Une semaine après l’Allemagne, le football reprend progressivement ses droits en Europe centrale, à commencer dès ce samedi par la République tchèque et la Hongrie, deux pays relativement épargnés par la pandémie de coronavirus.
Alors que certains amateurs de football en France continuent de peiner à faire le deuil d’une fin de saison 2019-2020 arrêtée dès la fin avril, et que l’horizon pour les principaux championnats européens, en Angleterre, en Espagne et en Italie, reste encore flou et incertain, l’Europe centrale et de l’Est s’apprête, elle, à retrouver le chemin de ses stades, même si ceux-ci resteront bien évidemment fermés au public pour quelque temps encore.
Après les Iles Féroé, l’Allemagne et l’Estonie ces deux dernières semaines, cette reprise se fera, ce samedi, d’abord en Hongrie et en République tchèque, deux pays qui, comme tous les autres dans la région, et près de trois mois après l’annonce des premiers cas de contamination à la Covid-19, présentent un bilan sanitaire autrement moins dramatique qu’en Europe de l’Ouest.
Comme il l’avait déjà fait une première fois dès la mi-avril, le ministre de la Santé tchèque, Adam Vojtěch, s’est d’ailleurs de nouveau félicité, vendredi, de l’état d’une « situation sous contrôle et de son évolution sans signes négatifs notables », et ce malgré la découverte cette semaine d’un foyer de contamination dans une mine de charbon de Karviná, dans l’est du pays, à proximité de la frontière avec la Pologne, avec quelque 150 cas positifs parmi les employés de la société OKD et les membres de leurs familles.
A la veille de la première rencontre entre le FK Teplice et le Slovan Liberec, un match de milieu de tableau de la Fortuna Liga qui avait été reporté en février dernier en raison de la neige, ce foyer de contamination apparaissait comme un réel motif d’inquiétude dans l’optique de la reprise de la compétition. Le président de la région de Moravie-Silésie a laissé entendre qu’en cas de propagation du virus dans la population, il pourrait être contraint de décréter l’état d’urgence et de placer toute la ville de Karviná et ses environs en quarantaine. Une telle décision empêcherait alors le club, qui évolue en première division, de disputer les matchs à domicile comme à l’extérieur prévus dans les semaines à venir.
Le redémarrage du championnat de football, bien que forcément symbolique dans le contexte global, peut être considéré comme la confirmation d’une gestion de la crise sanitaire que de nombreux experts en Europe ont citée en exemple.
Une reprise rapide après deux mois de restrictions drastiques
Avant cela, deux tests de dépistage se sont relevés positifs cette semaine parmi les joueurs de Mladá Boleslav et du Slavia Prague, deux équipes qui, hasard du calendrier, s’affronteront mardi prochain pour ce qui constituera la véritable entrée en piste de l’ensemble des seize clubs de l’élite. Conformément aux décisions par les autorités compétentes, ces contaminations n’ont cependant pas nécessité de mise en quarantaine de l’ensemble de l’effectif, une deuxième série de tests ayant permis de reprendre un entraînement entamé par groupes restreints en respectant les distances de sécurité dès le 20 avril.
En République tchèque, des mesures de restriction drastiques, notamment en matière de liberté de circulation des personnes, ont été adoptées par le gouvernement dès la première quinzaine du mois de mars, à un moment où le nombre de cas de contamination ne s’élevait encore qu’à quelques dizaines, et le port d’une protection « quelle qu’elle soit » des voies respiratoires a été tout aussi rapidement imposé. Le redémarrage du championnat de football, bien que forcément symbolique dans ce contexte global, peut être considéré comme la confirmation d’une gestion de la crise sanitaire que de nombreux experts en Europe ont citée en exemple. Ce vendredi, à trois jours de la mise en œuvre d’une des dernières étapes du plan de déconfinement, seuls un peu plus de 300 décès du Covid-19 étaient à déplorer pour quelque 8 750 cas d’infection parmi les 10,5 millions d’habitants.
Et si les premières des onze journées de championnat restant encore à disputer (play-offs compris), se tiendront bien évidemment à huis clos, dès les 8 et 22 juin, la présence de jusqu’à respectivement 500 et 1 000 personnes devrait être autorisée dans les stades. Respectivement leader et deuxième – avec huit points d’écart – au moment de l’interruption, le Slavia Prague et le Viktoria Plzeň, les deux derniers candidats au titre de champion de République tchèque, peuvent donc espérer célébrer, en juillet prochain, leur probable succès dans autre chose qu’un authentique silence de cathédrale.
La Hongrie aussi ce week-end, puis les autres
Plus généralement, c’est l’ensemble des pays d’Europe centrale et de l’Est, à l’exception notable pour l’instant de la Russie, qui retrouvent progressivement un semblant de plaisir à l’idée de revoir le ballon rond rouler de nouveau sur les pelouses de leurs ligues d’élite. Avec la programmation des demi-finales de sa coupe nationale, marquées notamment par un derby de Budapest entre le MTK et Honvéd, et un match en retard de championnat entre le leader Ferencváros et Debrecen, la Hongrie s’y remet elle aussi ce samedi, tout comme l’Arménie plus au sud et plus à l’est.
Ce sera avant la Pologne (championnat) et l’Autriche le 29 mai (d’abord avec la finale de la coupe nationale pour cette dernière, suivie de la reprise de la Bundesliga le 2 juin), puis la Serbie (championnat), la Croatie (coupe) ou encore l’Ukraine (championnat) le 30. Autant de reprises qui, certes, se feront sans les ambiances des stades de l’Est comme certains amoureux du foot européen les apprécient tant et trahissent avant tout une nécessité économique pour beaucoup de ses acteurs, mais au moins ont-elles le mérite de marquer et d’accompagner un certain retour à la normale.