La gauche se rebiffe en «Orbanie» !

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées à l’appel de la gauche hongroise devant le parlement, mardi soir, pour dénoncer le pouvoir sans partage de leur premier ministre Viktor Orbán et les « menaces qui pèsent sur la démocratie », selon les mots tenus par l’ancien premier ministre Gyurcsany.

Laminée à tous les échelons du pouvoir, depuis les municipalités jusqu’au parlement, et toujours honnie par une large majorité de l’opinion publique, la gauche hongroise tente de reprendre un peu de poil de la bête dans un autre domaine dans lequel elle était aussi balayée ces dernières années : la rue ! C’était en effet la première fois que l’opposition manifestait contre la coalition gouvernementale de droite Fidesz-Kdnp, portée au pouvoir en avril dernier.

Dans son discours, Ferenc Gyurcsany, à la tête de la contestation, a accusé le gouvernement « d’affaiblir la Constitution et la démocratie hongroise« , et d’avoir « trompé » et « volé » le peuple. Si ces accusations se confirment, alors « Viktor Orban n’est plus politiquement légitime à la tête constitutionnelle de la patrie« , a-t-il déclaré. L’ancien premier ministre a une nouvelle fois appelé à un referendum pour s’opposer au projet de nouvelle Constitution prévue par la Fidesz pour l’an prochain.

Cette manifestation n’intervenait pas au hasard du calendrier mais quelques heures seulement après que le parlement ait adopté l’intégralité de la réforme des médias voulue par la Fidesz. Une réforme critiquée par de nombreuses organisations internationales  et qui selon l’OSCE « limitera la liberté de la presse et placera les médias sous contrôle politique ». Faisant allusion aux « taxes de crise » votées par le gouvernement pour contenir le déficit public mais jugées inconstitutionnelles, Ferenc Gyurcsany a déclaré que la volonté du gouvernement d’empêcher la Cour constitutionnelle de se prononcer sur les questions de finances de l’Etat constituait une atteinte grave à la démocratie en Hongrie.

Le 1er ministre Gyurcsany "croqué" le 15 mars 2007

Gyurcsany, de l’arrosé… à l’arroseur…

Comme il était étrange de voir mardi soir l’ancien premier ministre socialiste Ferenc Gyurcsany haranguer la foule sur Kossuth tér, ce haut-lieu de la démocratie hongroise qu’il avait fait interdire d’accès au peuple quand il était au pouvoir. Lui qui  du 17 septembre 2006 au 14 avril 2009 – entre la diffusion de son fameux discours de Balatonőszöd  et sa démission au profit de Gordon Bajnai – a subi les plus violentes manifestations de l’ère démocratique en Hongrie, le désaveu de tout un peuple et les manifestations de haine quotidiennes. C’est d’ailleurs aux cris de « Orbán takarodj » (Dégage Orbán !), le slogan détourné de « Gyurcsany takarodj » qui a rythmé les manifestations de la droite pendant de longs mois, que la foule a donné de la voix.

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Corentin Léotard

Rédacteur en chef du Courrier d'Europe centrale

Journaliste, correspondant basé à Budapest pour plusieurs journaux francophones (La Libre Belgique, Ouest France, Mediapart).

9 Comments
  1. C’est dingue a quel point les gens n’ont pas de mémoire, c’est meme affligeant.

    En espérant, que ce sont juste les habituels électeurs du mszp qui se sont rendus a cette manifestation et que le fidesz ne perdera pas de sa popularité a cause de cette affaire.

    L’opposition attendait l’occasion pour attaquer, elle l’a eu… Minable…

  2. Je ne connais pas bien, et même pas du tout, la vie politique Hongroise; mais j’ai le sentiment que les uns et les autres, vont nous fichent en l’air l’image démocratique de l’Europe. Un peu comme la Grèce a fait valser la confiance dans l’Euro.

    Et comme pour l’Euro, on dira qu’il y a bien d’autres pays de l’Est qui ne se portent guère mieux. L’histoire des Roms roumains et bulgares, en France, cet été, c’était déjà ça.

    On aurait peut être dû exiger davantage de garanties, pour l’entrée dans l’UE; comme pour l’entrée dans l’Euro…

  3. c est clair que certains n ont pas de memoire et qu il faut etre completement inconscient de suivre Ferenc Gyurcsany. Apres son discours de Balatonőszöd (ou il a dit, apres reelection, qu ils avaient truque les chiffres pour pouvoir se faire reelir :-/ ) et les emeutes/la repression qui en ont suivi, les seules excuses pour ceux qui l ecoutent sont soit de faire l’autruche par rapport a la realite soit de s en mettre/ s’en etre mis plein les poches grace a des amities bien placees.

    Ca aurait ete Gordon Bajnai, ca n aurait pas ete la meme chose. il a fait beaucoup pour essayer de recuperer en une dizaine de mois les 2 mandats consecutifs negatifs de Ferenc Gyurcsany. Certes pas que des bonnes choses mais sa tache etait ardue.

    En france, quand je vois ce que nous faisons, et ce n est pas vraiment mieux, on ne peut pas vraiment donner de lecons.
    La seule lecon que j ai appris de la politique francaise et hongroise, c est:
    « quel que soit le politicien, si tu l ecoutes, ca sera toujours a tes depends ».
    Et c’est quand meme plutot dommage pour des gens qui normalement devraient nous representer.
    je ne comprends pas pourquoi quelqu un qui me represente cherche toujours a profiter de moi et non pas construire quelque chose de positif !

  4. Bien sûr, au niveau de la France, on ne peut guère donner de leçons, par les responsables politiques. Mais beaucoup de citoyens français, eux, le peuvent.

    En ce qui concerne l’endettement, la France n’est pas loin de la situation grecque. Mais, c’est la Grèce, un petit pays, pour qui l’UE représente un quasi miracle, qui en a fait encore moins. Toute l’UE de l’euro a trinqué, mais l’effet boomerang sur la Grèce, a été encore pire.

    Il ne faudrait pas que la Hongrie devienne la Grèce, sur le plan politique.

  5. Rilax Max, la Hongrie ne deviendra pas la Grece… mais la Chine européenne. La Grece aussi, d`ailleurs, est en train de devenir une province chinoise, mine de rien et c`est que le début. Voila ou mene la globalisation a la sauce brusselloise qui pete nettement plus haut que son cul. A propos de cul, vous les francais avez le cul bordé de nouilles, vu que votre économie a les reins assez solides pour ne pas se faire gober tout cru et devriez etre reconnaissant a Sarko pour ca au lieu de le descendre en flammes a propos de n`importe quel ragot.

  6. A propos, la « gauche » hongroise n`a pas grand chose a voir avec la gauche (tout comme la « gauche-caviar » sociliste francaise n`a rien avec la gauche non-plus) mais est bien plutot un parti sans laisser d`adresse. C`est une gauche avec des slogans de gauche vouais mais idéologiquement caméléon au point que meme Zitrone n`a jamais été aussi camé. En un mot comme en rouge sang, c`est un parti toujours a la recherche d`un maquereau pour pouvoir jouir pépere d`un coin de trottoir le plus ensoleillé possible. Of course c`est un avis qui n`engage que moi mais je le partage totalement.

  7. houla j avais mal compris: le sens etait plutot « Dommage qu’il n’y ait rien de crédible à gauche d’Orban »
    donc oui rien de credible mais a droite d orban non plus…. et comme je l ai deja dit plus haut, depuis quand un politicien est credible ??? ^_^

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