Puisqu’il le faut, revenons sur la nouvelle Constitution signée par le chef de l’Etat hongrois il y a quelques jours.
Qualifiée pratiquement unanimement de « rétrograde » et de « liberticide » dans les médias occidentaux, la Constitution fait au minimum polémique. Pour l’heure, l’Union européenne s’est juste inquiétée de savoir si le texte est conforme aux valeurs européennes et le Premier ministre Orbán s’est dit prêt à cette évaluation. Mais il ne s’agit pas de cela aujourd’hui. Je voudrais revenir plus particulièrement sur les sujets qui fâchent à savoir les références au catholicisme historique hongrois et aux valeurs de la famille traditionnelle.
J’ai moi même qualifié cette constitution de passéiste. Expliquons-nous et pour cela appuyons-nous sur les discours de la philosophe française Chantal Delsol qualifiée par ses détracteurs de « néoconservatrice, libérale et catholique, etc. », tout un programme. Imaginons un échange probable entre l’universitaire qui connait très bien l’histoire politique et philosophique de l’Europe centrale et de la Hongrie en particulier – ses ouvrages font référence en la matière – et le chef du gouvernement hongrois, Viktor Orbán.
La thèse de l’académicienne, marquée par l’effacement du christianisme dans notre société occidentale est que, justement, une parenthèse se referme en Occident avec l’effacement des grandes religions monothéistes. C’est justement contre quoi Viktor Orbán veut lutter, contre « un relativisme qui consiste à vivre au milieu de vérités faibles, de mythes, d’histoires dont on ne sait pas si elles sont vraies ou fausses ». Cela voudrait-il signifier que les dirigeants de la Hongrie d’aujourd’hui luttent contre des moulins à vent, contre la réalité ? Une même réalité observée de deux façons différentes, une lucide et une autre qui n’accepterait pas la perte de puissance du catholicisme. Et pourtant comme l’avance Chantal Delsol ce ne serait pas « une mauvaise affaire », entendre par là revenir à la substantifique moelle du catholicisme. Viktor Orbán doit penser comme la philosophe française que « nos contemporains ne voient pas qu’ils sont en train de se couper de références…sacrées…».
C’est là justement que les divergences apparaissent dans ce que l’un et l’autre peuvent entendre dans l’idée de « références sacrées ». Pour Chantal Delsol, il s’agit de démocratie et de dignité humaine. Valeurs qui feraient justement défauts à la nouvelle Constitution hongroise et dont lui font reproche les syndicats, les partis d’opposition et la société civile générale qui se rejoignent dans leur rejet et refus du texte. L’un et l’autre voudraient « montrer l’incohérence qu’il y a à se couper des racines judéo-chrétiennes et à s’imaginer que nous allons conserver les fruits de cette histoire ». Seulement, ils n’empruntent pas les mêmes chemins. L’une accepte une certaine réalité, en tant que philosophe témoin de son époque, l’autre la refuse, pensant pouvoir en tant qu’acteur politique influencer le cours de l’histoire.
L’autre sujet dont il est généralement fait cas dans les médias, est la valorisation de la famille traditionnelle, entendez par là, la famille avec un homme et une femme et par conséquent la volonté gouvernementale de rehausser le rôle maternel. Pour cela, les grands ordonnateurs de la nouvelle Constitution n’ont pas trouver mieux que de proposer que les mères de famille aient la possibilité d’augmenter – par rapport à l’importance de leur progéniture – le nombre de leurs voix lors d’élections. Est-ce vraiment un acquis pour les femmes et par dérivé pour celles qui sont mères ? Quel est le but d’une telle proposition ? Rendre justice aux mères de famille ? Mais par rapport à quelle injustice ? Les encourager à se reproduire ? J’ignorais qu’il y avait un lien entre cette capacité somme toute banale et le sentiment de citoyenneté. Autant, je me reconnais dans la dénonciation de « l’impatience féministe » de Chantal Delsol et la nécessité de rappeler qu’égalité ne vaut rien sans respect et surtout qu’égalité « signifie qu’on ne réduit plus les femmes à se sacrifier seules à la communauté familiale, au détriment de leur propre développement » parce que « notre culture, d’origine chrétienne, décrit l’humain, homme ou femme, comme une personne » autant, je reste incrédule devant cette volonté masculine – sauf erreur, tous les rédacteurs de la Constitution sont des hommes – de continuer à vouloir réduire la femme à son rôle de génitrice. Comme quoi être du même bord, ne signifie pas pour autant penser de la même façon, heureusement d’ailleurs.
Références bibliographiques :
« L’impatience féministe », Chantal Delsol, Valeurs actuelles, 28 avril 2011
« Notre époque n’est pas vouée au nihilisme », entretien avec Chantal Delsol, La Croix, 29 avril 2011.
Le christianisme est en déclin, mais l’islam est à la hausse. Et beaucoup de français restent sans voix, devant ces enfants d’immigrés, qui ont eu la chance de bénéficier de tous les avantages qu’offre aujourd’hui la société française; mais qui s’obstinent à rester fondamentalement musulmans.
C’est le cas pour toute l’Europe… où il y a un grand nombre d’immigrés musulmans. Certains français en deviennent Boudhistes, 1 million de pratiquants déjà, à côté des 3 millions de pratiquants catholiques… et des 4 millions de pratiquants musulmans.
Les Polonais sont redevenus les champions du catholicisme… parce qu’ils n’ont, sans doute, pas trouvés mieux. C’est comme les immigrés musulmans, ils n’ont pas trouvés mieux.
Victor orbàn se réfugie dans des valeurs qui lui apparaissent en béton, comme les musulmans d’ailleurs. Il appartient aux Hongrois de ne plus attendre la »sainte parole », c’est le cas de le dire, pour faire, individuellement, comme ils en ont envie.
Le problème, c’est que si la Hongrie continue de sombrer économiquement, tout le monde sera perdant.
@nudiworld
Seriez vous en train de dire que la laïcité est en train de subir un échec? Et on ne peut même pas en discuter, de peur d’exclure, de stigmatiser? Nier les évidences ne sert pas à la démocratie et nourrit l’extrème droite. « Les français restent sans voi… » attendez donc les élections.
Concernant le rôle de l’église dans les pays de l’Europe Centrale (et non pas « pays de l’Est » comme certains disent), n’oublions pas, que cette église avait un rôle fondamental dans la lutte pour la liberté, contre le communisme et la dictature, pensez au courage, au rôle historique de Jean-Paul II et de Tökés Laszlo.
Je suis d’accord avec vous, les polonais n’ont pas trouvé mieux. Beacoup de hongrois se sont accrochés à l’église à cause de leur sentiment de détresse, dans un atmosphère d’immoralité et de corruption omni-présente.