Les journalistes de la chaîne de télévision publique RTVS dénoncent « des fortes pressions extérieures », alors que la Slovaquie se trouve toujours en zones de turbulences après le meurtre du journaliste Ján Kuciak, rapporte Reporters sans frontières.
Mais que se passe-t-il au sein de la Rozhlas a televízia Slovenska ? Alors que la RTVS bénéficiait d’une indépendance éditoriale qui tranche avec la situation chez les voisins hongrois et polonais, le climat s’est brusquement tendu avec l’arrivée d’un nouveau directeur, Jaroslav Rezník. Celui-ci a pris ses fonctions au mois d’août l’année dernière, désigné par le Parlement slovaque, grâce au soutien des partis de la coalition gouvernementale, le Smer et le Parti national slovaque SNS.
« Nous continuons de travailler librement, mais dans un climat hostile » et « nous ne pensons pas que nos supérieurs soient en mesure de protéger les rédactions des fortes pressions extérieures », ont dénoncé plusieurs dizaines de journalistes dans une lettre ouverte.
Dans son rapport, Reporters sans frontières estime que Jaroslav Rezník n’a cessé de travailler à la remise en cause de l’indépendance de la chaîne. Comment ? En mettant en poste des nouveaux rédacteurs en chef directement issus de cabinets ministériels ; en supprimant le seul magazine d’investigation du pays, Reportéri ; en rétrogradant puis licenciant l’une de ses journalistes les plus respectés, Olga Baková.
L’assassinat à la fin du mois de février du journaliste d’investigation Ján Kuciak a contribué à tendre les relations entre les journalistes et la direction. Notamment du fait que les journalistes se sont vu interdire de porter les badges à la mémoire de Ján Kuciak, symboles de soutien au journaliste et à la démocratie dans les manifestations qui ont fait tomber le premier ministre Robert Fico à la mi-mars.
Selon la responsable de la zone UE-Balkans de RSF, Pauline Adès-Mével, « au moment où la Slovaquie traverse une grave crise politique provoquée par le meurtre de Ján Kuciak, elle a plus que jamais besoin d’un média de service public indépendant. RSF se tient aux côtés des journalistes de la RTVS et de l’ensemble de la profession qui lutte pour conserver sa liberté éditoriale. »