on est vraiment sales » ajoute-t-il.

« De toute façon, si tu parles de rugby en Hongrie, les gens pensent encore au football américain ! Il n’y a qu’une petite communauté qui connait ce sport, et ce sont d’ailleurs souvent des étrangers qui vivent ici », explique Tibor. Il nous donne également un exemple très parlant pour évoquer la différence de traitement entre le rugby et les autres sports en Hongrie : « Notre quotidien sportif national, Nemzetisport, traite l’actualité de tous les sports, mais pas un seul mot sur la Coupe du Monde de Rugby ! Pourtant c’est un événement qui est suivi par des dizaines de millions de gens dans le monde ».

En rugby, la Hongrie peut jalouser la Roumanie

L’équipe nationale de rugby de Hongrie joue dans la division 3B du championnat européen des nations. En 2009, elle était classée 64ème par l’International Rugby Board (IRB). « J’aimerais bien voir la Hongrie jouer la Coupe du Monde un jour… mais au point où on en est, il nous faudra attendre au moins 15 ou 20 ans » confie Tibor. Quant à la présence de l’équipe de Roumanie (classée 17ème à l’IRB) à la Coupe du Monde depuis la création de la compétition en 1987, il ne se l’explique pas : « Je ne comprends pas comment les Roumains peuvent être aussi forts et si reconnus… Pourtant, je ne pense pas que les conditions de leur rugby soient meilleures que les nôtres ».

Sur l’exemple de la Roumanie, Tibor se trompe. Il ne se doute peut-être pas que là-bas, le rugby est considéré comme un sport Made in France, populaire depuis le début du XXème siècle et les premiers échanges universitaires entre la Roumanie et la France. Jusqu’au début des années 80, la Roumanie rivalisait largement avec les grandes nations du rugby européen. En 1980, la Fédération de rugby roumaine comptait 13 000 inscrits.

crédit photos : www.medvek.rugby.hu

1 Comment

Leave a Reply

Your email address will not be published.