En début de semaine, le Parlement hongrois a largement voté en faveur de la mise en place du projet gouvernemental controversé : la refonte totale du secteur des médias. Malgré les critiques virulentes de l’OSCE, quelques jours auparavant.
Voté lundi avec 245 voix contre 92, le décret stipule que la réforme doit assurer « un service public des médias libre et indépendant, la liberté d’expression et de la presse, garantir l’indépendance, l’équilibre et l’objectivité de l’information et l’indépendance de la télévision hongroise, de la radio hongroise, de Duna Television, et de l’agence MTI, sous le contrôle de la société. »
Au début de la semaine précédente, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) avait porté un sérieux coup au projet de réforme du gouvernement hongrois en le qualifiant de « menace pour la liberté de la presse”. Dans une lettre adressée au ministre hongrois des Affaires étrangères, Janos Martonyi, la représentante de l’OSCE pour la liberté des médias, Dunja Mijatović, pressait le gouvernement de faire marche arrière, sous peine de « restreindre considérablement le pluralisme des médias, de réduire l’indépendance de la presse, d’abolir l’autonomie des médias de service public et d’imposer un effet paralysant sur la liberté d’expression et le débat public, tous essentiels pour la démocratie. » Ces critiques ont depuis été reprises par un grand nombre d’organes de la presse européenne.
Bruxelles, saisie par des députés issus de plusieurs pays européens, a, de son côté refusé, de s’immiscer dans le débat qui agite la Hongrie. « La Commission européenne est pleinement dédiée à la protection des libertés fondamentales. Toutefois, le corps exécutif de l’UE ne voit à l’heure actuelle aucune raison d’intervenir », a estimé Neelie Kroes, commissaire européen en charge de ces questions.
L’enjeu est de taille car c’est tout le paysage médiatique public qui se trouvera bouleversé par cette vaste réforme. Concrètement, la télévision nationale MTV, la radio nationale MR, ainsi que la télévision par satellite Duna TV et l’agence de presse MTI vont être regroupées au sein d’une même entité appelée „NMHH” dont le chef sera nommé par le Premier ministre lui-même, pour une période de neuf ans. Le Parlement, où la Fidesz de Viktor Orban détient les deux-tiers des sièges nommera les membres de son conseil d’administration… Ceci concerne la première partie de la réforme, qui a déjà été adoptée au mois de juillet, par 260 voix contre 86. Les décrets restant à passer, ce mois de septembre, auront pour objet la création d’un Conseil des médias qui jouera le rôle d’autorité de régulation du secteur et la nomination, pour neuf années aussi, de son chef.
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Bah, comme en France quoi…
De plus, je crois savoir que jusqu’à maintenant, ce n’est pas le cas.
Espérons que la Hongrie finira pas avoir une véritable liberté de la presse.