Comme prévu, la loi linguistique est entrée en vigueur ce lundi en Slovaquie. C’est l’ambassadeur slovaque à Budapest, Péter Weiss, qui l’a annoncé à MTI le jour même, en ajoutant que son gouvernement avait reçu la bénédiction de l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE).
Le lendemain, une manifestation sans précédent de Hongrois de Slovaquie avait lieu dans l’enceinte d’un stade dans le sud-ouest du pays. Prochain épisode : après le duel des deux Premiers ministre, Gordon Bajnai et Robert Fico, le 10 septembre prochain en Hongrie.
L’OSCE valide la loi
Entre 520 000 et 600 000 magyarophones vivent aujourd’hui en Slovaquie (10% de la population). Pourtant, bien que cette loi interdise l’usage de la langue hongroise publiquement (administrations et médias slovaques), le Haut-Commissaire aux minorités nationales de l’OSCE, Knut Vollebaek, l’a déclarée conforme. Sa mise en oeuvre se fera néanmoins sous la surveillance d’émissaires de Vollebaek jusqu’à la fin de la semaine. Décrié par le parti de la coalition hongroise (le MKP-SMK, quatrième groupe politique slovaque, qui obtient 10% des voix aux élections), fustigé par les représentants politiques hongrois, le texte paraît pourtant valide au regard des critères de l’OSCE.
En ce sens, il n’atteindrait pas la communication des citoyens « ordinaires », du moins dans leur pratiques religieuses, dans le nom de leurs compagnies, de leurs marques ou encore dans leurs publications sur Internet. Il reste que la liberté de langue dans les médias traditionnels n’existe que dans la diffusion de la presse étrangère.
Le Parlement européen, un arbitre sans cartons
Via son Président fraîchement élu en juillet dernier, le polonais Jerzy Buzek, l’institution européenne se dit prête à engager un débat triangulaire avec la Slovaquie et la Hongrie. La fonction du Parlement dans cette affaire sera d’observer les éventuels problèmes que la loi pourrait faire resurgir, mais Buzek admet que ses moyens légaux d’intervention sont limités dans un tel cadre.
En attendant les prochaines discussions bilatérales du 10 septembre et pour parer aux attaques quant à une quelconque agressivité venant de son pays, Péter Weiss a précisé que l’agenda du texte n’était pas prémédité, puisque sa rédaction avait déja commencé en 2008. Rassurant pour les Hongrois de Slovaquie, il a déclaré que la loi n’avait pas de but pénal. Ses violateurs seraient encouragés à se corriger, et non pas systématiquement amenés à payer une amende. Celle-ci pourrait cependant atteindre 5000 euros pour une publicité en hongrois.
Une « bronca » en hongrois
Dans le sud magyarophone de la Slovaquie, 7000 à 12000 manifestants se sont réunis il y a deux jours dans le stade municipal de Dunajská Streda, pour protester contre la loi linguistique devenue effective. Ce même stade avait déja été le théâtre, en novembre dernier, de violences entre les supporters du club de foot local et ceux du Slovan Bratislava. Cet incident intervenait à l’époque où la fameuse loi était en préparation, et la répression spécialement dirigée contre les Hongrois a beaucoup choqué, que ce soit dans la région ou en Hongrie.
Mardi, ce sont surtout des familles qui sont venues au stade. Ce jour férié pour l’anniversaire de la constitution de la Slovaquie indépendante était en effet une bonne occasion pour venir nombreux et démontrer que l’ultra-nationalisme slovaque n’est pas qu’une affaire politique avec le voisin, mais qu’il affecte concrètement toute la minorité. De son côté, le gouvernement slovaque accuse encore la Hongrie d’attiser le grief de « ses » Hongrois. Aux vues des élections législatives en Slovaquie l’an prochain, l’apprentissage du magyar, déjà difficile en soi, ne risque pas de se répandre massivement au nord du Danube.
une loi imbécile et raciste (anti-hongroise) prompte à encourager l’animosité entre peuples, contraire aux droits de l’homme et du citoyen.. que fait l’Europe (et la réglementation sur le statut des minorités?)