Malgré un certain essoufflement de la part de la presse occidentale, la saga de la loi sur les médias est loin d’être terminée. D’un côté, à Bruxelles, le Parti Vert Européen a déposé une motion au Parlement réclamant la suspension de la loi. D’un autre, à Budapest, certains médias s’inquiètent du sort que leur réserve cette nouvelle loi, qui reste en vigueur, malgré le projet de révision de celle-ci de la part du gouvernement hongrois.
Rebecca Harms, co-présidente du Parti Vert Européen, a déclaré hier que les groupes libéraux et socialistes du Parlement Européen soutiennent la motion déposée par son parti. Celle-ci vise à condamner la loi sur les médias lors de la session plénière du Parlement la semaine prochaine. Un accord est en train de se former entre les différents groupes parlementaires. Le Parti Vert demande au gouvernement hongrois de suspendre l’application de la loi et de consulter l’opposition et la société civile pour son projet de révision de celle-ci.
Le gouvernement hongrois, qui a déjà fait savoir qu’il allait modifier la loi, prépare une nouvelle version du texte, et va suivre les accords conclus entre les délégués du gouvernement et les experts de la Commission Européenne. L’ébauche de la nouvelle version de la loi prend en considération les critiques formulées par Neelie Kroes, Commissaire Européenne chargée des médias, dans sa lettre adressée au gouvernement hongrois le 21 janvier dernier. Elle y exprimait les « doutes sérieux [de la Commission Européenne] quant à la conformité de la législation hongroise avec le Droit communautaire ».
A Budapest, on s’inquiète toujours
Malgré ces promesses gouvernementales, la presse hongroise ne semble pas rassurée. Ainsi, le quotidien Népszbadsag a déposé une plainte cette semaine auprès de la Cour Constitutionnelle contre la nouvelle législation. Son rédacteur-en-chef, Karoly Vörös, a déclaré hier qu’elle restreint la liberté de la presse et d’opinion sur 16 points différents.
Comme l’a soulevé Rebecca Harms hier, malgré la promesse faite par le gouvernement hongrois de réviser son texte de loi , la première version de celle-ci est toujours appliquée depuis son entrée en vigueur, le 1er janvier dernier. Le portail en-ligne BosNewsLife en fait les frais. Cette agence de presse « chrétienne » anglophone traitant principalement de l’actualité de l’Europe centrale et de l’est, mais aussi du reste du monde, est basée en Hongrie, et de ce fait, tombe sous le coup de la législation. Malgré une révision imminente de celle-ci, le portail a été contacté hier par le Conseil National des Médias (NMHH), leur demandant qu’ils s’enregistrent auprès d’eux.
Non seulement le Conseil National des Médias s’évertue à appliquer une loi dont le contenu va changer sous peu, mais nous fait aussi savoir à travers un exemple concret que cette loi s’applique également pour les médias (et donc blogueurs) de langue étrangère. Heureusement pour nous, la loi ne s’applique pas pour Hulala.
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