Alors que les rapports alarmants se succèdent sur les effets dramatiques du réchauffement climatique en cours, les conséquences affectent déjà gravement la République tchèque. C’est ce que déplore le rapport sur l’état de l’environnement dans le pays en 2017, un document discuté mardi par le gouvernement.
Article de Pierre Meignan publié le 21 novembre sur Radio Prague. |
Alors que c’est probablement l’enjeu majeur des décennies à venir – le journal français Le Monde faisait mardi sa une sur le « chaos climatique » qui s’annonce -, le sujet ne fait pas vraiment l’actualité dans les médias tchèques, plus préoccupés actuellement par la grave crise que traverse la coalition gouvernementale de M. Babiš, en lien avec les nouveaux rebondissements dans l’affaire dite du nid de cigognes.
Ils n’ont d’ailleurs quasiment pas parlé de ce rapport sur l’environnement. Le ministre lui-même, Richard Brabec (ANO), vice-président du gouvernement, a évoqué seulement en passant ce document lors de la conférence de presse qui a fait suite au conseil des ministres mardi, après d’autres thèmes visiblement plus importants, comme le refus du pacte de l’ONU sur les migrations ou la hausse du salaire minimum. Avec des forêts dans un état « catastrophique » et plus de la moitié des terres arables menacées par l’érosion, les conclusions du texte ne sont pourtant guère encourageantes :
« Il s’avère que, quand bien même le volume des matières polluantes émises en République tchèque, tant dans l’air que dans l’eau, continue de baisser, les conséquences du changement climatique se font de plus en plus sentir sur le territoire tchèque. Un des exemples en 2017, c’est que les conditions atmosphériques durant la période hivernale ont entraîné davantage de jours de smog et donc davantage de retombées négatives pour la pollution, principalement dans les régions autour de la Moravie-Silésie mais pas seulement. Il en ressort que, du fait de la poursuite de cette tendance, qui est probable, il y aura de plus en plus de phénomènes météorologiques extrêmes. »
« Le changement climatique affecte déjà fortement nos vies en République tchèque. Les conséquences principales sont la sécheresse, les risques de pluies torrentielles et de tempêtes de vent mais aussi l’apparition de smog en été, du fait des vagues de chaleur et de la pollution de l’air. »
Selon le rapport, deux tiers des Tchèques ont été affectés en 2017 par la pollution de l’air, laquelle serait responsable de quelque 5 700 décès prématurés dans le pays. C’est 1 300 de plus que l’année précédente. Mais la mauvaise qualité de l’air n’est pas le seul problème causé par le changement climatique. Interrogé par nos collègues de la rédaction anglaise de Radio Prague, Jiří Koželouh, de l’organisation écologiste Hnutí Duha, détaille : « Le changement climatique affecte déjà fortement nos vies en République tchèque. C’est l’enseignement principal du rapport. Les conséquences principales sont la sécheresse, les risques de pluies torrentielles et de tempêtes de vent mais aussi l’apparition de smog en été, du fait des vagues de chaleur et de la pollution de l’air. »
Le ministre de l’Environnement insiste toutefois sur les bonnes nouvelles que contiendraient le document validé par le gouvernement, et notamment le fait que la croissance de l’économie tchèque se ferait de moins en moins au détriment de l’environnement. Selon Richard Brabec, qui n’hésite pas à pointer la responsabilité des pays voisins, il faut continuer et accentuer les politiques déjà entreprises :
« Il est de plus en plus important d’accélérer des projets clefs tels que le programme d’aide au remplacement des chaudières à charbon polluantes. Il est en effet clair que sans des changements drastiques dans le chauffage domestique, nous ne pouvons pas fondamentalement améliorer la qualité de l’air. C’est évidemment la même chose dans les transports et avec la pollution transfrontalière, principalement, dans notre cas, depuis la Pologne. »
La République tchèque, qui a traîné des pieds pour ratifier l’Accord de Paris sur le climat, n’est toutefois pas un modèle non plus, comme le regrette Jiří Koželouh : « La République tchèque est malheureusement un des plus gros émetteurs d’émissions carbonées en Europe. Nous avons des émissions de l’ordre de 11 tonnes par personne par année (presque moitié plus que la moyenne européenne, ndlr). Mais si l’on compare à la situation avant la révolution de Velours en 1989, ces émissions étaient de 19 tonnes par habitant et par année. La situation est donc meilleure mais toujours très problématique en comparaison avec les objectifs fixées par l’Accord de Paris. »
Les organisations écologistes recommandent notamment de fixer un agenda pour la fermeture des centrales thermiques, qui représentent les industries les plus polluantes en Tchéquie. Ce ne semble pas être la priorité du gouvernement pour le moment.