Chose promise, chose due ! La Slovaquie a amendé à son tour son « code de la nationalité » mercredi, quelques heures seulement après le vote du parlement hongrois en faveur de l’octroi facilité de la citoyenneté hongroise aux Magyars d’outre-frontière.
La nouvelle législation slovaque prévoit qu’à partir du 17 juillet, tout citoyen slovaque pourra être déchu de sa citoyenneté à deux conditions : s’il décide d’y renoncer volontairement, ou s’il dépose une demande de citoyenneté auprès d’un autre pays. L’amendement a été approuvé par 90 des 115 députés présents. Ne seront pas concernés les cas où la citoyenneté est acquise par le mariage ou la naissance.
« La double citoyenneté est un phénomène indésirable, compte tenu du fait qu’elle engendre un attachement à deux pays simultanément. En raison des droits et des devoirs que cet attachement implique, des problèmes sérieux peuvent se produire dans la pratique », a estimé le Premier Ministre Robert Fico, qui redoute que la citoyenneté hongroise soit offerte à grande échelle.
L’extrême-droite slovaque se régale
Le leader du Parti national slovaque (SNS), Ján Slota, a invité, ni plus ni moins, les Hongrois à quitter le pays par l’élégante formule suivante : « Quiconque ne veut pas vivre en Slovaquie en relations amicales avec la nation majoritaire doit passer de l’autre côté du Danube ». Il a appelé les partis slovaques à ne pas négocier avec les deux partis hongrois (SMK-MKP et Most-Híd) « clairement hostiles à la Slovaquie et à la nation slovaque » pour former le gouvernement après les élections du 12 juin.
Peu après le vote, la vice-présidente du SNS, Anna Belousovová, a mis en garde les Hongrois de Slovaquie, estimant que les individus déchus de leur citoyenneté slovaque ne rencontrerons pas de problèmes particuliers …dès lors qu’ils n’enfreignent pas les lois slovaques. « Toute personne choisissant volontairement une autre citoyenneté devrait le faire en étant consciente des conséquences : elle deviendra étrangère en Slovaquie et sera traitée comme une étrangère (y compris par les expulsions) si elle viole la loi ».
La minorité hongroise a « bon dos »
Effectivement l’enjeu soulevé par la Hongrie est de taille pour ce petit pays car sa minorité hongroise est forte d’un demi-million d’individus qui constituent 10% de la population totale, regroupés le long de la frontière hongroise, dans des régions où paradoxalement ce sont les Slovaques qui se retrouvent en position de minorité. La continuité de peuplement entre les Hongrois de part et d’autre de la frontière est presque parfaite. Cette configuration permet donc d’imaginer une modification du tracé de la frontière pour réunir les Hongrois. Et cela alimente les fantasmes des extrémistes slovaques toujours prompts à entrevoir des projets séparatistes de la part des Hongrois. Quand bien même la Hongrie a officiellement renoncé à sa politique irrédentiste.
Il faut dire qu’en Slovaquie, tout comme en Hongrie, la minorité hongroise est un outil politique majeur pour le pouvoir central. En exagérant les conséquences de la loi hongroise, le pouvoir slovaque soude la nation contre un ennemi désigné, la Hongrie. Pour le socialiste Robert Fico en pleine campagne électorale, dénoncer la politique hongroise est, ces jours-ci, un excellent moyen de détourner l’attention de l’opinion publique slovaque du scandale lié aux financements obscurs de son parti.
De sombres perspectives
Difficile de s’y retrouver dans la tourmente des annonces et de démêler les tenants et les aboutissants de cet imbroglio. Concrètement se posent plusieurs questions : Cette loi slovaque va-t-elle effectivement entrer en application ? Est-elle en accord avec les lois européennes et sinon, peut-elle être invalidée par l’Union européenne ? Si elle entrait en application, quelles seraient les conséquences exactes pour des nationaux Hongrois déchus de leur citoyenneté slovaque ?
L’arrivée au pouvoir du Fidesz ne laissait rien augurer d’autre que des relations diplomatiques difficiles avec les voisins de la Hongrie. Si les élections générales du 12 juin en Slovaquie aboutissent à une nouvelle coalition gouvernementale avec le parti d’extrême-droite de Ján Slota, il faut s’attendre à ce que genre de « numéro » entre Budapest et Bratislava se reproduisent pendant les quatre années à venir. Cela suffira-t-il cependant à détourner l’attention de l’électorat des problèmes cruciaux que sont le chômage et les difficultés économiques en Hongrie et en Slovaquie ?
« Ce qui fait que je suis moi-même et pas un autre, c’est que je suis ainsi à la lisière de deux pays, de deux ou trois langues, de plusieurs traditions culturelles. C’est précisément cela qui définit mon identité. Serais-je plus authentique si je m’amputais d’une partie de moi-même ? » (Amin Maalouf, Les identités meurtrières)
Les décisions prises aujourd’hui par les parlements hongrois et slovaque sont tristement révélatrices de l’état d’esprit des dirigeants politiques des deux pays. Leur rôle ne serait-il pas plutôt de reconnaître la diversité culturelle des populations des pays d’Europe centrale, de veiller à la coexistence pacifique entre les citoyens et les communautés, de garantir l’absence de discriminations et de favoriser les échanges culturels ?
