Le conseil municipal du 8e arrondissement de Budapest a décidé de procéder au démontage du coffrage d’aluminium du magasin Corvin, sur Blaha Lujza tér. Ce chantier pourrait être une première étape vers la réhabilitation totale du plus célèbre « grand magasin » de Budapest.
Les conseillers du 8e arrondissement de Budapest ont voté le 19 octobre dernier une résolution visant à démonter le coffrage d’aluminium du magasin Corvin, sur Blaha Lujza tér. Prise à l’unanimité, cette décision prévoit de garantir un fonds de 22 millions de forint pour procéder au découvrement de la façade du bâtiment néo-renaissance construit par Zoltán Reiss entre 1926 et 1929. Le calendrier des travaux n’est en revanche pas encore connu.
Peu entretenu depuis sa construction, fragilisé par les combats de l’insurrection de 1956, le plus célèbre « grand magasin » de la capitale hongroise avait dû recevoir son parement métallique en 1967 pour prévenir des problèmes d’éboulement. « Depuis son inauguration, la façade n’avait jamais bénéficié d’une restauration complète, c’est pourquoi elle était parvenue à un état tel, que le problème n’était plus seulement esthétique mais beaucoup craignaient qu’un jour des morceaux de la façade tombent sur quelqu’un », rappelle l’historien de l’art Kristóf Kelecsényi, cité par Index.hu.
Si le démontage du coffrage d’aluminium semble faire consensus auprès des architectes, de nombreux experts estiment que la somme allouée par la municipalité devrait à peine suffire pour les opérations de grue, nous explique Zoltán Pándi dans un post du blog Urbanista. « A cause de la boîte de nuit Corvintető (qui se trouve sur le toit de l’immeuble, ndla), une partie des fenêtres ont été murées, ce qui signifie que nous verrons sans doute des murs de parpaing bien laids à la place des ouvertures, un peu comme sur une vieille maison que l’on bouche avant sa destruction afin que personne ne s’y installe », nous met en garde Kristóf Kelecsényi, pour qui le démontage du coffrage pourrait dans un premier temps décevoir celles et ceux qui attendent depuis longtemps le découvrement de la façade.
Pour l’historien de l’art, l’enjeu sera de mobiliser des moyens plus importants pour aboutir à une réhabilitation intégrale du monument, dont l’allure originelle rappelait l’esthétique « Belle époque » de ses grandes sœurs parisiennes et berlinoises. Malgré le volontarisme de l’arrondissement sur ce dossier, la balle est dans le camp du propriétaire des murs – Corvin Áruház Zrt. – pour des travaux de plus grande ampleur. Les spécialistes espèrent ainsi que le démontage du coffrage convaincra des bénéfices à moyen terme qu’une telle opération pourrait avoir sur son chiffre d’affaires. Contactée par Zoltán Pándi, la direction du magasin semble en tout cas favorable à de tels aménagements.
Après la destruction du siège du MTESz au printemps dernier sur la place du Parlement, Budapest perdrait encore un témoin spectaculaire de l’esthétique moderniste et brutaliste qui a caractérisé l’urbanisme soviétique dans les années 1970. Si les destructions de ces « verrues » font souvent consensus dans la population, des historiens de l’art et architectes attirent néanmoins l’attention sur la nécessité de préserver certains de ces édifices comme les vestiges de l’histoire urbaine de la capitale hongroise.