Le réalisateur hongrois Miklós Jancsó est mort vendredi 31 janvier à l’âge de 92 ans, a fait savoir sa deuxième épouse, la réalisatrice Márta Mészáros. Peu connu du public français, il laisse pourtant derrière lui plus de 30 longs métrages et de prestigieuses récompenses internationales.
Né en 1921 à Vác, et diplômé de l’école de cinéma de Budapest (Filmművészeti Főiskola), Miklós Jancsó réalise son premier long métrage de fiction en 1958, Les cloches sont parties à Rome (A harangok Rómába mentek) après des débuts tournés vers le film documentaire.
Auteur de plus de 30 longs métrages, mais aussi de reportages et de courts, Miklós Jancsó était particulièrement fasciné par la paysannerie et le monde ouvrier, et les transformations qu’ils subissaient en Hongrie. Il se passionne très tôt pour la période communiste, l’occupation soviétique et les soulèvements populaires, et dès son premier film, en 1958, il choisit de filmer la guerre et ses conséquences dans les villages.
Peu intéressé par le succès, il disait faire des films « parce qu’il avait des choses à dire » et reconnaissait volontiers le travail de ses collaborateurs, au premier rang desquels l’écrivain Gyula Hernádi, son grand ami et l’auteur de plusieurs scénarios réalisés par Jancsó.
« Hernádi disait toujours que nous étions de parfaits jumeaux. Et c’est vrai que notre façon de penser était toujours identique. Il n’y a rien de plus à dire », confiait-il au journal Origo en 2006, suite au décès de l’écrivain.
Une œuvre hongroise
Ses documentaires et ses fictions historiques, appréciés du public hongrois, ont fait de lui un maître des reconstitutions et des films d’époque costumés, traitant des XIXe et XXe siècles en Hongrie : Rouges et Blancs (Csillagosok, katonák, 1967) qui aborde le sujet de la guerre civile russe en 1918, Ah ! ça ira (Fényes szelek, 1968) qui met face à face les lycéens d’un établissement public et de jeunes catholiques dans la Hongrie de 1947, ou Psaume rouge (Még kér a nép, titre tiré d’un poème de Sándor Petőfi), qui relate une révolte paysanne de la fin du XIXe siècle. Parmi ses succès internationaux, on compte également Agnus Dei (Égi bárány, 1971), Pour Electre (Szerelmem, Elektra, 1974), Vices privés, vertus publiques (Vizi privati, pubbliche virtù, 1975), ou encore Rhapsodie hongroise I et II (Magyar rapszódia – Allegro Barbaro, 1978).
Peu connu du public français, ses films n’étant plus distribués en France depuis la fin des années 70, il a pourtant acquis une réputation internationale et était accueilli au Festival de Cannes depuis 1966, année où il avait présenté Les Sans-Espoir (Szegénylegények). Il y obtient en 1972 le Prix de la mise en scène pour Psaume rouge. Il a également reçu à la Mostra de Venise, en 1990, un Lion d’or récompensant l’ensemble de sa carrière et a été décoré deux fois du Prix Kossuth.
Miklós Jancsó a tourné jusqu’en 2010, année de la sortie de son film sur le roi Mátyas, So Much for Justice! (Oda az igazság).
Extrait de Rouges et Blancs, 1967
Extrait de Psaume rouge, 1972