Suite de « l’Affaire Auchan » : de l’arsenic dans l’eau

Nous rapportions dans un article précédent que des taux d’arsenic anormalement élevés avaient été décelés par la revue Interpress Magazin dans une eau minérale vendue en Hongrie sous la marque Auchan. Hulala s’est procuré les résultats des différentes analyses de l’eau Auchan SuperAqua. Tout n’est pas limpide pour autant… car leurs résultats ne sont pas concordants.

Les tests commandés par la revue de vulgarisation scientifique IPM ont été effectués le 8 décembre par le Bureau Administratif de l’Agriculture MGSZH (Mezőgazdasági Szakigazgatási Hivatal) puis publiés dans son numéro de mars. Ils concluent à un taux d’arsenic de 13,5 microgrammes par litre, au-delà de la concentration maximale admissible de 10,0 microgrammes par litre, retenue par l’OMS et la directive européenne directive 98/83/CE.

Les résultats d’un second test, réalisé par le laboratoire indépendant Bálint Analitika Kft., le 8 mars 2010, ne concordent pas avec les premiers résultats mais confirment la présence d’une concentration d’arsenic trop élevée dans l’eau Auchan SuperAqua. Plus élevée encore que celle détectée lors du premier test. Les trois échantillons présentaient des taux d’arsenic de 20,0 µg/L, 23,9 µg/L, 21,8 µg/L (µg/L= microgrammes), soit plus du double des normes sanitaires.

En réponse à la publication de IPM, Auchan a fait effectuer des tests par l’Office Sanitaire hongroise, ÁNTSz (Állami Népegészségügyi-és Tisztiorvosi Szolgálat). Les résultats indiquent une concentration d’arsenic inférieure au seuil des 10 microgrammes par litre, et concluent donc à une eau tout à fait conforme aux normes sanitaires en vigueur. Soit 8,4, 8,9 et 7,5 microgrammes par litre d’eau, respectivement pour les trois échantillons testés.

Dès lors, en attendant de nouvelles informations dans cette affaire (un nouveau test qui mettrait d’accord les deux parties ?), nous ne pouvons qu’émettre des hypothèses et seulement des hypothèses. Soit les laboratoires ayant effectué les analyses, tous accrédités, ne sont pas en mesure d’effectuer des mesures précises et exactes du taux d’arsenic. Soit le taux d’arsenic varie naturellement d’un échantillon à l’autre. Soit les résultats sont falsifiés.

Les 10 microgrammes en question…

« Arsenic ». Si le mot fait peur, c’est qu’on a longtemps utilisé cette substance chimique comme un poison mortel (Cf. Le coup du parapluie, avec Pierre Richard). Sa dose létale varie de 70 mg à 180 mg, soit 10.000 fois plus qu’un litre d’eau de boisson contenant 10 microgrammes.

Avant 1993, l’Organisation Mondiale de la Santé retenait comme « valeur guide », fixée en 1989, une concentration maximale admissible de 50 ug/l. En France, en 2003, près d’un millions de personnes étaient encore exposées à une eau de consommation ayant une concentration en arsenic supérieure à 10 µg/L, dans le Massif Central, les Vosges et les Alpes notamment. Au Bangladesh, 50 millions d’individus sont exposés à des teneurs hydriques allant jusqu’à 4 700 µg/L ! De quoi relativiser les concentrations trouvées dans l’eau Super Aqua…