La Cour internationale de justice (CIJ) a rendu son avis sur la légalité de la déclaration d’indépendance du Kosovo : selon elle, elle est en conformité avec le droit international. Un précédent qui pourrait avoir des conséquences en Europe centrale et dans les Balkans.
C’est un terrible revers diplomatique que vient de subir la Serbie dans sa lutte pour maintenir son intégrité territoriale. Car même si cet avis n’a rien de contraignant, il va encourager de nombreux États qui attendaient que se prononcent la CIJ avant de reconnaître le Kosovo indépendant, et donc justifier un peu plus son nouveau statut.
Cinq pays de l’Union européenne, eux-mêmes particulièrement soucieux quant à d’éventuelles menaces pesant sur leur intégrité territoriale, refusent toujours de reconnaître le nouvel Etat : l’Espagne en raisons des séparatistes catalans et basques, la Grèce et Chypre, ainsi que la Slovaquie et la Roumanie, en raison, bien sûr, de la présence d’importantes minorités hongroises.
Le président slovaque, Ivan Gašparovič, a demandé que la Slovaquie persiste et ne reconnaisse pas l’indépendance du Kosovo. De son côté, le ministère roumain des affaires étrangères a fait savoir qu’en l’état actuel des choses et sans plus de précisions de la part de la Cour Internationale de Justice, elle ne reconnaissait toujours pas le Kosovo comme un état indépendant.
Dans les Balkans, les Serbes de Bosnie vont probablement utiliser ce précédent à leur avantage pour faire valoir la légitimité de leur revendication d’indépendance de la Republika Srpska de Bosnie-Bosnie-Herzégovine. A l’extrémité orientale de l’Europe, cette décision pourrait aussi avoir des conséquences au Caucase, notamment sur les régions séparatistes géorgiennes d’Ossétie du Sud et d’Abkhazie, soutenues par Moscou.
La Cour a insisté sur le fait que le Kosovo était traité comme un cas particulier et que son avis ne saurait conférer des droits à d’autres séparatismes. Vladmir Tchijov, l’ambassadeur pour l’Union européenne du plus grand allié de Belgrade, la Russie, ne voit pas la situation du même œil et ne s’est pas fait prier pour réagir : « N’importe quelle décision, même un avis consultatif comme celui de la Cour, peut être perçu et peut être utilisé comme un précédent par de nombreuses personnes à travers le monde. […] Il y a des dizaines, sinon des centaines de régions dans le monde où la délibération de la Cour a été suivie de très près », a-t-il prévenu.