Dans le huitième arrondissement de Budapest, associations, concerts ou expositions s’entremêlent dans un même endroit. Son nom : Auróra. Ce lieu unique et original s’est fait un nom dans la capitale hongroise.
Cet article a été publié sur la page Facebook du Budapest Kultur Lab, sur laquelle vous pouvez retrouver toutes les productions des étudiants du master 1 de l’Institut de journalisme de Bordeaux-Aquitaine (IJBA), en immersion à Budapest du 8 au 16 mai 2017. |
L’Auróra est depuis mercredi sous le coup d’une procédure de fermeture administrative, décidée par la municipalité du huitième arrondissement de Budapest. C’est pourquoi nous avons décidé d’accélérer la publication de cet article rédigé le 13 mai dernier. |
« La vie peut être difficile en Hongrie. Il y a de la pauvreté, de l’exclusion sociale. A Auróra, il y a une atmosphère positive qu’on ne trouve pas ailleurs ». De sa douce voix, Johanna ne le cache pas. Les temps sont durs à Budapest. Pour se sortir de cette morosité quotidienne, voire pesante, la jeune femme de 33 ans se rend souvent à Auróra après une journée de travail. Une échappatoire.
Unir et réunir
Arrivé dans les locaux d’Auróra, une charmante petite cour à ciel ouvert nous accueille. Un détail qui n’échappe pas à Ferenc. Ce quarantenaire vit à Budapest, mais se rend pour la première fois à Auróra. « Ce qui me frappe, c’est que tout est ouvert. Dans tous les sens du terme ».
Il y a bientôt trois ans, entre trente et cinquante bénévoles de différents groupes alternatifs décident de se réunir dans le huitième arrondissement. Avec la même envie : créer un espace politique et culturel. Après quatre mois de travaux, Auróra ouvre ses portes le 23 octobre 2014.
Aujourd’hui, neuf associations sont installées. Toutes protègent les minorités comme les Roms, les homosexuels, ou encore les travailleurs du sexe. Ensemble, elles forment la « Auróra Community » comme le dit Dániel Mayer, membre de l’association Marom Budapest qui défend la communauté juive de Budapest. Une communauté, c’est exactement ce qu’il ressort d’Auróra. Les associations sont connectées entre-elles. Avec la volonté de s’entraider. Viktor a 39 ans. Il travaille depuis deux ans à Auróra pour l’association Pneuma Szöv . Il insiste sur l’entraide présente au sein de l’établissement. « Quand nous avons besoin de matériel, de contacts, nous frappons à la porte du voisin ».
« Nous avons tous les mêmes valeurs, les mêmes idées. Et les mêmes votes ». Car Auróra dérange. La semaine dernière, l’endroit a été placardé d’affiches pro-Orbán par le Mouvement de Jeunesse des 64 Comitats (HVIM). Les graffitis au sol en témoignent. Pas de quoi refroidir les visiteurs, à l’image de Lilla : « la situation politique est difficile. Mais il ne faut pas céder à la peur ou la pression. Auróra a de bonnes vibrations ».
« Artivisime »
Auróra est un lieu qui ne dort jamais. Il y a toujours de la vie, du passage. Certains viennent y boire un verre, discuter, ou assister à des événements culturels. « En plus de l’activisime, il y a de l’artivisme », résume joliment Johanna en souriant. La culture, un domaine plus qu’important à Auróra. Une évidence même. « La culture rassemble les gens. Si tu as un projet qui correspond à la philosophie d’Auróra, alors tu peux venir ! Il faut qu’il y ait un message », s’exclame Dániel.
Vendredi 12 mai, aux alentours de 21h15. Le sous-sol d’Auróra se remplit. Le groupe hongrois Ethnofil se produit dans la petite salle de concert. Sous les voûtes en pierres apparentes, des rythmes électro et celtique s’unissent. Pour le plus grand plaisir des spectateurs, ravis. « La musique est géniale ici. On nous propose des artistes avec une vraie identité », explique László. Fanni est l’un des sept membres d’Ethnofil. C’est la seconde fois qu’elle joue à Auróra. « Ce lieu est comme notre groupe : ouvert aux autres et engagé socialement et artistiquement. Quand on y joue, on s’y sent bien ». Alors que Budapest et la Hongrie s’enfoncent dans l’autoritarisme, Auróra exprime sa liberté. L’aube d’un nouvel élan ?