La Russie a lancé, dans la nuit de mercredi à jeudi, une vaste opération militaire contre l’Ukraine. Après d’intenses bombardements qui ont touché les principales villes du pays et leurs abords, les forces armées de la fédération de Russie sont entrées par voie terrestre sur le territoire ukrainien, rapportent plusieurs agences de presse.
C’est immédiatement après la fin d’une allocution de Vladimir Poutine, diffusée tôt jeudi matin, mais vraisemblablement enregistrée dès lundi soir, selon Novaya Gazeta, que les bombardements russes sur l’Ukraine ont débuté ; au moment même où se réunissait le Conseil de sécurité de l’ONU.
Les frappes ont d’abord touché les villes de Kiev, Kharkiv, Marioupol, Odessa ou encore Kramatorsk. Plusieurs aéroports ou aérodromes ont notamment été visés. Plus tard dans la matinée, la ville de Lviv, dans l’Ouest du pays, non loin de la frontière polonaise, a également été la cible de bombardements.
« L’Ukraine se défendra »
Jeudi matin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a lancé un appel sur Twitter : « Poutine vient de lancer une invasion à grande échelle de l’Ukraine. Les villes ukrainiennes pacifiques sont frappées. C’est une guerre d’agression. L’Ukraine se défendra et vaincra. Le monde peut et doit arrêter Poutine. Il est temps d’agir ».
Putin has just launched a full-scale invasion of Ukraine. Peaceful Ukrainian cities are under strikes. This is a war of aggression. Ukraine will defend itself and will win. The world can and must stop Putin. The time to act is now.
— Dmytro Kuleba (@DmytroKuleba) February 24, 2022
« La Russie nous a attaqué tôt ce matin, comme l’Allemagne nazie » en 1941, a réagi pour sa part le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky.
« La #Russie nous a attaqué tôt ce matin, comme l’Allemagne nazie » en 1941, dit le président de l’#Ukraine Zelensky. pic.twitter.com/ucgxJUnnvR
— Andreï VAITOVICH (@andreivaitovich) February 24, 2022
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Une invasion terrestre
Quelques heures plus tard, des colonnes de véhicules militaires russes ont franchi la frontière depuis la Crimée et le nord de l’Ukraine, depuis la Biélorussie, rapporte Ukrayinska Pravda. L’accès à la mer d’Azov a par ailleurs été complètement fermé par la marine russe.
Devant les frappes et l’entrée des troupes russes en Ukraine, la population civile a commencé à fuir. De nombreux embouteillages ont été constatés à Kiev ainsi qu’à la frontière avec la Slovaquie, selon les témoignages de correspondants étrangers sur place.
Malgré l’annonce de Poutine selon laquelle les populations ne seraient pas visées par les opérations militaires, plusieurs habitations civiles semblent avoir été touchées. Le ministère ukrainien de l’Intérieur avançait à 10 heures le chiffre de 5 militaires tués.
The aerodrome in Kharkiv Ukraine says was hit by a Russian missile after Putin announced the special military operation in Ukraine pic.twitter.com/ZDX5P9g3Yu
— Alec Luhn (@ASLuhn) February 24, 2022
Une condamnation internationale unanime
Plusieurs chefs d’États occidentaux ont immédiatement condamné l’action de la Russie : Emmanuel Macron, Joe Biden, Olaf Scholz. En Europe centrale et orientale, cette invasion russe suscite des inquiétudes et des appels à la réaction. La présidente de la République de Moldavie, Maia Sandu, a fermement condamné l’offensive russe et annoncé qu’en tant qu’État neutre la Moldavie se tenait prête à apporter toute aide humanitaire nécessaire aux civils ukrainiens frappés par le conflit.
Dans les Pays baltes, l’état d’urgence vient d’être déclaré sur l’ensemble du territoire lituanien. L’Estonie, ainsi que la Pologne, demandent l’activation de l’article 4 de la charte de l’OTAN, impliquant des consultations en cas de menace pour la sécurité des membres de l’alliance atlantique.
L’Ukraine annonce enfin la rupture de ses relations diplomatiques avec la Russie. Kiev a par ailleurs demandé à la Turquie de fermer le détroit du Bosphore aux navires de guerre russes.
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Photo d’illustration : Ukrayinska Pravda