L’incritiquable Critical Mass

Samedi 24 avril, plus de 35 000 amateurs estivaux de la pédale budapestoise, certains par convictions écologiques, d’autres par intentions sportives et logistiques, et beaucoup pour simplement suivre le mouvement, se sont réunis avec leurs bicyclettes sur Roosevelt tér dans l’après-midi.

Oxymore à l’échelle humaine, « Critical Mass » fait indéniablement consensus à Budapest en donnant le ton du deux roues écolo et sexy pour l’été. A l’origine, cet événement est prévu à Budapest le 22 avril pour la journée de la Terre et le 22 septembre pour la journée sans voitures. Devenu le plus gros rassemblement satellite de l’ONG créée à San Francisco en 92, le Critical Mass de Budapest aurait rassemblé 80 000 cyclistes il y a deux ans selon Wikipedia. Au vu du succès régulier que rencontre ce happening consistant en une vague roulante parcourant Belváros (le centre-ville), la municipalité donne son autorisation généralement un jour de week-end pour amadouer les automobilistes, qui, malgré les nombreux travaux routiers, restent bel et bien les maîtres de l’asphalte dans la capitale.

Samedi, Critical Mass a fait un trajet habituel : un passage derrière le château de Buda en passant par Lánchíd et le tunnel Alagút, puis un retour à Pest par Erzsébet-híd, pour longer le Danube jusqu’à Jászai Mari tér. Les participants ont suivi le nagykörút jusqu’à Oktogon et Andrássy út jusqu’à Városliget, histoire de soulever les vélos tous ensemble pour la photo.

Si l’intention et le bien fondé « démocratique moderne » de ce concept est difficilement critiquable, qu’en est-il de sa valeur et de son impact réel dans la population hongroise ? Les plus fervents défenseurs de la « masse critique », sont, à l’image d’un autre buzz cycliste, « cyclechic », « bobos », « jeunistes » et se veulent « alternatifs ». Ainsi, CycleChic est un blog de mode où il est bon de figurer, contenant de nombreuses photos de jeunes « trendy » avec l’accessoire à la mode du moment, leur vélo customisé et l’élégance vestimentaire qui va avec. Les deux mouvements sont assez proches l’un de l’autre puisqu’hier soir après Critical Mass, un défilé à vélo organisée par CycleChic avait lieu à West Balkan pour clôturer la journée (voir photo).

Critiquer la « masse critique » est un exercice périlleux à Budapest, tant le mouvement a pris de l’ampleur. En plus de leurs bonnes intentions avec ce projet, il semble que les organisateurs ont très bien compris comment faire parler d’eux. A tel point qu’il paraît incongru aujourd’hui d’utiliser son vélo à Budapest sans pour autant partager les intérêts de ce groupe de pression.

2 Comments
  1. le velo c est le deplacement du futur : ecologique et surtout economique 🙂
    par contre pour l instant a budapest c est surtout un moyen de deplacement dangereux 🙁

  2. Bonjour,

    On sent poindre une critique dans l’article, mais elle n’est pas formulée : le seul reproche semblerait être un certain côté bobo. C’est à la mode de casser du bobo, mais cela ne suffit pas pour en faire un titre attrape-bobo. Dommage, sinon j »aurais été ravi de me mettre un article sur le critical mass sous la dent …

    Csanyi

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