L’alpiniste drômoise Elizabeth Revol a été secourue ce week-end dans le Nanga Parbat au terme d’une mission de sauvetage dantesque menée par quatre alpinistes polonais. Tomasz Mackiewicz, son compagnon de cordée, ne pourra en revanche pas être secouru.
Adam Bielecki, Denis Urubko. Jaroslaw Botor. Piotr Tomala. Ces quatre hommes voulaient écrire une nouvelle page de l’histoire de l’alpinisme en devenant la première expédition à gravir le K2 en hivernale. Mais l’histoire retiendra leurs noms comme ceux qui, en pleine nuit et à la lumière des frontales, se sont lancés au péril de leur vie dans le Nanga Parbat, « la montagne de la mort », pour secourir deux alpinistes en détresse.
Rafal Fronia, membre de l’expédition au K2 écrira le dimanche après le dénouement : « Nous avons réalisé que nous sommes leur seule chance. Nous sommes préparés, nous avons du matériel, nous sommes acclimatés. Et nous voulons, nous voulons et nous pouvons les aider ! C’est une course pour la vie ».
Embarqués à bord d’un hélicoptère de l’armée pakistanaise samedi au camp de base du K2 puis déposés vers 4 800 mètres dans le Nanga Parbat, Adam Bielecki et Denis Urubko ont gravi 1 200 mètres de dénivelé en à peine plus de trois heures, dans la nuit et sur une piste qu’ils n’avaient pas reconnue. Un véritable exploit, aux dires des professionnels et amateurs de la montagne.
Moment dotarcia Denisa do Eli. Niesamowite!
Denis: « Elisabeth, nice to see you. Adaaaam, I heard her. » #NangaParbat pic.twitter.com/59cZO3V4WD— dominobb (@dominobb) 28 janvier 2018
Adam et Denis ont retrouvé Elisabeth Revol à 6 000 mètres d’altitude samedi soir peu avant 22h (heure française) et l’ont assisté dans la descente jusqu’au camp de base. Un hélicoptère l’a transféré dimanche matin vers un hôpital d’Islamabad où elle est traitée pour de sévères engelures aux pieds et au mains, mais hors de danger.
En revanche, les conditions météorologiques ont exclu toute possibilité de lancer une opération pour secourir Tomasz « Tomek » Mackiewicz, coincé à 7 400 mètres, frappé de cécité des neiges.
Cette incroyable opération de secours dans l’Himalaya a tenu en haleine le monde de l’alpinisme mais aussi bien au-delà, via les réseaux sociaux. Elle a suscité une forte émotion, notamment en Pologne, où une polémique est née quant à la faible réaction des autorités françaises. « D’abord chuchotantes, les questions se posent de plus en plus fort : où sont les Français? », écrit Rafal Fronia sur le site officiel de l’expédition au K2.
L’ambassadeur de France en Pologne, Pierre Levy, a toutefois salué « le courage des 4 héros polonais partis au secours d’Elisabeth Revol et de Tomek Mackiewicz ».
Je salue le courage des 4 héros polonais partis au secours d’Elisabeth #Revol et de Tomek #Mackiewicz au #NangaParbat. Mes pensées vont á la famille et aux proches de Tomek.
— Pierre Lévy (@Amb_Francji) 28 janvier 2018
Le journaliste français Noé Michalon, membre de la famille d’Elizabeth Revol a raconté ainsi l’histoire du sauvetage dans un fil Twitter très partagé :
Je ne suis pas très expérimenté en termes de threads et je ne veux surtout pas attirer l’attention sur moi, mais aujourd’hui il s’est passé quelque chose d’assez incroyable, il faut que je vous raconte ça ⬇️ #NangaParbat
— Noé Michalon (@nmchl) 28 janvier 2018