Après la démission hier soir de Beata Szydło du poste de Première ministre, le ministre du développement Mateusz Morawiecki est le seul candidat à briguer sa succession. Si son profil de technocrate devrait rassurer Bruxelles, le nouvel homme fort de Varsovie ne devrait pas bouleverser la politique menée par le PiS en Pologne.
Les rumeurs d’un remaniement du gouvernement polonais allaient bon train depuis novembre. Celles du remplacement pur et simple de la Première ministre Beata Szydło enflaient depuis le début de la semaine dans la presse polonaise. Voilà chose faite : écartée du pouvoir en raison de liens dégradés avec le président du PiS Jarosław Kaczyński, la native d’Oświęcim a cédé hier soir sa place à la tête de l’exécutif polonais. Son ancien numéro deux, le ministre du développement Mateusz Morawiecki, est le seul candidat sur les rangs pour la remplacer. Désigné par le président de la République Andrzej Duda, il doit encore réunir la confiance des députés pour être confirmé dans ses fonctions.
Initialement réputé proche des milieux libéraux, conseiller économique de l’honni Premier ministre libéral Donald Tusk en 2010, la nomination de Mateusz Morawiecki comme vice-président du Conseil des ministres et ministre du Développement dans le gouvernement de la conservatrice Beata Szydło apparaissait comme une surprise en novembre 2015. Principal artisan des réformes économiques engagées depuis sous le nom de « plan Morawiecki », il avait, depuis, hérité également du portefeuille des finances en septembre 2016.
C’est précisément le « plan Morawiecki » qui lui a progressivement valu la sympathie de Jarosław Kaczyński – le président du PiS -, dont il est à l’origine loin d’être un proche. D’inspiration keynésienne, ses réformes ont fait écho aux « recettes illibérales » mises en œuvre à Budapest par Viktor Orbán : stimulation de la demande à travers une généreuse politique familiale, centralisation de certains secteurs économiques stratégiques et « repolonisation » du secteur bancaire.
Un technicien aussi discret qu’ambitieux
Souvent décrit dans les médias comme un technicien aussi discret qu’ambitieux, Mateusz Morawiecki n’est effectivement pas un néophyte en politique. Ayant fait ses premières armes au sein du du mouvement européiste « Alliance électorale Solidarność » (AWS) au tournant des années 2000 en tant que conseiller régional de Basse-Silésie, il n’a rejoint le PiS qu’en 2016, un an après son entrée au gouvernement.
Sa proximité assez récente avec le président du PiS Jarosław Kaczyński lui vaut par ailleurs une certaine hostilité dans les rangs de la formation conservatrice. La tout juste ex-Première ministre Beata Szydło a jusqu’au bout cherché à former un front anti-Morawiecki avec Zbigniew Ziobro, ministre de la Justice. Ce dernier ne manque jamais une occasion de rappeler à Morawiecki ses anciennes affinités avec les milieux libéraux et le PO de Donald Tusk.
Fils du dissident Kornel Morawiecki, le nouvel homme fort de Pologne est né le 20 juin 1968 à Wrocław, dans l’ouest du pays. Diplômé en histoire, Mateusz Morawiecki poursuit ses études à la Central Connecticut State University, où il suit un cursus en administration des affaires. A la fin des années 1990, il travaille en parallèle au bureau du Comité pour l’intégration européenne (KIE) avant de devenir le directeur adjoint de son département des négociations d’adhésion à l’Union européenne en 1998. Au début des années 2000, il gravit rapidement les échelons de la jeune Bank Zachodni WBK, devenue depuis le troisième établissement bancaire de Pologne, et dont il préside le conseil d’administration de 2007 à 2015.
Le profil de technocrate de Mateusz Morawiecki et le fait qu’il soit considéré comme l’artisan du succès économique polonais lui ont permis de bénéficier du soutien des occidentaux. Aussi, même s’il apparaît peu probable que les grandes lignes de la politique polonaise évoluent, sa nomination pourrait néanmoins être perçue comme un signe d’apaisement en provenance de Varsovie.
Le remaniement gouvernemental en vue en Pologne pourrait emporter Beata Szydło