L’afflux massif de personnes fuyant les zones de guerres combiné à la rhétorique xénophobe du gouvernement Fidesz a secoué la société hongroise. De nombreuses personnes se sont mobilisées spontanément pour venir en aide aux migrants. Ils se relaient tous les jours pour leur donner de la nourriture et les orienter aux points stratégiques de leur périple hongrois : à la gare de Szeged et aux abords des gares de Budapest.
Cet élan de solidarité abondamment relayé par les médias privés – contribuant à humaniser le phénomène et à sensibiliser la population aux tragédies humaines qui se jouent en ce moment dans leur pays – n’est pas du goût de tout le monde. Depuis quelques jours, des groupes d’extrême-droite se font menaçants.
La « Nouvelle Garde Hongroise », nouvel avatar de la Magyar Garda fondée par l’actuel président du Jobbik puis bannie en 2009, a réuni environ deux cent de ses membres, samedi dans le centre de la capitale hongroise. Avec la bénédiction du parti Jobbik, et avec dans sa ligne de mire les réfugiés qui traversent le pays.
« L’argent américain est utilisé pour amener les réfugiés en Hongrie et en Europe et pas un seul gouvernement hongrois n’a lutté pour les intérêts nationaux de la Hongrie » a par exemple déclaré l’un de ses fondateur.
A Szeged, dans le sud de la Hongrie, le groupe de bénévoles Migszol rapporte plusieurs tentatives d’intimidation de la part de la Betyársereg (l’Armée des Brigands) et de groupes de skinheads. La police s’est interposée et aucune violence n’est à déplorer pour l’heure, mais la tension est bien présente.
Ce vendredi soir (10 juillet), un autre mouvement extrémiste, le HVIM, prévoit de se rassembler sur le parvis de la gare de l’Est (Keleti), à l’endroit même où se retrouvent les migrants en attendant de prendre le train qui les conduira au centre de rétention de Debrecen (Est de la Hongrie).
Le Haut commissariat des Nations Unis pour les réfugiés (HCR) dénonce dans un rapport publié cette semaine les « mauvais traitement, extorsions, attaques de groupes criminels » dont sont victimes les migrants sur ce que l’on désigne désormais comme « La route des Balkans ». Le HCR estime que 80% des demandeurs d’asile en Hongrie sont issus des zones de guerre en Syrie, en Irak et en Afghanistan. Il y a aussi des Pakistanais, des Bangladais et des Africains.
Photos : Budapest Beacon