Tous les ans à l’approche de l’hiver, les différents projets gaziers refont surface dans l’actualité d’Europe centrale. La semaine dernière, la compagnie hongroise MOL qui prend part au projet de gazoduc Nabucco a inauguré un tronçon de 47 km reliant Széged, en Hongrie, et Arad, en Roumanie. Selon l’agence de presse ARA à Bakou, le chantier devrait être lancé en Azerbaïdjan (le gaz provenant de la mer Caspienne) en 2012. Toujours selon ARA, le gaz azéri devrait être livré en Europe en 2015, trois ans avant le principal projet concurrent, Southstream.
Avec le tronçon roumain de 60 km récemment remis en service par la compagnie Transgaz, on est loin d’avoir bouclé les 3300 km du pipeline Nabucco, qui reliera l’Azerbaïdjan à l’Autriche, en passant par la Géorgie (via le gazoduc déja existant Bakou – Tbilissi – Erzurum) la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. L’objectif reste bien entendu d’éviter la Russie. Cela dit, Nabucco semble être sur la bonne voie, tant dans la tenue de son calendrier que dans la recherche de partenaires. Officiellement soutenu par les Etats-Unis et par l’Union Européenne, il ne pourra pourtant satisfaire en 2020 que 5% des besoins de l’UE en gaz.
Un projet européen…
Ce projet de près de 8 milliards d’euros, est dirigé par le consortium Nabucco Gas Pipeline International GmbH qui réunit l’allemand RWE, l’autrichien OMV, le bulgare Bulgargaz, le turc Botas, le hongrois MOL et le roumain Transgaz. Chacune de ces sociétés détient 16,67% du capital. Le schéma de financement prévoit que ces associés fournissent un tiers des investissements. L’UE, via la Banque européenne d’investissements, en apportera 25 %. L’an dernier, la Banque mondiale avait elle aussi émis l’intention d’apporter 100 millions de dollars US au projet. Tout le reste, encore incertain, dépendra de l’apport d’institutions financières : banques américaines, européennes, voire chinoises…
… des Etats-Unis au Turkménistan
Le PDG du consortium, Reinhardt Mitschek, a annoncé le 15 octobre dernier que les avancées du projet sont prometteuses, et qu’on pourra compter sur les 31 milliards de m3 de capacité annuelle du pipeline, comme prévu. La livraison du gaz dans les temps ne dépendra que de l’accessibilité des ressources, et là encore, il se montre confiant. En effet, avec les Américains dans le coup, Nabucco pourra certainement compter sur l’Irak pour être rempli. Aussi, le Turkménistan s’est déclaré très intéressé via son président, Gourbangouly Berdymoukhammedov, présent au 10ème sommet des pays turcophones le 17 septembre dernier. En effet, avec son champ gazier d’ElotenSud-Osman, le Turkménistan disposerait de quelque 18.000 milliards de m3 de gaz à mettre à la disposition des Européens.
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