Attila Pintér, le sélectionneur nommé le 19 décembre 2013 à la tête de la sélection hongroise, se donne pour objectif la Coupe du Monde 2018 en Russie. Un véritable défi pour une équipe plus souvent soumise à la déception qu’à la gloire.
Aux oubliettes les récurrentes désillusions de l’équipe hongroise de football, oublié le cinglant 8-1, la leçon de football offerte par l’équipe des Pays-Bas, comme pour mieux montrer le gouffre qui sépare les Oranjes des Valogatott, oublié ce court instant d’espoir et de confiance durant lequel tout un pays se sentait destiné aux barrages pour le Brésil. Il aura suffi de moins d’une mi-temps aux Pays-Bas pour les enterrer sous l’herbe verte de l’Amsterdam Arena. Evidemment, les deux équipes ne boxent pas dans la même catégorie : si Szalai, malgré son expérience et ses bonnes statistiques en Bundesliga, n’est pas Van Persie, si Dzsudzsak, au talent aussi certain qu’irrégulier, n’a pas les épaules d’un Robben, il n’empêche que l’équipe de Hongrie possède en son sein des joueurs de talent qui hélas ne s’expriment que par intermittence.
Mais cette page est tournée : au revoir Sandor Egervári, après trois ans de bons et loyaux services, bienvenu Attila Pintér. Le nouveau sélectionneur en chef, ancien international hongrois de 47 ans, fraichement titré avec le club de Györ, a donc la lourde tâche de réveiller une équipe au moral au mieux dans les chaussettes, au pire dans les talons. La tâche s’annonce compliquée : si les piliers de l’équipe sauront conserver la confiance du nouveau sélectionneur, celui-ci va devoir très vite revoir les insuffisances flagrantes entrevues lors des derniers matchs de qualification. Mais si le côté technique a certes son importance, l’essentiel est ailleurs : le mental. C’est devenu une habitude pour cette équipe que cette psychose de la défaite, cette tendance lourde à flancher des guiboles dès qu’une promesse de qualification leur tend les bras. Absente d’une phase finale de Coupe du Monde depuis 1986 et d’un Championnat d’Europe depuis 1972 – une éternité –, les Hongrois se prennent à rêver d’un avenir meilleur pour leur équipe nationale. Attila Pintér, le nouveau sélectionneur, n’est pas en reste. S’il sait les difficultés qui l’attendent, il préfère positiver :
« Cela fait 27 ans que nous n’avons pas disputé une Coupe du Monde et c’est le but ultime. Le football hongrois et ses supporters méritent plus que des succès parcellaires. Je pense que le football hongrois a assez de bons joueurs pour réussir « ,
déclare-t-il ainsi au jour de sa nomination, le 19 décembre 2013.
Ces propos trahissent le sentiment d’être confronté à une tâche ardue. De succès parcellaires, de prestige, l’équipe hongroise en est capable, mais elle est aussi capable de s’effondrer quand la victoire leur tend les bras. Souvenons-nous du match nul 2-2 à domicile contre la Roumanie alors que les hongrois menaient 2-0 et qui, de facto, les privera de barrages. Mais avant la Coupe du Monde, il faut penser au Championnat d’Europe qui se déroulera en France. L’occasion peut-être pour les Hongrois d’entendre retentir à nouveau Isten, áldd meg a magyart, le préambule de l’hymne hongrois dans un tournoi de premier plan. Il faudra attendre les premières sorties de l’équipe hongroise new-look dressée par Attila Pintér pour donner du crédit à ce souhait général et ramener l’enthousiasme autour de ses joueurs. Les premières déclarations du sélectionneur semblent indiquer une volonté de s’appuyer avant tout sur les éléments évoluant dans la OTP Bank Liga, avec le soutien de l’ensemble du secteur footballistique du pays :
“Je ne pourrai pas réussir seul. Tout le monde a son rôle à jouer. La presse, les clubs, tout le monde doit positiver parce que c’est le seul moyen de réussir. »
Positiver : cela tient presque de la méthode Coué. Le tirage au sort des éliminatoires du Championnat d’Europe 2016, qui se déroulera le 23 février, sera probablement un premier mètre de jugement des réelles possibilités de l’équipe hongroise d’enfin retrouver les projecteurs des grandes compétitions. Placée dans le deuxième chapeau, l’équipe magyare pourrait bénéficier d’un tirage plutôt favorable. Encore faudra-t-il ne pas perdre de points cruciaux en cours de parcours contre des équipes plus abordables. Aura-t-on enfin le plaisir de vibrer pour les rouges verts et blancs lors d’un grand rendez-vous ? L’avenir nous le dira. Attila Pintér sait ce qu’il lui reste à faire.
Matthias Quemener