Aujourd’hui vendredi, le Président de la Commission européenne José-Manuel Barroso rencontrera à Budapest un premier ministre hongrois quasi-omnipotent dans son pays pour tenter de lui faire faire machine-arrière sur sa réforme des médias et sur ses taxes de crise.
Jeudi, le premier ministre hongrois a fait preuve de défiance vis-à-vis des autres Etats membres de l’Union, au premier rang desquels la France, en retournant contre eux les critiques qui lui étaient adressées sur la question de la liberté de la presse. Et pour cause. Viktor Orbán est un premier ministre tout-puissant dans son pays qui n’a pas l’habitude que l’on s’oppose à lui. Selon sa propre terminologie, une « révolution des urnes » l’a porté au pouvoir au mois d’avril de l’année dernière et il se sent comme investi d’une mission historique envers la nation hongroise. Le rôle qu’il s’est donné « à la maison » est donc assez peu compatible avec les concessions qu’exigent les institutions de l’UE.
On ignore encore si la Hongrie va accepter de modifier ses lois qui font polémique. Est-ce que Viktor Orbán, car il ne s’agit que de lui, peut être tenté de brader cette présidence européenne et envoyer paître l’UE pour rester le maître chez lui, tout comme il l’avait fait avec le FMI quelques mois plus tôt ? C’est peu probable mais ce n’est pas complètement impossible, d’autant que cette présidence est finalement surtout symbolique et a été vidée d’une partie de ses objectifs initiaux (gestion de l’eau, élargissement de Schengen, etc.) par les impératifs de Bruxelles. « Mieux vaut régner en enfer qu’être esclave au paradis », comme le veut l’adage. Mais bien sûr il ne s’agit que d’une formule, car la Hongrie n’a rien d’un enfer et l’UE n’a rien d’un paradis.

Des Hongrois apathiques, ou consentants ?
Pour Viktor Orbán, la menace ne vient pas de l’intérieur car, si après quelques jours de flottement, le tollé est maintenant général en Europe, le moins que l’on puisse dire, c’est que cette fameuse loi est passée comme une lettre à la poste en Hongrie. Certes, la presse de gauche, qui se sent directement visée, et les syndicats de journalistes hongrois se sont indignés ; Les quotidiens Népszabadsag et Népszava ont consacré des « Unes » entières à protester contre cette loi ; Quelques grands hebdomadaires –HVG et Magyar Narancs– ont publié page blanche en « Une » en signe de protestation : Et quelques journalistes, de façon individuelle, se sont risqué à protester et l’ont payé par une mise au pas.
Mais jamais l’opinion publique ne s’est réellement émue de se voir priver d’une presse digne de ce nom. Et elle s’est encore moins mobilisée au-delà d’une élite de gauche déchue de son pouvoir et de quelques étudiants. La manifestation qui s’est tenue au moment même de l’adoption de la loi par le parlement, lundi soir 20 décembre, n’a compté guère plus d’un millier de personnes. Et quelque soit l’ampleur du grand rassemblement fixé au 14 janvier devant le parlement, il ne sera pas de nature à contrecarrer les plans du gouvernement. En Hongrie -où l’on suspecte d’ailleurs que la campagne de dénigrement qui s’abat sur le pays, soit orchestrée en représailles aux mesures peu orthodoxes du gouvernement en matière économique (notamment l’instauration de taxes temporaires « de crise »)- les critiques internationales trouvent peu d’échos dans l’opinion publique.
Dans ce pays durement frappé par la crise économique, la liberté de la presse se situe très bas dans l’ordre des priorités de la population. L’emploi et l’amélioration de conditions de vie -qui restent intolérables pour plusieurs centaines de milliers de Hongrois- sont les premières préoccupations. D’autre part, l’arrivée au pouvoir (pour la seconde fois) de Viktor Orbán a répondu à une demande du peuple hongrois en faveur d’un pouvoir fort, capable de restaurer la stabilité politique et la paix sociale, qui ont tellement fait défaut ces dernières années. Rogner un peu sur des libertés individuelles, est considéré comme le prix à payer pour cette stabilité. Enfin, une autre explication, complémentaire, tient au fait qu’une partie de la population refuse de céder au catastrophisme et reste confiante dans la démocratie hongroise, malgré tout.
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Voilà une phrase qui résume parfaitement la situation – les hongrois sont très lucides sur les véritables raisons des attaques de l’UE et des autres pays :
En Hongrie -où l’on suspecte d’ailleurs que la campagne de dénigrement qui s’abat sur le pays, soit orchestrée en représailles aux mesures peu orthodoxes du gouvernement en matière économique (notamment l’instauration de taxes temporaires « de crise »)- les critiques internationales trouvent peu d’échos dans l’opinion publique.
CQFD!
