Le ministre français du budget et porte-parole du gouvernement, François Baroin, a déclaré ce mardi matin sur France Inter que la Hongrie, présidente de l’Union européenne, devait modifier sa loi entrée en vigueur le 1er janvier « incompatible avec la liberté de la presse ».

Qualifiant le dispositif hongrois de « très spectaculaire », François Baroin a jugé qu’il constitue « une altération profonde de la liberté de la presse » et affirmé que « la France à l’instar des autres pays de l’Union souhaite une modification de ce texte« . « Le texte tel qu’il est présenté et que je l’ai lu est incompatible avec l’application d’une certaine idée de la liberté de la presse, validée par les traités européens. », a aussi déclaré le porte-parole du gouvernement.
Le gouvernement français a donc finalement été rattrapé par l’emballement médiatique autour de commentateurs politiques n’hésitant pas à agiter le spectre de la mort politique de l’Europe si celle-ci n’intervenait pas dans les affaires intérieures hongroises pour obtenir le retrait de cette loi. Tollé général oblige, la France a, de mauvaise grâce, dû sortir de son silence.
Il faut dire que cette loi -dont les associations internationales de journalistes estiment qu’elle viole la liberté de la presse- votée une semaine seulement avant sa prise de présidence et au moment même où les projecteurs sont braqués sur la Hongrie, fait désordre au sein de l’UE. Elle embarrasse les représentants politiques autres Etats membres au mauvais moment. C’est en tout cas ce qu’a semblé dire, peut-être malgré lui, François Baroin ce matin. « La position de tous les Etats membres de l’UE doit être de nature suffisamment forte sur le plan politique et diplomatique pour permettre au gouvernement hongrois d’avoir une présidence plus sereine en mettant entre parenthèses ce texte. » Entre parenthèses ? Pour faire appliquer ce texte en catimini, une fois que la presse européenne aura détournée le regard après la fin de la présidence de l’UE ?
Souvenons-nous qu’il y a quelques jours, Laurent Wauquiez, ministre chargé des affaires européenne, avait refusé de prendre position sur cette question et souhaité ménager la nouvelle présidente de l’Europe, estimant que lui donner des leçons « braquerait les gens » et serait, au final, contre-productif. A la lumière du classement de Reporters Sans Frontières sur la liberté de la presse [La Hongrie est au 23è rang mondial et la France 44è] et des récents scandales d’écoutes de journalistes français et de cambriolages de rédactions, le peu d’empressement de la France à condamner le gouvernement hongrois est finalement bien compréhensible.
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et le truc retrograde de l’avortement, il se passe quoi ?
la france va t elle enfin servir a autre chose qu’etre un reservoir de portefeuilles sur pattes ? ^_^