La frontière entre les deux pays a près d’un siècle. N’est-il pas temps de mettre en place de véritables projets régionaux transfrontaliers plutôt que de voter de telles lois sur la citoyenneté ?
A mon avis, tout s’entrechoque encore dans ces « vieux » pays communistes.
On a adhéré à l’union Européenne, mais on reste encore avec la théorie communiste qui veut qu’une Nation = un Etat. Sans oublier les manipulations classiques des capitalistes envers le petit peuple, qui met en avant la même « Patrie-Nation-Etat ».
Et dans le même temps, on attend une solidarité européenne, politique, qui porterait les niveaux de vie de ces pays à l’équivalent de l’Ouest.
Le choix du libéralisme exclusif dans l’U.E., nous amènera encore bien longtemps des turpitudes politiques, économiques, sociales et même citoyennes.
Un peu de clarté ferait du bien, mais comme on craint une réprobation générale, on multiplie les directions et contre directions, pour noyer les citoyens dans la patrie, comme on tente de noyer le poisson dans l’eau.
Après la crise économico-financière, dont on ne voit pas le bout…la crise sociale des prestations…sociales…retraites comprises…qui déstabilise tout le monde…Va-t-on vers une crise identitaire?
Si ce genre de démarche se communique à l’ouest, avec toutes les populations d’origines « lointaines ». On risque de connaître plus grave que l’éclatement de l’U.E.. Une guerre civile européenne, qui sera bien plus destructrice que les deux guerres mondiales du XXème siècle. On en a déjà eu un aperçu avec l’ancienne Yougoslavie!
@Sonia: dans un monde parfait oui, et pour moi aussi le monde d’aujourd’hui c est un mélange de cultures, langues, qui construit une identité et une ouverture d’esprit sensationnelle. J’en suis un exemple (je possede une double nationalité) et fier de l’etre.
Seulement beaucoup de gens ne le voient pas ainsi, et les nationalismes resurgissent, surtout en période de crise économique. Je suis pour donner la nationalité hongroise pour les minorités des pays voisins si ils en font la demande, mais il aurait fallu réfléchir aux conséquences, il s’agit de 4 millions de personnes si je ne me trompe pas (Roumanie, Slovaquie, Serbie, etc.), c’est énorme, la plus « grande » minorité en Europe si on regarde bien, et 30-40% de la population hongroise!
Pour la Slovaquie, l’Union européenne devrait intervenir, mais le geste est fort, ca promet.
Ce qui est vraiment triste c’est que malgré la situation économique malheureuse de la Hongrie, la première séance du nouveau parlement traitait les sujets qui datent du début du 20ème siècle. Je comprends que c’est un trauma de la nation hongroise et quelque part une injustice de l’histoire mais on ne peut pas chercher des solutions aujourd’hui en ignorant les nations voisines cent ans plus tard.
Le niveau de l’arrogance a dépassé toutes les limites, ce genre de sujets sensible devraient être discutés avant, au lieu de faire des gestes théâtrales qui n’aident personne, surtout pas les minorités hongroises dans les pays voisins. Notamment à 15j des élections slovaques cela n’aide que les nationalistes slovaques, Orban a bien réussi à sortir la fameuse « carte hongroise » dans la campagne électorale slovaque, assez fade jusqu’à présent.
Malheureusement, la riposte était presque aussi conne que la provocation, bref – la classique dans les relations des politiciens aveugles, sourds et idiots, des deux côtés du Danube …
Bien dit Lubor!
« malgré la situation économique malheureuse de la Hongrie, la première séance du nouveau parlement traitait les sujets qui datent du début du 20ème siècle »
pas mieux !
il serait ptet temps de se sortir les doigts du cul et se mettre a bosser… mais ca c est plus dure que de trouver des bouc emissaires/excuses !
Moi, je suis d’origine hongroise et vivant en Slovaquie, si il z aura une possibilite d’acceder a la citoyante, je ne le pas ferrais parce que je me considere le citoyen slovaque. La plupart de la population hongroise qui vit en Slovaquie se sent bien accueilli et il n’y a pas de grandes tensions entre les Slovaques et Hongrois. Nous vivons ensamble comme une famillie et il y a beaucoup de Slovaques qui condemnent les declarations de Jan Slota. Seulement quelques nationalistes du nord de la Slovaquie soutiennent les extremistes du Parti National Slovaque (SNS).
J’ajoute que mon grand père maternel était d’origine slovaque, ma grand mère d’origine hongroise. Mon grand père paternel d’origine Lorraine, ma grand mère, alsacienne. J’ai la nationalité française de naissance, mais aussi la nationalité hongroise que ma mère avait redemmandée pour elle et pour moi.
En résumé, je suis un citoyen européen avant l’heure…
@ Lubor: il ne s’agit pas seulement de la fendre, la Hongrie, mais sur la loi. Les gouvernements qui regnate de 1945 sont illegitim, parce que la loi constitution est forcé de Moscou. La légitim dernière (en vue de la continuité historique) du gouvernement a pris fin lorsque les nazis annexé le pays en 1944. Le problème est bigest depuis que, tous les journaux ce que les gouvernements ont signé sont sans poids, ils l’ont signé en tant que personne, ils ne pouvaient pas le faire au nom du pays.