Toute chose égale par ailleurs, je n’aurai aucune hésitation à privilégier mon pouvoir en Hongrie, par rapport à ce qui est devenue la nébuleuse européenne.
Citoyen en Hongrie, je préfererai retrouver un pouvoir fort, comme il y en avait avec le système communiste, pour une meilleure égalité économique.
Sachant ce qui se passe dans les anciens pays communistes, ce serait plutôt à l’U.E. de s’affoler.
Personne n’a forcé la Hongrie à entrer dans l’UE et personne ne la force à y rester. Si les Hongrois pensent que leur pays sera plus stable hors de l’UE, et bien sortez. Qui sais, peut être que même l’UE sera plus stable sans la Hongrie. Et si vous souhaitez revenir au communisme, c’est aussi votre choix ; j’espère juste que vous ne direz plus que les Russes vous ont dominé pendant 45 ans et vous ne célébrerez plus la révolte de 1956… Et dans ce cas n’espérez plus que la loi sur la double nationalité ait un grand succès.
J’ai un doute, après la lecture du billet précédent.
D’une part, j’écris de France, ce qui est beaucoup plus facile. D’autre part, on a beaucoup promis aux ressortissants des pays de l’EST, que le capitalisme, doublé de l’U.E., allait apporter le bonheur et la prospérité pour tous les hongrois… et pour les autres aussi.
C’était le discours avec radio free europe, c’était aussi celui du traité de Maastricht.
20 ans plus tard… quand même… Je conçois que le Fidesz ait pris les options, qui sont les siennes aujourd’hui. Je conçois que les électeurs les ont « plébiscité ».
Il faut dire aussi que les bâtisseurs de l’U.E. d’aujourd’hui, sont de Droite. Que c’est une sacré épine que de voir un gouvernement de Droite, en Hongrie, ne pas reprendre les bonnes combines des autres… de l’Ouest.
Quant au communisme, je pense qu’il n’a jamais existé dans ces pays. Le Parti était investi, avec le temps, par des oppotunistes, qui recherchaient pouvoir et argent. Si c’était un vrai pouvoir communiste, pendant si longtemps, il ne se serait pas écroulé comme un château de cartes.
Donc, des faux culs au Parti, durant la période communiste, qui sont devenus « socialistes » après, tout en continuant, bien sûr, à penser surtout au pouvoir et à l’argent.
Aujourd’hui, j’ai le sentiment, que les électeurs ont plébiscités le Fidesz, comme dernier espoir vers la démocratie et l’équité économique.
C’est le monde à l’envers, des gens, prétendument de gauche, pour s’enrichir. Le Fidesz, prétendument de droite, pour la justice, la prospérité, la répartition équitable des fruits des efforts de tous.
Faire une politique de Gauche, avec une image de Droite, la Hongrie n’est pas sortie de l’auberge…
Je ne supporte plus que les journalistes francais osent donner des lecon de democratie aux Hongrois. Nous avons en France aujourd’hui, un ancien ministre des Affaires étrangères français qui a couvert un traffic d’organe quand il etait responsable au Kosovo.
« Ce trafic monstrueux s’est en effet déroulé en grande partie durant le mandat de Bernard Kouchner lorsqu’il exerçait le mandat de Haut-représentant de l’ONU dans la province serbe de 1999 à 2001. Le rapport laisse entendre que l’ancien ministre des Affaires étrangères français était forcément au courant des activités immondes des membres de l’ancienne UCK. Mauvaise nouvelle pour Bernard Kouchner, l’ancien chef de la police de la Minuk au Kosovo, le canadien Stu Kellock, a affirmé qu’il était impossible que Bernard Kouchner ne soit pas au courant du trafic d’organes. Si tout cela se confirme il s’agit d’un crime très grave. Car Bernard Kouchner n’a rien fait pour stopper ces acdtivités criminelles monstrueuses. Lorsqu’en mars dernier un journaliste lui a posé la question sur le sujet tout ce qu’il a trouvé à répondre c’est… un rire gras, un rire forcé, un rire sinistre. Le rire d’un dément. Un peu court comme réponse.
Est-ce la raison pour laquelle Nicolas Sarkozy a débarqué son ministre des Affaires étrangères ? Afin d’éviter de se trouver mêlé, malgré lui, à un scandale énorme ? Autre question. Pourquoi les grands médias français (radios, télévisions) observent-ils le silence sur un sujet aussi grave ? Est-ce une nouvelle preuve de la collusion des journalistes français avec le monde politique ? Dans un pays où la presse est déjà subventionnée par l’Etat, dans un pays où les stars des médias couchent avec les hommes politiques, dans un pays où les journalistes s’autocensurent sur les sujets tabous, ce silence incroyable sur ce scandale est INADMISSIBLE!!! Et c’est ce pays qui vient donner des leçons de morale à la Hongrie et à la Russie sur le traitement de l’information !!!! «