Bratislava est cette année l’invitée d’honneur du salon du livre de Paris. L’occasion de revenir brièvement sur la littérature slovaque, peu connue des lecteurs francophones.
« Est-ce que les Français lisent la littérature slovaque ? C’est peu probable… » C’est avec ces mots (pessimistes ? réalistes ?) que l’écrivain slovaque Michal Hvorecký nous encourage à nous plonger, nous autres lecteurs français ou francophones, dans une littérature qu’il décrit volontiers comme une littérature variée et multicolore, « longtemps restée dans l’ombre de la littérature tchèque et hongroise mais aussi polonaise« .
Il n’aura jamais été aussi facile d’y accéder que cette année, centenaire de la proclamation de Bratislava comme capitale de la Slovaquie dans la République tchéco-slovaque créée en 1919 : un anniversaire que LIVRE PARIS, le Salon du Livre de Paris, a choisi de marquer en faisant de Bratislava la ville à l’honneur du salon qui ouvre ce jeudi.
Qui dit invitation d’honneur, dit aussi nouvelles traductions, cette année ne faisant pas exception. La page dédiée au pavillon de Bratislava recense pas moins de 42 titres déjà publiés ou qui sortiront dans le cours de l’année. 42 titres qui suffisent à montrer la diversité de la production littéraire slovaque : vous préparez une visite à Bratislava ? Le même Michal Hvorecký vous embarque dans une escapade décalée avec Bratislava – Une métropole féérique. Vous préférez plutôt le cocktail mafia-explosifs ? Le journaliste d’investigation Árpád Soltész vous entrainera dès le mois d’octobre aux confins de la Slovaquie avec l’opération Il était une fois dans l’Est.
Vous aimez les romans historiques ? Ouvrez Le fouet vivant, de Milo Urban ! Vous préférez l’histoire tout court ? Michal Kšiňan vient de consacrer L’homme qui parlait avec les étoiles à Milan Rastislav Štefánik, héros national slovaque décédé il y a tout juste 100 ans. Vous vous intéressez davantage aux personnages féminins ? Jana Juránová fait dans Ilona. Ma vie avec le poète, le portrait d’une de ces femmes qui se tient si souvent derrière le succès des hommes (ici le poète slovaque Pavol Országh Hviezdoslav). Vous avez lu tout Kundera, tout Esterházy et Thomas Bernhard n’a plus aucun secret pour vous ? Il est temps d’ouvrir l’un des romans de Pavel Vilikovský, Autobiographie du mal peut-être ? Ou alors Un chien sur la route ?
Il me reste encore 35 titres à citer mais je me limiterai à un seul, Les cloches d’Einstein de Lajos Grendel, écrivain slovaque d’origine hongroise décédé il y a tout juste quelques mois : son roman, publié en 1992 et tout juste réédité en français, marque à sa manière un autre anniversaire, celui de la révolution de 1989 à travers la « biographie à rebondissements d’un homme somme toute assez naïf et ordinaire« , comme je le décrivais il y a déjà quelques années.
Est-ce que les Français lisent la littérature slovaque ? Espérons maintenant que oui !